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Indispensable

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Gand ne peut pas se passer de Laurent Depoitre. Après une moindre passe, le Hennuyer a retrouvé tout son punch. Du coup, les Buffalos peuvent à nouveau rêver des sommets.

Qu’est-ce qui clochait chez Laurent Depoitre depuis quelques semaines ? Le Hennuyer de 27 ans est le pivot le plus puissant du championnat. Il est plus rapide au démarrage que des avants de poche tels que Moses Simon ou Brecht Dejaegere et il est aussi le premier de la classe en détente. Une fois lancé, il est très difficile à arrêter. Un alliage rare de puissance et d’explosivité, de rage de vaincre et de maîtrise du ballon.

J’ai besoin d’un peu de pression et de stress. Plus le match est important, mieux je suis. Pourvu que ça continue en CL.  » (Humo, 15 septembre 2015)

De septembre à décembre, Gand et surtout Depoitre ont confirmé qu’ils pouvaient tenir leur rang en Ligue des Champions. Lyon, le Zenit et Valence ont découvert l’avant-centre, qui s’engage de tout son coeur dans les duels, travaille et plonge de tous côtés pour libérer des espaces dans l’axe au profit des médians.

Des Buffalos euphoriques ont terminé deuxièmes de leur groupe et affronté le VfL Wolfsburg en huitièmes de finale. Contre le Zenit, Depoitre a personnifié la forme de Gand en se jouant de Nicolas Lombaerts et en délivrant de la tête la passe qui a permis à Moses Simon de marquer.

Hein Vanhaezebrouck ne l’a ménagé qu’à OHL. Du banc, Depoitre a vu sa doublure, Kalifa Coulibaly, marquer, mais il s’est blessé à la cheville pendant sa brève entrée au jeu de seize minutes. Une infiltration lui a permis de jouer contre Valence début novembre mais les dégâts étaient plus importants qu’il n’y paraissait. Ça ne l’a pas empêché d’achever la première partie de la saison avec un sentiment positif.

Les premières failles sont apparues à la mi-février, après la double défaite contre le Club, en Coupe puis en championnat régulier. Depoitre a souffert des ischiojambiers, ce qui l’a empêché de s’entraîner alors qu’il en a justement besoin. En même temps, le moteur de Gand s’est enrayé. Le régime de deux matches par semaine a laissé des traces. Le champion ne s’en est pas plaint et a tenté de préparer son avant, avec un programme adapté.

Un transfert, un nouveau contrat ou l’équipe nationale ne vont pas me faire perdre la tête. Chaque chose en son temps. Gand a une réputation. Nous parlons tranquillement, je réflechis.  » (L’Equipe, 9 decembre 2015)

Fin février, Depoitre s’est déchiré l’insertion des abdominaux. Le club a sciemment peu parlé de l’affaire en public afin de ne pas entamer la confiance de Coulibaly ni de mettre certains joueurs en exergue, puisqu’il mise toujours sur le collectif. Néanmoins, Depoitre n’a pu s’entraîner avec le groupe pendant six semaines.

Il a été rétabli à temps pour le premier match des PO1 contre Zulte Waregem mais a été plutôt pâle. Une contracture s’est ajoutée à ses maux. Le panzer n’a été à nouveau jeté dans l’arène qu’à la quatrième journée, contre Anderlecht, suite à la blessure de Kalifa Coulibaly, qui est moins endurant. Depoitre ne s’était entraîné collectivement que deux fois. Il a marqué son premier but de la tête contre Genk, sur une passe de Thomas Matton, au terme d’une superbe attaque collective, et il a forcé un penalty. Il semble avoir surmonté son passage à vide.

Depoitre était ultra motivé à l’entame des PO1, la vitrine idéale pour un éventuel transfert (le jackpot, à son âge) et ses chances (maigres) de qualification pour l’EURO. Objectifs : reconduire le titre tout en s’illustrant personnellement. Depoitre n’a plus discuté depuis octobre avec le manager général Michel Louwagie, qui l’avait transféré de l’anonymat ostendais. Depuis, les négociations sont au point mort car Gand refuse, par principe, de dépasser un plafond salarial annuel de 750.000 euros, hors primes.

Louwagie ne veut pas lui offrir de salaire de plus d’un million, comme Anderlecht le fait avec ses cadres, car ça grèverait le budget du club. Mais il n’a pas proposé, non plus, la moindre augmentation à son attaquant-vedette, alors qu’il a amélioré le contrat de Sven Kums, Danijel Milicevic et Matz Sels. Il en avait bel et bien l’intention mais le joueur n’a pas accepté la première offre. Depoitre n’est resté que deux ans à Alost et à Ostende. Serait-ce un indice ?

Une aventure a l’étranger m’intéresse. J’aimerais jouer pour un club d’un championnat plus coté. Pour être franc, la Premier League convient bien à mon style de jeu mais la Bundesliga m’attire aussi. Je ne ferme aucune porte. Je vis au jour le jour.  » (L’Equipe, 9 decembre 2015)

Walter Mortelmans, le manager de Depoitre avec Thomas Troch, n’a réagi qu’avant le match à domicile contre le VfL Wolfsburg, quand la presse a dénombré 14 scouts anglais dans la tribune.  » C’est un match très important « , a-t-il déclaré brièvement, sachant que les Anglais venaient également visionner des jeunes talents comme Julian Draxler (22 ans) et Maximilian Arnold (21 ans). ISM, le bureau de management pour lequel les deux hommes travaillent, a des contacts mais voit plus loin que le terme des play-offs. Il envisage un transfert en juillet ou en août, en fonction du classement de Gand et des transferts qui seront effectués. Depoitre, lié à Gand jusqu’en 2017, se trouve donc dans une position avantageuse. Il est quasiment incontournable chez les Buffalos et l’entraîneur, Hein Vanhaezebrouck l’a métamorphosé. Un fameux dilemme en perspective.

LE BULLETIN

Saison 2014/15

Championnat régulier

27 Matches (2429 minutes) 12 Goals 0 Assist

PO1

6 Matches (453 minutes) 1 Goal 0 Assist

Saison 2015/16

Championnat régulier

27 Matches (2.227 minutes) 12 Goals 2 Assists

PO1

4 Matches (330 minutes) 1 Goal 0 Assist

Ligue des Champions

7 Matches (620 minutes) 1 Goal 0 Assist

Par Frederic Vanheule

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