© Getty images

Senne Lynen contre Casper Nielsen et Carl Hoefkens contre Karel Geraerts: comment l’Union Saint-Gilloise et le FC Bruges vivent une saison fort similaire

La saison passée, les duels entre l’Union Saint-Gilloise et le FC Bruges ont souvent rimé avec lutte pour la première place. Pratiquement toujours à l’avantage des seconds. Ce samedi, les deux équipes se retrouveront au Parc Duden pour un duel pour la troisième marche du podium. Malgré des étés bien différents, les deux clubs qui ont dominé la Pro League voici quelques mois connaissent des destins bien similaires.

Au début de l’été, personne n’imaginait que les retrouvailles entre l’Union Saint-Gilloise et le FC Bruges de ce 22 octobre se tiendraient entre deux formations comptant le même nombre de points. Révélations de la saison dernière, les Apaches, qui avaient fini par céder le titre après une défaite sur leurs terres contre les Blauw en Zwart, ont perdu leur meilleur buteur Deniz Undav, parti à la maison mère de Brighton et leur moteur au milieu, Casper Nielsen, qui a troqué la liquette jaune et bleue pour celle des champions de Belgique. Sans compter le départ de leur entraîneur à succès, Felice Mazzu, parti rejoindre le voisin anderlechtois avec certains membres du staff de la RUSG. A l’exception de son T2…

C’est d’ailleurs lui qui a enfilé pour la première fois un costume d’entraîneur principal avec deux joueurs clés en moins et une campagne européenne à gérer. Autant dire que l’on ne donnait pas cher de la peau des Saint-Gillois et que l’on ne les imaginait pas reproduire leurs performances de la saison écoulée. Pourtant, après deux mois et demi de compétition, le bilan de Karel Geraerts est aussi bon que celui de l’ère Mazzu, sauf qu’à côté de ses devoirs nationaux, l’Union réalise une campagne presque parfaite sur la scène continentale avec trois victoires et un partage en Europa League.

Il y a douze mois, après treize journées de compétition, les Bruxellois comptaient le même nombre de points mais avaient marqué deux buts de plus et en avaient encaissé trois de moins. Ils devançaient les Brugeois de deux unités. Ces derniers réussissent donc un meilleur départ dans la compétition en plus de réaliser une campagne impeccable dans la plus belle des compétitions européennes.

Malgré le départ de deux cadres, sans oublier un Kaoru Mitoma retourné à Brighton, l’Union a conservé son ossature et son animation. Les partants ont été bien remplacés par des joueurs avec des qualités un peu différentes et le noyau a été renforcé en profondeur, ce qui leur permet aujourd’hui de gérer avec un certain succès un calendrier pourtant infernal.

Plus de profondeur dans le noyau

Ainsi, devant un Anthony Moris toujours gardien du temple, le trio défensif est resté le même avec Ismaël Kandouss, Christian Burgess et l’un des chouchous du public, Siebe Van der Heyden. L’arrivée de Ross Sykes, issu des divisions inférieures anglaises, compense largement le départ de Jonas Bager vers Charleroi et les Unionistes attendent encore le retour d’un Koki Machida qui avait laissé apparaître de belles disposition dans son rôle de défenseur central gaucher. Tous ces éléments s’avèrent aussi très importants sur les phases arrêtées. Cette saison, ils comptabilisent ensemble cinq roses plantées, soit quasi 20% de l’ensemble des réalisations de leur formation.

En pointe Deniz Undav a laissé Dante Vanzeir orphelin et cela s’est ressenti lors des premières sorties. Surtout que l’ancien joueur de Genk espérait sans doute lui aussi s’offrir un joli transfert à l’étranger, ce qui ne fut pas le cas. Depuis quelques semaines, l’éphémère Diable rouge a retrouvé le chemin des filets au cours de la série de cinq victoires consécutives de ses couleurs sur la scène belge. Il trouve aussi ses marques avec un Victor Boniface, bien différent d’Undav, mais qui possède certainement plus de qualités footballistiques que le bélier allemand, qui se distinguait surtout pour sa protection de balle dos au but et la qualité de sa frappe. Le registre du Nigérian semble plus étoffé, même si en terme de statistiques, il ne rivalise pas vraiment avec 3 petits buts et deux assists. Le danger vient surtout de plus de monde qu’il y a douze mois, ce qui rend sans doute l’Union moins prévisible, même si peu d’adversaires avaient trouvé la parade à l’époque.

