Jacques Sys

Et la valse des entraîneurs reprend

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Les entraîneurs tombent vite de leur piédestal. En début de saison, on complimentait Philippe Montanier pour la manière dont il dirigeait le Standard.

Il ne prêtait pas attention aux noms, mais uniquement aux prestations, et développait un football rapide et frais. On l’annonçait: avec lui, le Standard allait redevenir un volcan en éruption et mieux encore, il était même un temps considéré comme un concurrent du Club Bruges pour le titre. Le Standard, entendait-on et lisait-on partout, avait bien fait d’engager le Français, qui apportait une plus-value à bien des niveaux. Aujourd’hui, après une quatrième défaite d’affilée, le voilà dehors. Il ne reste plus trace de toutes ces louanges.

En début de saison, on chantait encore les louanges de Philippe Montanier.

On juge les coaches sur base des résultats récents, sans tenir compte de leur cadre global. Par exemple, on ne peut pas oublier que le Standard possède un noyau étriqué ni qu’il manque de force de frappe devant, bien que le club ait investi douze millions en trois ans dans ce compartiment. Un entraîneur ne détient pas toutes les clés, comme la gestion des transferts. Ainsi, que n’a-t-on pas entendu au sujet de Paul Clement, le T1 du Cercle, en début de saison? Son football offensif avait dissipé la grisaille qui entourait le voisin du Club depuis des années, il développait un jeu franc et convenait parfaitement à cette équipe, par son calme et sa modestie. Actuellement, une série de joueurs ne sont plus en forme et la position de l’Anglais s’affaiblit, même si le Cercle donne l’impression de resserrer les rangs.

L’Antwerp est à la croisée des chemins, étant donné qu’ Ivan Leko va rejoindre un club chinois. On peut être surpris que l’Antwerp ne s’y oppose pas. Parce qu’il ne veut pas priver Leko de la chance de gagner beaucoup d’argent? Ou parce qu’il ne considère finalement pas qu’il convient au club? Avant sa victoire 0-3 à Waasland-Beveren, il restait sur quelques moins bons matches et les critiques commençaient à pleuvoir. L’Antwerp dispose d’un noyau étoffé et de beaucoup de qualités. Le président Paul Gheysens déborde d’ambition. Mais l’Antwerp a également un vestiaire difficile. Ivan Leko l’a bien géré. À sa manière. Il est têtu et ne tolère aucune ingérence. Y compris quand on a fait remarquer qu’il faisait fort peu tourner son équipe, alors qu’il possédait un large noyau et que beaucoup de très bons footballeurs végétaient sur le banc. Leko suit sa voie. Comme il l’a fait au Club Bruges.

Ce même Club Bruges a enrôlé Bas Dost, l’avant-centre qu’il cherchait depuis un certain temps. Le Néerlandais a le profil recherché: ce n’est pas à proprement parler un footballeur raffiné, loin s’en faut, mais c’est un joueur qui pèse dans le rectangle, un débrouillard, très présent physiquement. Âgé de 31 ans, Dost a sans doute dépassé son zénith. Il n’était plus titulaire à l’Eintracht Francfort, mais on ne peut comparer la Bundesliga à la Jupiler Pro League. Dost doit vraiment être en mesure d’apporter un plus au Club, comme Noa Lang le fait grâce à sa vitesse et à sa mobilité. Le jeune homme est un diamant brut dépourvu d’égoïsme. Comme Charles De Ketelaere. Reste à voir comment Philippe Clement va remanier son équipe et son entrejeu, puisque ce dernier va reculer d’un cran. C’est justifié, car De Ketelaere n’est pas un véritable attaquant. Il va beaucoup trop au ballon pour cela. Un entraîneur n’a jamais assez de possibilités pour varier son jeu. Il y a quelques semaines, Clement cherchait encore comment aménager son puzzle. Il reçoit maintenant un joker. Et le Club semble redevenir le candidat absolu au titre, celui qu’il était avant même le début de la compétition.

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