Parcours, projet à long terme, philosophie de jeu: trois choses à savoir sur Robin Veldman, l’entraîneur intérimaire d’Anderlecht

L’entraîneur néerlandais a été promu le temps d’un intérim à la tête de l’équipe première du RSCA. Mais qui est-il vraiment. Tentative de réponse en trois questions.

L’ère post-Mazzu a commencé avec un partage peu glorieux (2-2) concédé au Lotto Park contre les modestes roumains du FCSB. Ce n’était pas vraiment le résultat escompté pour la formation la plus titrée du pays qui n’aura pas d’autres choix que de s’imposer en déplacement à Silkeborg jeudi prochain, afin d’assurer son avenir européen au début de l’année 2023.

Ce duel de Conference League était aussi la première sur le banc d’un certain Robin Veldman. Ce Néerlandais était en charge des RSCA Futures, en Challenger Pro League, avant d’être promu cette semaine à la tête de l’équipe première, le temps d’un intérim qui doit laisser le temps aux dirigeants anderlechtois de trouver le successeur idéal de Felice Mazzu. Mais que doit-on savoir sur le nouveau T1 mauve ?

Quel est le parcours de Robin Veldman ?

Le Néerlandais de 36 ans est un homme qui a tracé sa voie dans le milieu du football professionnel sans y avoir été joueur. Il n’est pas non plus un joueur qui s’est reconverti très jeune après une blessure, comme ce fut le cas de Julian Nagelsmann, contraint de ranger les crampons à 20 ans en raison d’un ménisque récalcitrant. Veldman est un homme de bord terrain, même si la traduction de son nom aurait dû le placer au coeur du jeu. Il se voyait devenir professeur de gymnastique, mais il est finalement devenu un formateur dans le football. Un formateur qui s’est…formé tout seul.

A 17 ans, il devient stagiaire au SC Heerenveen et, à peine deux ans plus tard, on lui confie la responsabilité d’une équipe d’âge du club frison. Robin Veldman va encadrer des joueurs entre les catégories U13 et U19 et sera même analyste vidéo de l’équipe première lors de la saison 2008-2009 (à 23 ans donc), une époque où Trond Sollied (ancien coach de La Gantoise, du FC Bruges, de Lokeren et du Lierse) était habillé du costume d’entraîneur principal. Après onze années passées à Heerenveen, il répondra aux sirènes du grand Ajax, séduit par les qualités de ce jeune formateur au profil légèrement différent.

Comment est-il arrivé à Anderlecht ?

Robin Veldman est arrivé l’été dernier à Saint-Guidon et a reçu pour mission de préparer au mieux pour l’équipe première, les membres des U23, qui n’évoluaient pas encore en Challenger Pro League. A l’Ajax, le jeune formateur s’occupait des U16. Mais après quatre ans de bons et loyaux services, il a senti que ses perspectives d’évolution étaient bouchées dans un club qui a pour tradition de nommer d’anciens joueurs à des postes importants de son organigramme.

Anderlecht, qui cherche à remplacer Craig Bellamy promu assistant de Vincent Kompany, flaire le bon coup et lui propose un projet à long terme. Le T1 bruxellois de l’époque aurait d’ailleurs insisté pour qu’il rejoigne le centre de formation de Neerpede. La vision développée par Vince the Prince a collé avec les aspirations et les idées de Robin Veldman. Séduit, ce dernier décide de quitter Amsterdam où on le regrette malgré tout, car certains au sein du club voyaient en lui l’un d’un entraîneurs néerlandais de sa génération avec le plus de potentiel.

Lors d’une bonne conversation avec Vincent Kompany et Peter Verbeke, j’ai immédiatement vu que notre vision et notre enthousiasme sont identiques. Je suis vraiment impatient de commencer à préparer la prochaine génération de jeunes que les supporters d’Anderlecht aiment tant« , expliquait-il lors de sa présentation à Neerpede.

Anderlecht semble en tout cas compter sur lui dans les prochaines années et il acceptera de retourner, dans l’ombre, dans l’antichambre de l’élite une fois qu’un nouvel entraîneur principal sera nommé. Il n’est pas question de brûler les étapes, quitte à devoir le perdre trop vite à un moment comme ce fut le cas pour un certain Nicolas Frutos. On peut d’ailleurs se poser la question de la gestion du cas Veldman si d’aventure, le Héron argentin revenait à nouveau dans le club de son coeur en compagnie d’un Hernan Losada dont le nom a circulé comme possible successeur de Mazzu ? Frutos acceptera-t-il encore de se faire griller la politesse comme T1 ? Robin Veldman acceptera-t-il encore de patienter dans l’ombre ou décidera-t-il d’offrir ses services à une formation souhaitant lui confier les clés de son équipe première ? On en est pas encore là.

