Des erreurs de Genk à la séduction mauve : comment Mazzù réussit son nouveau pari

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Arrivé avec des critiques sur son style éloigné des habitudes de la maison, Felice Mazzù est en train de conquérir les cœurs anderlechtois. Une victoire dans le derby face à l’Union confirmerait la tendance d’un début d’idylle presque parfait.

Il n’y avait que des doutes, ou presque. La faute, en grande partie, à une expérience manquée à Genk qui faisait penser que la marche des grands clubs était trop élevée pour lui. Pourtant, pour son retour dans un Parc Duden qu’il avait fait vibrer une dernière fois il y a quatre mois avec une ultime victoire contre « son » Anderlecht, Felice Mazzù a déjà eu le temps de mettre une bonne partie du public mauve dans sa poche. La preuve par les chants à sa gloire, descendus des travées du Lotto Park dans la foulée d’une qualification au forceps face aux Young Boys.

Les questions du printemps sont déjà, en grande partie, transformées en soulagement. On disait le Carolo allergique aux jeunes joueurs, bien trop réticent à leur donner une chance, mais les produits made in Neerpede sont de plus en plus nombreux à fouler la pelouse depuis le coup d’envoi de la saison. Lancés par Vincent Kompany, confirmés par Mazzù, les Noah Sadiki ou Mario Stroeykens se sont ajoutés à une liste déjà fournie par Yari Verschaeren, Francis Amuzu, Marco Kana, Hannes Delcroix ou Zeno Debast. Ce n’est probablement pas un hasard si Felice avait insisté pour emmener dans ses nouvelles valises bruxelloises l’adjoint Samba Diawara, rompu au travail avec les jeunes joueurs et tout proche de prendre la direction technique des promesses zébrées avant d’être contacté par le Sporting mauve. Le contraste avec son staff à Genk est gigantesque. Là, emmener ses hommes de confiance était impossible. Cette fois, le banc mauve est plus fourni en hommes de Mazzù qu’en têtes connues de la maison. C’est ce qu’on appelle retenir la leçon.

Anderlecht’s Fabio Silva and Anderlecht head coach Felice Mazzu pictured during a training session of Belgian soccer team RSC Anderlecht, Wednesday 24 August 2022 in Brussels. Tomorrow RSCA will play Swiss club BSC Young Boys in the return game of the play-offs for the UEFA Conference League competition. BELGA PHOTO VIRGINIE LEFOUR (Photo by VIRGINIE LEFOUR / BELGA MAG / Belga via AFP) (Photo by VIRGINIE LEFOUR/BELGA MAG/AFP via Getty Images) © belga

En bousculant le championnat à la tête de ces Unionistes qu’il s’apprête à retrouver, le coach hennuyer a de nouveau fait confiance à son impertinence. Celle qu’il avait inhibée à Genk, pour se fondre dans le moule de champion de Belgique laissé vacant par Philippe Clement. Trop respectueux des plans de son prédécesseur, Felice n’avait alors pas osé poser immédiatement sa griffe sur l’équipe. Là aussi, le passé a servi à ne pas reproduire les mêmes erreurs. Dès ses premières séances dans la capitale, le nouveau coach a imposé son système de jeu à trois défenseurs, malgré plusieurs voix sceptiques sur la compatibilité du groupe avec ce plan de jeu. Huit matches plus tard, Debast est mieux protégé défensivement, Wesley Hoedt a moins de largeur à couvrir, Verschaeren a retrouvé le costume axial qu’il préfère et Amuzu explose dans un couloir à partir duquel il peut faire parler plus souvent son jeu en mouvement.

Mazzù a mis ses ingrédients à la recette mauve. Pour l’élaboration de la possession, qui n’a jamais été l’aspect le plus saillant de ses aventures zébrées puis unionistes, il peut compter sur les bases solides installées trois saisons durant par Vincent Kompany. Restait à y ajouter ses marques de fabrique, du danger sur phase arrêtée à la justesse des reconversions, en passant évidemment par les fondations défensives qui ont bâti sa réputation de coach à retroviseurs. Le but des Bernois au Lotto Park était seulement le troisième concédé par les Mauves cette saison, en déjà huit sorties officielles. Une statistique accueillie sans critique par le public, pourtant initialement craintif à l’heure de voir débarquer un coach aux standards de jeu éloignés des lignes de conduite stylistiques de la maison.

À l’heure actuelle, Felice Mazzù a plus changé Anderlecht que le Sporting n’a changé Felice Mazzù. La clé de ses débuts réussis est probablement là.

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