Bart Aerts

Corruption dans le football belges: les mains ne sont pas instantanément propres après avoir négocié avec la Justice

En rachetant votre dette, vous ne vous nettoyez pas immédiatement les mains, pense Bart Aerts, rédacteur en chef.

Le jour même où les Diables rouges jouent le match de la dernière chance à la Coupe du monde au Qatar, l’on apprend dans le quotidien Het Laatste Nieuws que le parquet fédéral a conclu un accord avec neuf dirigeants de clubs et un entraîneur dans l’affaire de fraude footballistique qui a secoué la Belgique. En échange d’un aveu de culpabilité et d’une (lourde) amende, ils ne devront pas se présenter devant la justice.

C’est du… propre. Maintenir pendant des mois et des mois que vous êtes innocent jusqu’à preuve du contraire. Et maintenant, soudainement,et injustement, envoyer le message suivant au monde : « oui, j’ai triché, mais ce procès n’est pas pour moi. » Acheter votre culpabilité signifie en fait que vous ne voulez pas vraiment en répondre et que vous voulez juste continuer à vivre et à travailler tranquillement.

Ainsi, Bart Verhaeghe, notamment, pourra poursuivre son travail de président du FC Bruges et ne sera qu’à peine affecté par le règlement de cette amende. Le procureur fédéral ne mentionnera ni les montants ni les noms des personnes concernées par ces aveux. Le porte-parole confirme cependant que 10 suspects dans l' »Opération mains propres » ont conclu un accord. Selon Het Laatste Nieuws, Patrick Janssens (ancien directeur général du KRC Genk) est l’une des personnes impliquées, ainsi que de nombreux grands noms du monde du football belge.

Juste avant le coup d’envoi de la Coupe du monde, c’est Erwin Lemmens qui, en tant qu’ancien entraîneur des gardiens des Diables rouges, a pu s’exonérer d’éventuelles poursuites judiciaires. En échange d’un sac d’argent, il a été autorisé à prendre son sac de sport et à embarquer dans l’avion jusqu’au Qatar avec l’équipe nationale. Il a été autorisé à supprimer le mot « ancien » de son titre d’entraineur des gardiens. En tant que suspect dans « l’Opération Mains Propres », il a été suspendu pendant un certain temps, jusqu’à ce qu’il soit le premier à pouvoir régler ses démêlés judiciaires à l’amiable. « Lemmens à la Coupe du monde les mains propres », a écrit un journal néerlandophone en gros caractères.

Eh bien, si ses gants de gardien de but sont immaculés, ce n’est pas le cas de ses mains qu’il ne peut ainsi laver ainsi en toute innocence. Parce que lorsque vous choisissez un tel schéma pour éviter un litige, vous choisissez également d’éviter la catharsis du litige. De toute façon, il n’y a pas de véritable point final, même si les 11 défendeurs actuels de l’affaire, qui ont racheté leur culpabilité, le souhaiteraient.

Faut-il alors couvrir à vie, de goudron et de plumes, les personnes impliquées dans cette affaire peu recommandable ? Bien sûr que non. Mais nous pouvons sûrement prendre un moment pour réfléchir à ce qui s’est passé. Car les accusations ne sont pas minces. La faux en écriture se répètent encore et encore. Pour s’enrichir et, dans le cas de Lemmens, pour être payé de manière douteuse par la Fédération de football. L’Association Royale Belge de Football (RBFA) souhaite donc naturellement que le rideau tombe le plus rapidement possible sur l' »Opérations Mains Propres. »

La falsification est un délit pour lequel vous risquez de cinq à quinze ans de prison. La justice ne rit généralement pas avec ce type d’infractions. Elles impliquent l’intention frauduleuse d’obtenir un avantage indu pour soi-même ou pour autrui. Il s’agit ni plus ni moins que de falsifier la vérité.

Il est certain que plusieurs suspects s’en tirent maintenant à bon compte. Mais les sources de l’enquête sont catégoriques : « Tous les suspects ne s’en sortiront pas, il y aura certainement un autre procès dans l' »Opération Mains Propres ». Une évaluation individuelle suivra pour tous ceux qui chercheront à conclure un règlement à l’amiable. Si les charges sont trop lourdes, un accord sera tout bonnement impossible. En fin de compte, la Chambre des mises en accusation doit également évaluer si ce type d’arrangement est correct ou non. En général, il s’agit d’une formalité.

Il est toujours interpellant de constater à quel point le football se pense au-dessus du reste de la société. Oui, il est vrai aussi que dans d’autres secteurs des défendeurs ont également conclu des accords dans des affaires de fraude. Mais comme l’a récemment souligné l’avocat Kris Luyckx dans Sport/Foot Magazine : « Dans d’autres secteurs, les directeurs ou les propriétaires impliqués dans une enquête judiciaire se retirent s’ils sont toujours actifs. Cela n’arrive pas dans le football aujourd’hui ».

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Depuis le Qatar, où Kris Luyckx assistera ce soir au match Croatie-Belgique, l’avocat de Dejan Veljkovic, pris de remords, a répondu ceci : « Mon client ne souhaite pas commenter les cas individuels, mais il est heureux que ces règlements à l’amiable montrent qu’il n’est pas le seul responsable du système de corruption qui existe dans le football belge depuis des années. En tant qu’agent, il ne pouvait participer à ce carrousel illégal qu’en raison de l’implication directe des clubs, des dirigeants et des entraîneurs qui, souvent, profitaient eux-mêmes financièrement de ces malversations en matière de transfert de joueurs ou de commissions ».

Le compteur s’élève maintenant à 11 des 56 personnes et 1 société soupçonnées dans le cadre de l' »Opération Mains Propres ». Peut-être qu’en 2023, un bon nombre d’entre eux devront encore répondre de leur rôle devant un tribunal.

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