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Euro 2022 de football féminin : pourquoi ce quart est pour les Red Flames (vidéos)

Aurelie Herman
Aurelie Herman Journaliste pour Sport/Foot Magazine

Malgré une cote de pronostic nettement en notre défaveur, on a envie de se dire qu’on s’amuse trop pour voir les Red Flames plier bagages dès samedi matin. Petite liste des éléments qui nous poussent à croire en l’exploit des Belges face à la Suède ce vendredi.

Parce qu’elles n’ont a rien à perdre : Chelsea, PSG, Atlético, Juventus, Wolfsburg, Arsenal, Barcelone. Non, ce n’est pas la liste des clubs dont votre cousin footix prétend être super fan. C’est une liste non-exhaustive des équipes où évoluent les internationales suédoises. Des joueuses qui ont claqué une troisième place au Mondial 2019 et une médaille d’argent aux JO de Tokyo l’an dernier. Des perfs qui posent leurs femmes. Et qui rappellent que même si on se fait « éparpiller », pour reprendre le terme de nos confrères de SoFoot, eh bien, ça ne sera que normal.

Alors si notre sort est déjà scellé, autant s’amuser et tout donner pour ne rien regretter. Tessa Wullaert, elle, l’a affirmé à Het Laatste Nieuws, « Je ne ressens aucun stress par rapport à ce match : on n’a rien à perdre, mais on joue pour gagner. » Du TW9 dans le texte. Ah si on pouvait en avoir plus, des comme ça…

Parce qu’elles devaient déjà se faire détruire par la France : troisième mondiale, l’Équipe de France, avec ses Lyonnaises et ses Parisiennes, était censée nous coller une ribambelle de buts. Au final, on le sait, il n’en fut rien (défaite honorable, 2-1). Grâce notamment à une Nicky Evrard des grands soirs (comme souvent dans ce tournoi), une Wendie Renard maladroite et un esprit de corps qui n’a jamais faibli au sein des rangs noir-jaune-rouge, malgré une fatigue qui tiraillait les muscles. Pareil contre l’Italie, même si le curseur était un peu moins élevé chez nos adversaires de ce lundi. Alors si on l’a fait contre les Bleues et le Squadra, pourquoi pas contre les Suédoises ?

Parce que la Suède n’a pas impressionné : d’autant plus que ces Suédoises, justement, n’ont pas écrasé leurs adversaires jusqu’à présent. Si le nul (1-1) contre les Pays-Bas paraît logique, la rencontre face à la Suisse (victoire 2-1) a montré les limites d’une équipe qui peine parfois à trouver la faille. Non, même en dépit de leur noyau 100% professionnel, les Scandinaves n’ont pas forcément impressionné en poules, si ce n’est contre un Portugal repêché à la faveur de l’invasion de l’Ukraine par la Russie (5-0).

Et si les Flames refaisaient le « coup » de France-Belgique, mais en se montrant cette fois plus incisives (ou décisives, c’est selon…) devant ? Pourquoi ne pas imaginer la Belgique s’offrir le scalp du pays de Magdalena Eriksson et Fridolina Rolfö ?

Parce que la Suède se voit déjà en demi-finales : « Jackpot ». C’est le terme employé dans les médias suédois au moment de savoir que c’est bien la Belgique et ses neuf joueuses pros sur 23 qui seraient le prochain adversaire de leur sélection. Sur le site web du quotidien local Aftonbladet, on se marre gentiment du boulot hors-foot de la gardienne Nicky Evrard, qui dirige une société de location de châteaux gonflables : « Elle loue des châteaux gonflables et maintenant, elle veut arrêter la Suède », titrent nos confrères… « Elles vont gagner et mettre trois ou quatre buts ! Perdre serait un vrai fiasco », indique même Johan Kücükaslan à la RTBF, lui qui suit l’EURO pour la télévision publique SVT.

Bref, côté suédois, on est déjà en train de potasser les dossiers anglais, soit le prochain adversaire du vainqueur de ce soir, sans craindre l’ombre d’un instant une mauvaise surprise belge. OK…

Parce que la Suède sera déforcée : il n’y a pas qu’au Tour de France que le covid fait des dégâts. Au sein du noyau suédois, on recense déjà deux cas positifs (la latérale droite Hanna Glas et la défenseuse Emma Kullberg). Ajoutez à ça Jonna Andersson, cas suspect, cela fait quand même du monde. Le sélectionneur Peter Gerhardsson s’est refusé à tout commentaire sur leur état de santé, ainsi que sur celui de la légende Caroline Seger, 232 sélections au compteur et taulière de l’équipe. Touchée au talon, la joueuse n’était pas de la partie pour le troisième match contre le Portugal. Côté Flames, chez les titulaires potentielles, seule Laura De Neve pourrait louper le match, en délicatesse avec sa cuisse. On notera que l’Anderlechtoise n’était déjà pas sur le pré contre l’Italie…

Parce que ces Red Flames ont « un truc » : en amont du tournoi, on n’y croyait pas, on l’avoue bien volontiers. Préparation peu convaincante, première mi-temps du même acabit contre l’Islande, on se disait que ça n’allait pas le faire. Mais voilà, les Red Flames nous ont sacrément rabattu notre caquet. En faisant preuve d’une solidarité, d’une ténacité et d’une maturité dignes d’une équipe européenne qui a les crocs. Cette ambition qui pousse aujourd’hui les joueuses à refuser de se dire que le tournoi est d’office terminé ce soir. Qui se disent, peut-être, que quelque chose est écrit. Qu’il y a eu ce raté de Renard, ces pénos arrêtés par Evrard, ce poteau contre l’Italie, cette montée en puissance collective. Trop de choses pour se dire que l’exploit est impossible.

Comme le disait Hannah Eurlings dans nos pages en février dernier, il ne faut avoir peur de personne car en face, il n’y a que des femmes qui ont deux jambes. Certes, dans ce cas-ci, elles évoluent dans les meilleurs clubs étrangers là où les Belges jouent majoritairement dans un championnat toujours à la recherche de la voie vers le professionnalisme. Mais qu’importe pour cette bande de potes qui ne rêve que d’une chose : prolonger cet esprit de colonie de vacances qui règne à Wigan. Une sorte de stage de langue en plus cool, où l’épreuve écrite se fait sur des pages d’histoire.

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