La chronique de Fred Waseige: On va où ?

Notre chroniqueur prend la plume pour évoquer un sujet qui lui tient à coeur.

Un nouveau scandale éclabousse notre sport préféré. Toute la planète foot ne parle que de ça. Un joueur a osé rappeler que le foot n’est qu’un jeu. Qu’on peut en rire. L’auteur du soi-disant délit se nomme Silas Wamangituka. Il joue à Stuttgart et a osé ramener le foot dans une cour d’école. Contre le Werder Brême, il a fait le malin avant de marquer. Il a attendu le retour du gardien avant de pousser le ballon dans le but vide. Pas nécessaire, certes.

Mais de là à présenter son « chambrage » comme un braquage. Oh, les gars !!! On inspire une bonne fois et on respire bien fort. Cool. Y a pas de blessé. Sauf peut-être l’orgueil des défenseurs de Brême. Cela dit, au moment de l’action où ils se « trouent », c’est eux-mêmes qui se ridiculisent. Alors, autant l’erreur est humaine pour ces deux-là, autant elle l’est aussi pour Wamangituka. Surtout que lui, avant sa soi-disant erreur « philosophique », a réalisé une formidable action footballistique. Un mélange de formidable instinct, de sens du but, de jusqu’au-boutisme qui l’ont poussé à croire l’improbable possible. Transformer l’énorme « gag défensif » en talent offensif, avant d’en faire une blague inoffensive.

Quel est l’intérêt d’avoir toujours les mêmes qui, à coups de juristes, d’avocats, de dribbleur fiscaux, se retrouvent dans le carré final de Ligue des Champions?

Alors les gars, si on veut parler de manque de respect, atteinte à la morale, saloperies qui pourrissent notre idéal, on va peut-être foutre la paix au pauvre Silas et parler de la vraie merde footballistique, hein. Y a de la matière! L’argent sale, la corruption, les agents, et surtout l’indécent mépris des « grands » pour le fair-play financier. Ce fameux fair-play qu’on aime porter telle une robe de mariée en sachant qu’en-dessous, certains portent un costume de croque-mort. Méfions-nous des apparences.

À ce propos, à l’initiative du politologue et sociologue du sport Jean-Michel De Waele, a eu lieu vendredi dernier une bien belle réunion de fiançailles. Les invités étaient là pour honorer une belle utopie qu’ils rêvent de voir devenir réalité. On parle pas du mariage, hein. On a parlé de comment assainir le monde du foot. Vaste et énorme projet qui en ces temps de soumission collective prend encore plus la dimension d’une quête. La quête de l’émerveillement. Celui qui fait qu’à la fin, le petit peut battre le grand. C’est quand même ça le kif du foot. Non?

Quel est l’intérêt d’avoir toujours les mêmes qui, à coups de juristes, d’avocats, de dribbleur fiscaux, se retrouvent dans le carré final de Ligue des Champions? Ce serait aussi quand même festif et formidable que l’Afrique s’invite dans l’autre carré final mythique. Celui de la Coupe du monde. Non? Qu’on interdise aux agents de décider de tout. Un peu comme les multinationales le font avec la vie de tous les jours. En Afrique et ailleurs.

Il faut arrêter avec les calendriers qui se goinfrent de droits télés. Parce qu’à la fin, ce sont les joueurs qui ont la crise de foie.

Ce qui est rassurant, c’est qu’il y a des courageux qui se posent et puis posent les questions. De celles que l’on se pose nous-mêmes. Ce qui est décourageant, c’est que les dirigeants, de clubs ou de fédérations, ne brillaient pas par leur abondante présence. Probablement que le changement, ce n’est pas pour eux. Pas trop envie. Et sûrement pas trop intérêt. Pourtant, la question du salary cap fut posée. Arrêter l’indécence des chiffres. Que la norme redevienne humaine. Il y avait des supporters qui, eux, veulent plus d’équité. Qui ont peur que leur club disparaisse. Entre autres, la faute à la Super League européenne qui arrive. La question est: ces mêmes supporters accepteraient-ils de l’argent puant pour en faire partie? Un soupçon de réponse est que les plaintes de supporters de Chelsea n’ont pas afflué quand Roman Abramovitch est arrivé. Idem à Manchester City, au PSG et tant d’autres.

Autre réflexion: arrêter avec les calendriers qui se goinfrent de droits télés. Parce qu’à la fin, ce sont les joueurs qui ont la crise de foie. Trop de matches supposent aussi trop de joueurs. Certains clubs possèdent jusqu’à 85 joueurs professionnels. Les moins bons sont prêtés à travers le monde. Très peu porteront le maillot de leur propriétaire. Pas grave, celui-ci fera une plus-value à la revente. L’exemple le plus lumineux est Monaco, qui cet été a failli se retrouver avec un noyau de septante joueurs professionnels. Sur les dix dernières saisons, Monaco affiche une moyenne de 7.753 spectateurs par match. Sûr qu’on ne joue plus au foot pour les mêmes raisons. Que dire de certains clubs belges, qui n’ont pas d’argent, mais tellement de joueurs. Les questions sont posées. Les solutions et leur application arriveront peut-être. Ou pas. À propos, on en est où avec le « Footbelgate »?

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire