Speaking of the Devils | Julie Biesmans : « Les Belges sont trop modestes, on doit se dire que les Diables vont gagner »

Aurelie Herman
Aurelie Herman Journaliste pour Sport/Foot Magazine

Quatre mois après le quart de finale historique des Red Flames à l’EURO 2022, c’est au tour des Diables rouges de porter haut les couleurs belges sur la scène internationale. À quelques heures d’un Mondial qui risque d’en dire beaucoup sur l’avenir de la sélection masculine, la parole est aux Flames, pour évoquer leurs Diables de référence. Aujourd’hui, Julie Biesmans, la métronome de la sélection féminine.

Évacuons directement la question vraiment très pénible à laquelle on a dû répondre auprès de tous nos potes pour qui le football ne signifie pas grand-chose. Que pense Julie Biesmans, une joueuse que l’on dit intelligente, consciente de ce qu’il se passe en dehors du foot, de ce Mondial 2022 qui se vautre chaque jour un peu plus dans l’inhumain et le ridicule ? « Je vais regarder les matches des Diables et la finale, les essentiels on va dire. Ce qui ne signifie pas du tout que je cautionne quoi que ce soit », affirme celle qui est l’ambassadrice de Plan International, une ONG qui vient en aide aux femmes du monde entier. « Je pense que j’ai le même sentiment que pas mal de supporters. Je me demande comment c’est possible que ça se passe comme ça, mais si je n’allume pas ma télé, ça va changer quoi ? » Voilà qui est fait.

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Lorsqu’on discute de la milieu défensive du PSV avec ceux qui l’ont côtoyée, il ne faut pas longtemps avant que le nom d’Axel Witsel ne s’invite. Et pour cause : même passé au Standard, même position, même calme, même sens du placement et du tempo, il y a comme une ressemblance entre la native de Bilzen et le médian des Diables rouges.

Même importance dans l’équilibre de l’équipe aussi ? Si elle refuse de s’accorder un rôle aussi primordial, la Limbourgeoise confirme celle du numéro 6 diabolique dans le squad de Roberto Martínez. « On a besoin de ces gars comme Kevin De Bruyne, qui réalisent des trucs incroyables, mais aussi d’autres qui gèrent le rythme, la position de tout le monde et travaillent pour les autres. Qui comme lui, coachent et organisent vraiment le jeu », explique-t-elle.

Essayer Axel Witsel en défense ?Avec une préparation réduite une semaine, on va manquer de temps pour de tels essais, à mon avis…

Julie Biesmans

Un rôle éloigné des spotlights qui n’a pas toujours été celui d’Axel au cours d’une carrière menée entre Lisbonne et Tianjin. « Ça me fait un peu penser au parcours d’Aline Zeler, qui a reculé au fur et à mesure que sa carrière avançait, jusqu’à évoluer en défense », compare Julie. « Je pense que c’est un peu lié à l’expérience qu’on acquiert avec le temps. Contrôler le jeu, cela vient avec le bagage que l’on emmagasine. »

Vieillir pour mieux reculer

Et si, comme Zeler, Witsel terminait sa carrière internationale dans le trio arrière, précisément là où l’a replacé Diego Simeone à l’Atlético de Madrid ? Pour Biesmans, qui elle-même sait alterner entre la ligne médiane et la défense, c’est plutôt non… « Avec une préparation réduite une semaine, on va manquer de temps pour de tels essais, à mon avis. Et je pense que Martínez préfère quand même le placer un cran plus haut. Il est trop important au milieu… d’où il peut soulager la défense, au final », ajoute celle qui se verrait bien en taulière d’un trio défensif aux côtés des jeunes Amber Tysiak et Sari Kees chez les Red Flames.

Sari Kees (à gauche) et Julie Biesmans. Les deux joueuses ne feraient pas tache dans un trio défensif. (Photo by Catherine Ivill/Getty Images)

Ce rôle dans l’ombre correspond assez bien à la personnalité de Julie Biesmans, une femme de 28 ans qui ne vit pas pour se retrouver dans la lumière. Ce qui ne l’empêche pas de voir grand pour des Diables pourtant loin de susciter autant d’enthousiasme qu’il y a quatre ans… « Nous, les Belges, on est parfois trop modestes, donc c’est le moment de se dire qu’on va gagner », se marre l’internationale, qui vient de fêter sa 100e cap. « Même si ça va être dur, on ne va pas s’en cacher. On voit bien qu’ils ne sont plus à leur meilleur niveau, mais une Coupe du monde, tu dois toujours y aller pour gagner. Surtout si tu représentes la Belgique. Tout est possible dans ce genre de tournoi. C’était la même chose pour nous à l’EURO ! Il y a trois matches à jouer pour commencer, c’est le « plus difficile » si on peut dire, même si ça se corse après. Mais à partir de là, tout se joue sur nonante minutes. Alors… »

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Sentir les espaces comme Hans Vanaken

En octobre dernier, Cécile De Gernier osait une comparaison entre Biesmans et Hans Vanaken « pour leur sens de l’infiltration ». Si la ressemblance est sans doute moins marquée qu’avec Justine Vanhaevermaet, il y a bel et bien un peu du Brugeois chez Biesje. « C’est vrai que quand je suis positionnée un peu plus haut qu’en 6, comme lui, je sens bien les espaces, je sais où courir, où glisser le ballon », dit-elle. « Il joue simple, ce n’est peut-être pas aussi flamboyant que Kevin De Bruyne, qui sait quelle passe offrir en un éclair même quand il est dos au but, mais n’empêche que c’est efficace aussi. Peut-être qu’on peut dire que Vanaken, c’est un peu un Witsel en plus offensif, mais qui n’a pas la vision laser de KDB ? »

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Plus loin dans notre entretien, Biesmans sort sa plus belle plaidoirie pour défendre le double Soulier d’Or. « Beaucoup de gens disent qu’il est lent, qu’il ralentit le jeu. Je ne comprends pas trop pourquoi on lui reproche ça. Il donne cette impression, mais c’est faux ! En fait, si je devais le comparer avec les Flames, je dirais qu’il ressemble à Tine De Caigny. Elle aussi donne parfois cette impression de jouer lent, d’être lente, mais elle sait jouer le coup rapidement et court vite. Sans oublier que Vanaken est régulièrement à la base des actions décisives du Club Bruges. »

Tout ce qu’on espère maintenant pour Hans, c’est que comme la grande attaquante de Hoffenheim face à l’Italie à l’EURO 2022, ce soit lui qui claque le but validant la qualification des Diables rouges pour le tour suivant.

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