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Jumelle, promesse au grand-père et espoir de City: qui est vraiment Taylor Harwood-Bellis?

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

La vie de Taylor Harwood-Bellis renseigne quelques belles histoires de famille. À la découverte d’un défenseur central que City a parqué à Bruxelles non pas pour le mettre en vitrine, mais pour en faire à terme un pion de son équipe A.

Elle s’appelle Rebecca pour le service population. Un prénom peu courant chez nous, mais pour une fillette née en Angleterre il y a un peu moins de vingt ans, c’était dans la norme. Bref, le grand public là-bas la connaît plutôt sous l’appellation Bex. Et sur son compte Twitter, elle se rebaptise Becky.

Quel est le rapport? Cette Rebecca a un jumeau célèbre. Taylor. Harwood-Bellis. La fille a choisi le basket de haut niveau, elle a été internationale anglaise dans les catégories d’âge. Le gamin fait du foot et a choisi d’exploser à Anderlecht, où il est en transit depuis cet été. Lui aussi a un long passé en sélections: U16, U17, U19, U20, aujourd’hui Espoir. Et un paquet de matches avec le brassard de capitaine – notamment à l’EURO U17 il y a deux ans. Avant de venir chez nous, Taylor a évoqué sa relation avec sa frangine dans le Manchester Evening News: « Elle n’a pas confiance en elle, c’est tout le contraire de moi. Avant ses matches, je dois la rassurer, lui rappeler qu’elle est internationale, qu’il y a des raisons à ça, et alors elle se persuade qu’elle a le niveau. Elle fait l’inverse, elle me conseille de me calmer un peu, de ne pas être trop confiant. »

Sa soeur jumelle est internationale en basket.

« Wow, ce gars a un truc »

La famille Harwood-Bellis a le sport dans la peau. Taylor a vu le jour et grandi à Stockport, dans la banlieue de Manchester. Phil Foden est originaire du même quartier. La légende du tennis Fred Perry venait aussi de là. Son père travaille pour le club de cette ville, Stockport County. Son oncle en est devenu le président après quarante ans de collaboration dans différentes fonctions. Et puis il y a le destin particulier du grand-père de Taylor. Alors que, dans la famille, on est fan à la fois de Stockport et de Manchester City, le papy n’a jamais voulu cumuler. Pour lui, c’étaient les Blues, point à la ligne. Un pur et dur. Il assistait à tous les matches à domicile, il prenait son vélo pour aller à l’ancien stade. La maladie l’a finalement emporté. À ce moment-là, il a énoncé deux dernières volontés. Être incinéré avec, sur le torse, la vareuse de City. Et voir son petit-fils en équipe première.

« Avant de mourir, il m’a dit: Fais-le pour City« , a expliqué Taylor Harwood-Bellis. La fin de vie du grand-père a coïncidé avec les grands débuts du boy. Il en a fait le récit dans la presse anglaise, c’est touchant. Durant l’été 2019, il est étonné d’être repris par Pep Guardiola pour une tournée en Chine. Il a seulement 17 ans, et il est monté précédemment dans le noyau des U23 parce qu’il y avait plusieurs blessés. Au moment où il apprend qu’il va partir en Asie avec plusieurs cadres qui ont été ses idoles, son grand-père décède. Le dernier entraînement avant le départ a lieu au même moment que les funérailles. Il est tiraillé. Brosser le training ou la cérémonie? Il a peur de laisser filer le train s’il donne la priorité à sa famille. Il en parle à Guardiola, qui lui dit qu’il ne doit surtout pas rater l’enterrement de son papy. Il accompagne donc les stars en Chine, et au retour, le coach espagnol lâche: « Wow, ce gars a un truc. »

« On montre pourquoi on a une académie »

À 19 ans, le défenseur central qui joue pratiquement tout avec les Mauves a déjà trois trophées à son palmarès. Un titre de champion d’Angleterre avec les U23 de City et deux League Cups avec les pros. Sans avoir eu évidemment beaucoup de temps de jeu, mais suffisamment pour que ça compte. Il n’a pas encore goûté à la Premier League, simplement à cette Coupe de la Ligue, un peu à la FA Cup et un tout petit peu à la Ligue des Champions. Entre-temps, il a fait un prêt d’une demi-saison, très réussi, à Blackburn Rovers, en Championship.

Ce club aurait voulu prolonger la location pour cette saison. Taylor Harwood-Bellis n’était pas contre cette solution. La direction de City non plus. Ça se discutait. Jusqu’au jour où Vincent Kompany est entré dans le jeu. Il savait que ce joueur était considéré comme une plus belles promesses de son ancien club. Il lui a passé un coup de fil, pour lui expliquer les plans d’Anderlecht et le convaincre d’y venir l’espace d’une saison. Diplomate, Harwood-Bellis lâche que « si tu ne connais pas Anderlecht, tu n’es pas un vrai passionné de foot. » Et puis, il a toujours eu une attirance naturelle pour Kompany: mêmes couleurs, même poste sur la pelouse. Il est donc chez nous pour une saison. Mais pas avec le même statut que Philippe Sandler et Lukas Nmecha, deux autres joueurs que City avait parqués à Bruxelles. Eux étaient dans le championnat belge en vitrine, City voulait qu’ils se montrent pour être ensuite vendus.

Rien de tout cela avec Harwood-Bellis: la direction de Manchester souhaite qu’il prenne du temps de jeu ici pour s’installer ensuite dans son équipe première. Dans le portrait qui lui est dédié sur le site officiel du club, on lit ceci: « Un défenseur puissant, doté d’une excellente maîtrise du ballon ». Dès qu’il a fait ses débuts en équipe A, Guardiola a signalé que Taylor Harwood-Bellis devait être une option pour City sur le long terme. Ce jour-là, le joueur avait composé la défense centrale avec un autre jeunot, Eric García. À eux deux, ils totalisaient 35 ans. « On montre pourquoi on a une académie », avait lancé le Pep. « Ces jeux joueurs sont capitaines de leur sélection d’âge, je ne me suis pas posé de questions au moment de faire mon équipe. » García est aujourd’hui au Barça et repris en équipe d’Espagne. Harwood-Bellis, lui, a vu son contrat prolongé et il est lié à City jusqu’en 2024.

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