Une enquête de Médecins du Monde alerte sur l’exclusion sanitaire des personnes précaires

Simon Adingra, le remplaçant désigné de Mitoma, a déjà marqué quatre fois dont un but de classe mondiale pour sa première sur les prés belges du côté de Saint-Trond. Et puis, il y a Dennis Eckert Ayensa qui s’avère être une bonne doublure aussi en pointe (2 buts cette année). La saison passée, quand Alex Millan était aligné, on comprenait que les Bruxellois seraient d’office moins percutants.

Senne Lynen a repris dans son style le rôle de Casper Nielsen à l’Union. (Photo by Octavio Passos/Getty Images)

Senne Lynen a reculé dans le jeu pour endosser le costume de Casper Nielsen

Le plus grand chantier se trouvait au milieu avec la succession de Casper Nielsen. Le rôle du Danois a été confié à un Senne Lynen qui avait été titulaire lors de sept des dix premiers matches de la saison dernière, avant d’être victime d’une déchirure des ligaments du genou qui l’avait privé du reste de l’épopée de ses couleurs. A l’époque, il évoluait un peu plus haut dans le jeu aux côtés de Teddy Teuma.

« Vous n’allez pas m’entendre dire que je suis satisfait que Casper soit parti », a déclaré Lynen au quotidien néerlandophone Het Nieuwsblad. « On s’entendait bien et on avait un bon feeling. D’ailleurs, nous aurions aussi pu jouer et briller ensemble au milieu de terrain. Casper et moi sommes tous les deux des joueurs polyvalents et nous pouvons jouer un peu plus haut sur le terrain. Nous aurions absolument pu nous compléter – nous l’avons prouvé à plusieurs reprises avant ma blessure aux ligaments croisés », rappelle celui qui fut l’unique buteur des siens lors de la victoire de prestige en Europa League sur la pelouse de l’Union Berlin.

Mais pour endosser le costume de son ancien partenaire danois, le natif de Borsbeck près d’Anvers, a effectué quelques retouches. « Même si certaines de nos qualités sont similaires, comme le fait d’être calme en possession du ballon, d’avoir de grandes capacités de course et d’apporter un impulsion offensive, nous sommes cependant très différents », estime celui qui fut formé… au FC Bruges. En effet, les deux hommes n’affichent par exemple pas la même feuille de statistiques. Lors du dernier exercice, Casper Nielsen avait facturé 7 buts et 6 assists au cours des 33 rencontres qu’il avait disputées dans la phase classique. Aujourd’hui, après 13 journées de compétition, Lynen n’a donné qu’un petit assist. Mais l’important, c’est qu’il apporte sa contribution et permette à l’Union de conserver son équilibre. D’autres joueurs comme Teuma et Lazare Amani peuvent être en mesure d’apporter plus sur le plan offensif. Sur son banc, l’Union dispose aussi d’un autre joueur capable d’apporter un plus au milieu en la personne de José Rodriguez, formé au Real Madrid.

« Comment je vois mon évolution en tant que milieu de terrain défensif cette saison ? Ça se passe bien, je crois. C’est un poste très agréable, même si c’était un peu nouveau en début de saison, car je n’y avais jamais joué auparavant. Normalement, j’ai toujours joué un peu plus haut. Quoi qu’il en soit, je remarque que, semaine après semaine, je continue à progresser, donc c’est positif », pense celui qui attend avec impatience ses retrouvailles avec Nielsen. « C’est difficile à expliquer. Je vais probablement voir Casper apparaître dans ma zone plusieurs fois. Pendant le match, nous ne sommes pas amis, après, nous le serons à nouveau. C’est la même chose pour les autres : Casper était bien intégré dans le groupe. Nous sommes tous heureux pour lui qu’il réussisse si bien au Club de Bruges. Seulement contre nous, il ne devra pas être en pleine forme », affirme en riant Senne Lynen.

Casper Nielsen est déjà le monsieur muscles de l’entrejeu brugeois. (Photo by Joris Verwijst/Orange Pictures/BSR Agency/Getty Images) © belga

La saison passée, les Blauw en Zwart ont été une véritable bête noire pour les Unionistes qui n’ont pris qu’un point sur 12 contre les futurs champions de Belgique. De quoi nourrir un certain sentiment de revanche parmi les ouailles de Karel Geraerts. « Je pense que cela joue un peu plus avec nous après les événements de la saison dernière. C’est un peu une revanche, mais bon : entre-temps, nous sommes dans une nouvelle saison et les deux équipes ont acquis de nouveaux joueurs. Au final, ce ne sera pas trop mal, mais je pense que le match aura une âme supplémentaire avec les gars qui étaient aussi là la saison dernière », estime dans son interview au Nieuwsblad le milieu de terrain de la RUSG.