(Photo by Rene Nijhuis/Orange Pictures/BSR Agency/Getty Images)

Surtout que l’homme doit encore décrocher sa licence UEFA Pro, normalement nécessaire pour entraîner en Jupiler Pro League, alors qu’elle n’est pas nécessaire à l’échelon inférieur. En l’alignant comme T1 ce week-end, le club le plus titré du Royaume s’expose à des sanctions. Pour les éviter, Veldman a introduit une demande pour commencer les cours lui permettant de décrocher cette license, dès le mois de mars. Le Néerlandais y retrouvera peut-être un certain Steven Defour qui doit aussi régulariser sa situation.

Quelle est sa philosophie de jeu et son style de management ?

« Je suis plus proche de la philosophie de Vincent Kompany que de celle de Felice Mazzu ». Sans le vouloir, mais avec cette franchise souvent caractéristique des Néerlandais, Robin Veldman a adressé un tacle bien senti à son président Wouter Vandenhaute, qui avait fait le choix de renoncer au projet à long terme de l’ancien Diable rouge pour forcer la voie du succès en plaçant à la barre de son navire mauve l’ancien technicien à succès de l’Union Saint-Gilloise.

Robin Veldman a grandi dans ses fonctions en procédant par essais, tout en acceptant le risque d’erreurs. Il a la volonté de placer les joueurs au coeur de son projet comme il le sous-entendait notamment en affirmant vouloir rendre le sourire à certains après sa prise de fonction. Le Néerlandais aime impliquer ses éléments, discuter avec eux, comprendre leurs besoins afin de les faire progresser le plus possible.

S’il ne se dit pas proche de Mazzu, il évoluait cependant souvent avec une défense à trois chez les RSCA Futures. Son projet tactique avec cette équipe devrait se poursuivre chez les grands puisque plusieurs joueurs comme Julien Duranville, Lucas Stassin, Moussa N’Diaye et Theo Leoni ont fait le grand saut ces dernières semaines. Invaincu au cours des huit premières journées en Challenger Pro League, les U23, de Robin Veldman ont subi deux revers lors de leurs deux dernières sorties. Parviendra-t-il à appliquer ses idées au sein d’un noyau avec plus d’éléments expérimentés et moins maléables ? Il semble en tout cas prêt à faire preuve de flexibilité sur le plan tactique. Privé de Zeno Debast et d’Hannes Delcroix, Veldman est revenu à une arrière-garde composée de quatre hommes contre le FCSB, avec N’Diaye à gauche et Michael Murillo à droite pour entourer l’axe central formé par les deux défenseurs expérimentés que son Jan Vertonghen et Wesley Hoedt.

Au milieu, Amadou Diawara et Kristian Arnstad évoluaient à la récupération, laissant le soin à Francis Amuzu, Yari Verschaeren et Lior Refaelov d’alimenter Fabio Silva. Si les Bruxellois ont eu la possession du cuir (58%), ils ont cependant été dominés au niveau des tirs (12 contre 14 et 2 contre 5 sur les envois cadrés). Anderlecht a bénéficié du double de coups de coin de son adversaire, qui en a cependant profité pour marquer. Un aspect du jeu qui posait déjà problème sous Mazzu et pour lequel le nouveau T1 ad interim essaiera de trouver des solutions.

Dans l’antichambre de l’élite, Veldman alignait ses « Futures » en 3-4-3 ou 3-5-2. Mais son équipe avait plus souvent le pied sur le ballon que ce n’était le cas pour la première sous Mazzu. Sur les 10 rencontres disputées en Challenger Pro League, les jeunes pousses bruxelloises ont monopolisé le cuir 56,4% du temps, là où l’équipe première l’a fait 52,9% en Jupiler Pro League. Il n’y a que contre le Lierse que les U23 de Veldman n’ont pas eu plus souvent le ballon que leur adversaire.

Sur les quatre derniers matches, le RSCA Futures affichait même une possession supérieure à 60%. L’ambition de Robin Veldman sera-t-elle que son équipe maîtrise mieux la possession et soit plus efficace devant les buts. Chez les U23, le nombre moyen de buts marqués est de 1,8 et de 1,4 pour ceux concédés. Mais le contexte au sein de l’équipe première sera bien différent.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire