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Jordan Torunarigha : la bonne pioche du mercato gantois

Prêté à Gand par le Hertha Berlin lors des derniers jours du mercato, Jordan Torunarigha n’a pas tardé à faire l’unanimité au sein de la défense, avec notamment une grosse prestation à Bruges pour son premier match. Retour sur le parcours d’un joueur que le championnat belge n’aurait normalement pas pu se permettre d’attirer.

Comment un international espoir allemand encore présent avec la Mannschaft aux JO cet été est-il amené à découvrir la Jupiler Pro League ? Pourquoi le Hertha Berlin, en pleine opération maintien, a-t-il laissé partir en prêt un de ses défenseurs les plus influents ? Derrière ces deux équations, se cache une seule inconnue : elle a pour nom Jordan Torunarigha, la nouvelle recrue gantoise. Loin de se poser ces questions, Hein Vanhezebrocuck se réjouit de récupérer un profil plus qu’intéressant pour sa défense à trois. Robuste, bon à la relance, gaucher, Torunarigha a les qualités pour aller loin. C’est du moins ce qu’on lui promettait.

Stoppé dans sa progression

Lorsqu’il effectue à 19 ans ses grands débuts en Bundesliga, lors de la saison 2016-2017, le gaillard a déjà quelques références puisqu’il collectionne les sélections avec les équipes allemandes de jeunes, catégorie d’âge après catégorie d’âge. Au fur et à mesure de son affirmation dans la défense du Hertha Berlin, il continue de se frayer un chemin avec la génération ’97 au sein des U21 nationaux aux côtés de Mahmoud Dahoud (Dortmund), Lukas Klostermann (Leipzig), Florian Neuhaus (Mönchengladbach) ou Benjamin Henrichs (Leverkusen). Torunarigha est même de l’aventure aux JO de Tokyo cet été. Stephen Kuntz, son ancien entraîneur en U21, l’inclut dans la délégation olympique et lui fait disputer la moitié du temps de jeu en phase de poules, où s’arrête la Mannschaft.

Vous vous en doutez, il y a un « mais ». Son compère en défense au Hertha, un certain Dedryck Boyata qu’il considère comme son grand-frère, en connaît un rayon sur les blessures après avoir évolué pendant sept ans avec Vincent Kompany. A seulement 24 ans, Torunarigha possède un casier médical qui n’a plus grand-chose à envier à celui du Prince. Et ce, dès le début de sa carrière : « Quand j’avais seize ans, j’ai subi une grave blessure. Malheureusement, l’opération ne s’est pas déroulée parfaitement et il était même incertain que je puisse rejouer au football. Heureusement, j’ai pu revenir, mais ce n’était pas facile » raconte-t-il au Nieuwsblad. S’en suivent des soucis à la hanche, au ligament syndesmotique, à la cheville, au talon d’Achille, à la cuisse, au mollet et surtout une blessure aux ischios qui lui a fait rater une bonne partie du début de la saison actuelle.

Jordan Torunarigha, lors des JO avec la sélection allemande.
Jordan Torunarigha, lors des JO avec la sélection allemande.© belga

Redevenu titulaire lors des derniers matchs avant la trêve, le joueur a toutefois besoin de changer d’air : « À Berlin, on est rapidement jugé sans que les gens connaissent toute l’histoire. Tout le monde voulait me parler, à la fin je n’avais presque plus la paix. Avec Gand, j’ai trouvé le club idéal pour pouvoir me concentrer uniquement sur le football ». Avec cette première expérience à l’étranger, Torunarigha sort de sa zone d’inconfort après quinze ans passés à Berlin et plus de 70 matchs de Bundesliga. Chez les Buffalos, il doit suivre l’exemple de Niklas Dorsch, lui aussi un ancien espoir allemand déniché au FC Heidenheim qui s’était relancé malgré des divergences avec Vanhaezebrocuk pour être vendu sept millions à Augsboug l’été passé.

Fragile mais précieux

Ironie du sort, la décision du Hertha de laisser partir en prêt son défenseur pourrait bien coûter au club sa place en Bundesliga. Malgré sa fragilité, Torunarigha renforçait la défense quand il était sur le terrain : lors de ses six titularisations cette saison, le Hertha n’a perdu qu’à une seule reprise, en encaissant 1,5 buts par match. Sans lui, les 18 matchs disputés ont accouché de douze défaites et d’une moyenne de 2,5 buts concédés.

Pire encore, quatre des cinq défenseurs centraux du noyau sont actuellement blessés. Dedryck Boyata, le seul central disponible, revient lui tout juste d’une blessure à la cheville. C’est ainsi que samedi dernier contre Freiburg, quand le défenseur des U21 Linus Gechter s’est blessé à l’heure de jeu, il a fallu faire monter Cimo Röcker, joueur de l’équipe réserve qui disputait à 28 ans ses toutes premières minutes en Bundesliga. Sans surprise, cela s’est soldé par une défaite 3-0, dans la lignée du 1-6 encaissé la semaine d’avant face à Leipzig. Actuellement seizième et barragiste, le club doit absolument se ressaisir pour éviter le pire. Mais ne prenez pas les dirigeants du Hertha pour des jambons, ils n’ont pas un inclus d’option d’achat dans le prêt de Torunarigha. Reste à savoir si ça sera pour les rejoindre en première ou en deuxième division.

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