Pierre Danvoye

Faut-il confisquer les comptes Twitter des footballeurs ?

Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Aujourd’hui, un joueur de foot qui n’a pas son compte Twitter n’est pas un vrai joueur de foot.

On observe un paradoxe dans le football d’aujourd’hui. La communication des joueurs est de plus en plus contrôlée par les clubs, en tout cas dans le cadre du stade et du centre d’entraînement. Les demandes d’interview doivent presque toujours passer par un attaché de presse et, dans certains cas, les clubs demandent une lecture de l’interview avant sa publication. Le but est évident: éviter les dérapages. On comprend donc mal qu’ils n’imposent pas de limites à leurs joueurs dès qu’il est question de Twitter et d’autres réseaux sociaux. Cela se fait parfois lors de tournois d’équipes nationales mais c’est rarement le cas dans le club. En plus, Twitter a ce défaut qu’il permet d’agir dans l’émotion : un coup de blues, et on envoie une centaine de signes parfois salés. Quitte à s’en mordre les doigts par la suite.

Romelu Lukaku, pourtant réputé pour avoir la tête sur ses larges épaules, a été victime du phénomène ce week-end. Convaincu d’être injustement traité par la presse belge, il l’a tacklée via quelques tweets bien sentis. Il faisait notamment remarquer que ses prestations avec Everton étaient mieux considérées par les médias anglais. En quelques minutes, l’affaire a pris de l’ampleur, sur Twitter et Internet en général. Ce qui a poussé Lukaku, vraisemblablement conseillé dans l’urgence, à présenter ses excuses. Beaucoup de foin pour rien, finalement, mais le joueur n’a pas marqué des points sur ce coup-là.

Le plus simple serait peut-être de brider les footballeurs, de les empêcher de s’exprimer dans l’immédiateté. Surtout que leurs millions de tweets qui circulent chaque jour à travers le monde sont rarement dignes d’intérêt ! Lukaku n’a pas dérapé aussi gravement qu’un Djibril Cissé en 2011 quand il avait visé des supporters de la Lazio (« Vous les connards qui aimez parler, vous allez bientôt regretter vos paroles, bande d’idiots. ») ou un André-Pierre Gignac en 2012 (quand il avait fait allusion au retour de la chaise électrique suite à la fusillade de Toulouse), mais on le préfère quand il bute comme samedi que quand il pianote comme le lendemain…

Pierre Danvoye

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