Casper Nielsen fait déjà partie des cadres brugeois

Au Jan Breydel stadion, Casper Nielsen s’est affirmé un maître-achat au même titre que Raphael Onyedika. Le duo de recrues estivales permet de compenser la longue blessure de Mats Rits, le déclin de Ruud Vormer et apportent plus de qualité qu’Eder Balanta. Tout profit pour un Hans Vanaken, encore plus efficace que d’habitude, même si son apport n’est pas spécialement marqué dans la zone de finition avec seulement 3 petits buts et 2 assists. C’est d’ailleurs une réalisation de moins que Nielsen.

Elle est d’ailleurs tombée pas plus tard que dimanche dernier sur la pelouse d’Anderlecht, après une offrande du Flaco de Neerpelt. « Casper est un pitbull qui sait aussi bien jouer au football. On a l’impression que lorsqu’il s’en prend à quelqu’un, 9 fois sur 10, il a aussi le ballon », explique d’ailleurs le double Soulier d’or au moment d’évoquer l’apport de son partenaire scandinave. Il n’est d’ailleurs pas étranger à la venue de Nielsen en Venise du Nord, lui qui était aussi convoité par La Gantoise cet été. « Plusieurs joueurs clés comme Simon Mignolet et Vanaken ont approché Casper avec le message qu’il devrait simplement les rejoindre cet été », raconte l’agent de l’ancien Unioniste Zouhair Essikal. « Il a suivi ce conseil, ce qui est une bonne chose puisque le Club offrait un merveilleux projet sportif, avec des minutes de jeu, une grande chance de remporter le titre et la Ligue des champions. Casper est à sa place là-bas. »

La Ligue des Champions où il a crevé l’écran lors des quatre premiers matches des siens pourrait d’ailleurs lui permettre de voir le Qatar en novembre prochain. A 28 ans, il réaliserait ainsi le plus grand rêve de sa carrière.

Carl Hoefkens, le débutant sur le banc qui a permis au FC Bruges d’enfin assouvir son rêve de 1/8e de finale en Ligue des Champions. (Photo by Diego Souto/Quality Sport Images/Getty Images)

Geraerts et Hoefkens, des débutants performants sur le petit banc

Le duel de ce samedi sera aussi celui entre deux hommes qui vivent leur première expérience dans le costume de T1 après avoir été dans l’ombre respectivement de Felice Mazzu pour Karel Geraerts et de Philippe Clement et Alfred Schreuder pour Carl Hoefkens. Quatre ans séparent les deux hommes qui se sont cotoyés comme joueurs pendant deux saisons entre 2009 et 2011 au Jan Breydel stadion.

C’est à la côte belge qu’ils ont commencé leur première expérience en-dehors des terrains. Hoefkens fut recruteur à Knokke et Geraerts, coordinateur sportif à Ostende. Après cela, le premier a rejoint les équipes d’âge brugeoises et a gravi les échelons jusqu’au rôle de guide de l’équipe première. Après avoir été conseiller sportif au Patro Maasmechelen, Geraerts a été appelé par Mazzu pour devenir son assistant au Parc Duden. Deux saisons couronnées de succès commençaient et le rôle du natif de Genk ne cessait de prendre de l’importance.

Le coronavirus est en train de redéfinir la politique mondiale

Au point qu’il fut presque naturel de lui confier la relève du désormais entraîneur (jusque quand ?) d’Anderlecht. Pour Hoefkens, le pari semblait en revanche plus risqué. Il n’avait aucune planche et les ambitions du Club Brugeois sont plus grandes avec une pression bien plus importante. Malgré cela, celui qui fut formé au Lierse a sû faire les bons choix (et certains qui étaient forts comme celui de ne pas reprendre Ruud Vormer en C1 ou de laisser sur le banc Roman Yaremchuk, le transfert le plus cher de l’histoire brugeoise) et va permettre aux champions de Belgique de passer l’hiver européen au sein de la plus prestigieuse des compétitions européennes. Un bilan inattendu, même si sa direction en rêvait secrètement.

Karel Geraerts n’attendait en revanche rien d’une Europe que l’Union n’avait plus connu depuis plus d’un demi-siècle. Là aussi, l’aventure va se poursuivre en 2023. De quoi se demander au vu de leurs parcours actuels si Geraerts n’était pas le vrai homme clé derrière la réussite de l’Union l’année dernière et non Felice Mazzu.

Karel Geraerts, la vraie tête pensante de l’Union Saint-Gilloise la saison dernière ? (Photo by MIGUEL RIOPA / AFP) (Photo by MIGUEL RIOPA/AFP via Getty Images)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire