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Permutations, centraux rapides et intervalles : la recette tactique du Genk de Wouter Vrancken

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Équipe la plus spectaculaire du début de saison, le Racing est désormais installé en tête du championnat. Analyse de la greffe réussie du système Vrancken dans le Limbourg.

Une minute trente de carrousel. De quoi donner la nausée à Westerlo, déjà chamboulé par les quatre premiers buts indigestes plantés par Genk en moins de trois quarts d’heure. Le Racing, lui, poursuit son festin avec cette séquence de 31 passes conclue par un centre déposé par Joseph Paintsil sur le front de Daniel Muñoz, arrière latéral qui finit la chorégraphie avec un costume d’attaquant de pointe. Le résumé parfait d’un Genk aux airs d’Arturo Brachetti, tant ses joueurs changent systématiquement de tenue dans le chaos organisé par Wouter Vrancken. La formule audacieuse de l’ancien maître à penser du Malinwa fait des ravages dans le Limbourg. En treize sorties, le Racing n’a perdu qu’une fois, planté 33 buts, engrangé 34 des 39 points mis en jeu et logiquement pris la tête du championnat.

Le nouveau mariage entre Vrancken et le club pour lequel il avait disputé 63 matches crampons au pied avait tout de l’idylle en puissance. Derrière les Casernes malinoises, l’ancien milieu de terrain prônait un football audacieux et rapide, fait de permutations de postes incessantes et d’espaces invariablement créés dans les zones dangereuses par les courses coordonnées de ses joueurs. Initialement disposés en 4-2-3-1, les Sang et Or se retrouvaient souvent en 2-4-4, voire en 2-3-5 au moment de prendre d’assaut le but adverse, multipliant les options offensives mais exposant également une défense posée dans le rond central pour annihiler les transitions adverses. Le spectacle est permanent, mais la facture coûteuse : le KaVé boucle la saison écoulée avec 71 buts encaissés en quarante sorties. Pas de quoi effrayer les décideurs du Racing, qui posent la juste analyse : le caillou sous les chenilles du rouleau-compresseur de Vrancken, c’est la lenteur de ses défenseurs centraux. Dans le Limbourg, Carlos Cuesta et Mark McKenzie font partie des joueurs les plus qualifiés en Belgique pour établir leur campement défensif plus proche des filets adverses que des leurs. Le risque deviendrait alors plus mesuré. L’audace, mieux récompensée.

Malgré le retour d’un Paul Onuachu qui a retrouvé le chemin des filets, le nombre de centres par match a drastiquement baissé à Genk. (Photo by JASPER JACOBS / BELGA / AFP) / Belgium OUT (Photo by JASPER JACOBS/BELGA/AFP via Getty Images)

Sécurisé à l’arrière, le système Vrancken s’apprécie d’autant plus à l’autre bout du terrain. Le début de saison, avec le très mobile Cyriel Dessers au sommet du dispositif offensif, est un festival de permutations et de combinaisons. Le départ du Belgo-Nigérian n’y change pas grand-chose, pas plus que les pertes de Theo Bongonda et Kristian Thorstvedt, le départ inattendu de Junya Ito ou la malheureuse blessure de Luca Oyen. Les idées bleues continuent à malmener les défenses, désorientées par les appels opposés à répétition et les combinaisons travaillées à toute allure. Genk cherche à s’installer entre le milieu et la ligne arrière de son adversaire, pour ensuite donner des ballons qui perforent l’organisation. Même avec le retour dans le onze de Paul Onuachu, meilleur dunkeur du championnat, le nombre de centres par match a drastiquement chuté, passant de 17,96 la saison dernière à 10,83 par match depuis le début du nouvel exercice. Le Racing a changé de circuit, circulant désormais dans les zones intermédiaires aux abords de la surface pour, ensuite, attaquer la profondeur et rechercher un face-à-face ou un centre en retrait. Une formule dans laquelle ils sont plusieurs à pouvoir servir d’arc, de flèche et de cible : Mike Trésor affiche déjà cinq buts et huit passes décisives, Joseph Paintsil est inarrêtable et facture cinq buts et quatre assists en seulement neuf apparitions, et même Bryan Heynen n’est pas en reste avec cinq buts et deux passes décisives.

La symphonie semble hermétique aux fausses notes. Pourtant, Wouter Vrancken a déjà dû s’adapter, quand Paul Onuachu a progressivement repris le rôle initialement dévolu à Cyriel Dessers. La transition s’est faite sans heurts, même si la blessure de Joseph Paintsil a ralenti la fluidité du passage de témoin. Après tout, Vrancken n’avait-il pas débarqué sur les pelouses de D1A avec Igor De Camargo à la pointe de son KaVé ?

Menace permanente pour les centraux adverses, le Soulier d’or est pourtant beaucoup moins utilisé dans son rôle de tourelle que l’an passé. Tout juste sa présence sert-elle de frein aux envies des défenseurs de jouer trop près de leurs filets. D’abord spectateur des permutations permanentes des trois milieux offensifs, accompagnés par un Bryan Heynen qui se retrouve souvent aux côtés d’Onuachu quand Bilal El Khanouss décroche pour faire parler son toucher de balle soyeux dans le dos du milieu adverse, Big Paul se mêle progressivement au mouvement, se retrouvant parfois côté droit pour offrir une position plus proche de la zone de finition à Joseph Paintsil. Dos au jeu, le Nigérian reste une équation insoluble pour la plupart de ceux qui s’y frottent et, si certains mouvements le rendent moins dangereux, ils augmentent le risque pour l’adversaire de concéder une occasion. Avec une moyenne de 2,45 expected goals créés par match, le Racing est l’une des machines à occases les mieux réglées d’Europe. Au point d’oublier qu’elle en concède encore trop. Quoi de plus normal, après tout, quand une séquence de 31 passes se termine par un coup de tête de l’arrière droit à six mètres de la ligne de but adverse ?

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