Avec Raphael Onyedika, Bruges a enfin un numéro 6

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

La signature du puissant milieu nigérian met un terme à de longues années de bricolage autour du poste, entre défense à trois, transferts imparfaits et défenseurs correcteurs.

Combien de millions êtes-vous prêts à débourser pour abréger une quête si longue qu’elle semble par moments ne pas avoir de fin ?

Bart Verhaeghe et Vincent Mannaert ont répondu à cette question en passant par la table de multiplications, attirant Raphael Onyedika pour une somme rarement atteinte sur le sol belge. Loin des montants évoqués au moment où le Club s’est renseigné pour rapatrier Sander Berge en Jupiler Pro League, mais tout de même suffisamment pour enchérir plus haut que le Milan AC, éconduit par les Danois de Midtjylland au sujet de leur milieu de terrain nigérian.

Si Bruges n’a pas eu peur de passer par les grands moyens, c’est parce que la question du bouclier de la défense est une épine plantée de longue date dans le pied des Blauw en Zwart. Déjà en 2017, lorsqu’il succède à Michel Preud’homme, c’est l’absence de milieu défensif au rayonnement physique suffisant et à l’attitude adéquate sans ballon – Timmy Simons est alors en fin de parcours – qui sert d’argument majeur à Ivan Leko pour installer une défense à trois, depuis devenue courante au stade Jan Breydel. Par la suite, il y aura surtout des tentatives pour colmater les brèches. Sofyan Amrabat est puissant mais irrégulier et pas toujours discipliné sans ballon, Mats Rits assure le rôle comme il le peut mais est surtout venu pour remplacer un Ruud Vormer progressivement sur le déclin. Bruges confiera encore le costume de shérif au musculeux Eder Balanta, probablement son meilleur interprète dans les grands rendez-vous. Le physique fragile du Colombien, ainsi que son âge avançant, incitent le Club à assurer ses arrières en misant quatre millions sur le potentiel d’Owen Otasowie. Le pari est actuellement un échec, et amène le champion à rapatrier Dennis Odoi pour panser les plaies axiales dans la course au titre l’hiver dernier.

Hugo Cuypers et La Gantoise se sont déjà frottés au puissant Raphael Onyedika lors d’une joute amicale estivale contre son désormais ancien club du FC Midtjylland.

Malgré les doutes, Bruges n’a pas cessé d’empiler les titres. Sans doute parce que faute d’avoir un bouclier suffisant pour protéger sa ligne défensive, le club-phare de la Venise du Nord a toujours assuré ses arrières. Les errances autour du rond central ont été largement compensés aux abords de la surface, en grande partie par la pointe de vitesse de Clinton Mata, généralement accompagné par un défenseur central sprinteur : Odilon Kossounou d’abord, Stanley Nsoki ensuite. Des correcteurs de profondeur, bien vite accompagnés par un Simon Mignolet qui multiplie les arrêts déterminants depuis son retour en Pro League, capables de compenser ensemble l’absence d’un véritable 6 de métier, mais forçant le Club à parfois bricoler pour éviter de s’exposer démesurément dans une zone-clé.

Pour retrouver la sérénité dans le dos d’Hans Vanaken, mais aussi pouvoir envisager à nouveau une défense à quatre, les Brugeois avaient donc besoin de leur Sander Berge, dernier numéro 6 dominant à avoir pesé sur une course au titre. Après avoir sondé l’original, c’est un autre profil athlétique, râtisseur horizontal et vertical avec un volume d’actions très large sans le ballon et un passing simple mais propre avec, qu’ils ont attiré sur leur Basecamp. Raphael Onyedika débarque avec un CV encore clairsemé, logique vu son jeune âge, mais déjà fourni des caractéristiques de l’étouffeur d’idées adverses autour du rond central. Tout cela valait bien un beau paquet de millions.

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