Nicolas Raskin avait-il sa place dans la présélection des Diables rouges et est-il vraiment plus fort qu’un Bryan Heynen ?

Nicolas Raskin ne fait pas partie de la présélection de 55 joueurs pour la Coupe du monde au Qatar. Auteur d’un gros début de saison, son absence a suscité un certain émoi du côté liégeois. Mais Raskin méritait-il sa place dans un secteur du jeu plutôt riche chez les Diables ? Nous avons déjà comparé ses statistiques à celles d’un autre milieu performant de Pro League qui figure parmi les 55 « heureux » élus: Bryan Heynen.

La rengaine est connue depuis de nombreux mois et nous nous y étions déjà intéressés sur notre site. Les Anderlechtois sont-ils favorisés par Roberto Martinez ? La dernière sélection (et les titularisations) d’un Zeno Debast, seulement titulaire depuis une petite dizaine de rencontres au RSCA, a fait jaser dans les chaumières, surtout liégeoises, où le mythe du « grand complot » orchestré depuis la capitale reste vivace.

Le même raisonnement a été appliqué à Arnaud Bodart et Nicolas Raskin, deux Rouches performants de ce début d’exercice, mais qui ne figurent pas dans la présélection de Roberto Martinez. Le gardien poursuit la grande tradition familiale commencée par son oncle Gilbert, qui se plaignait souvent que ses rivaux anderlechtois et brugeois, Filip De Wilde et Dany Verlinden, avaient la préséance sur lui dans l’ombre de l’incontestable Michel Preud’homme. Et contrairement à son neveu, il avait plus de raisons objectives de contester cette hiérarchie.

Aujourd’hui, le numéro 1 Thibaut Courtois est encore plus incontestable et son ombre semble désormais acquise à un Simon Mignolet qui, après avoir été contesté pour ce rôle les deux dernières années, a remis les choses au point en signant des Playoffs 1 monstrueux avant d’enchaîner une campagne de groupe de Ligue des Champions à cinq clean sheet et une prestation XXL sur la pelouse de l’Atlético Madrid.

Matz Sels et Koen Casteels, réguliers mais sans déchaîner les mêmes passions que Big Si’, se disputent les troisième et quatrième rangs. Le psychodrame liégeois concerne donc une cinquième place dans la hiérarchie, désormais occupée par un très fébrile Hendrik Van Crombrugge, qui aura eu le mérite d’être décisif lors de deux matches à enjeu d’Anderlecht: contre les Youngs Boys Berne et contre Silkeborg.

On peut logiquement imaginer que le choix se soit porté sur un élément moins talentueux mais éventuellement content de jouer les bouche-trous pour une éventuelle troisième place en cas de forfaits. Et malgré sept clean sheets, comme Jean Butez, qui en font incontestablement l’un des meilleurs gardiens de cette saison de Pro League, Arnaud Bodart n’est-il déjà pas barré chez les espoirs par Maarten Vandevoordt ? La hiérarchie contestable aurait donc une certaine forme de logique, du moins pour ce poste.

Raskin oublié juste pour sa couleur ?

Il est évidemment logique de questionner les choix d’un sélectionneur qui a repris 8 Anderlechtois (et pour certains on peut se demander s’ils font bien partie des 5 meilleurs joueurs du pays à leur position) dans son groupe élargi de 55, alors que les Bruxellois signent une saison de bien faible facture. Ce serait cependant oublier un peu vite, les exercices écoulés de Bodart et Nicolas Raskin. Le premier avait sombré, comme son équipe sous la direction de Luka Elsner et avait semblé difficilement supporter la pression. Le second avait surnagé en colmatant comme il pouvait les brèches d’un rafiot liégeois en perdition.

Ronny Deila a sû remobiliser ses deux matelots qui ont retrouvé de leur superbe et bravo à lui. Le Norvégien a aussi taillé à Raskin un costume sur mesure dans son animation. Les 3-5-2 ou 3-4-3 subliment les qualités du pitbull et masquent ses faiblesses. Un luxe qu’il n’a pas en équipe nationale dans la partition trop chorégraphiée d’un Roberto Martinez parfois inflexible dans ses choix. Si le Catalan doit aménager son animation, il le fera certainement plus pour permettre au géomètre Kevin De Bruyne de tracer ses lignes de passes un peu partout sur le pré plutôt que pour servir les desseins d’un Nicolas Raskin… Plutôt logique.

Contre l’Antwerp de Toby Alderweireld, Nicolas Raskin avait signé une grosse performance. (Photo by VIRGINIE LEFOUR/BELGA MAG/AFP via Getty Images)

Une préselection qui n’est pas le top 55 des meilleurs joueurs du Royaume

La préselection, dont on n’a pas accès à la liste complète, prendrait en compte 5 joueurs par poste dans le 3-4-3 national. Ce n’est donc pas un top 55 des meilleurs joueurs du Royaume, sans quoi on n’aurait pas pu y mettre beaucoup de défenseurs…Sachant que Roberto Martinez a envisagé dix hommes pour ses deux postes de sentinelle et de numéro 8, y-a-t-il vraiment matière à crier au scandale en voyant passer De Bruyne, Axel Witsel, Youri Tielemans, Amadou Onana, Hans Vanaken, Leander Dendoncker, Orel Mangala, Albert Sambi Lokonga, Dennis Praet et Romeo Lavia devant le numéro 26 de Sclessin ? Tous ces joueurs, à l’exception de Witsel et d’un Vanaken qui brille cependant dans le plus prestigieux tournoi de clubs de la planète, défendent les couleurs de cercles de Premier League, le championnat le plus relevé du monde.

Une compétition que Martinez connaît surtout sur le bout des ongles pour y avoir été sur le banc du côté d’Everton et de Wigan, avec lequel il a gagné une FA Cup tout en étant relégué de la plus haute division du football d’Outre-Manche. Certains comme Dendoncker ou Praet ne jouent pas beaucoup, mais profitent de leur polyvalence. Le premier peut dépanner derrière, le second est capable d’endosser un rôle plus défensif ou offensif au coeur du jeu en fonction des besoins. Ils ont surtout le sens de la discrétion et ne font pas de vague en plaçant le collectif avant leurs ambitions personnelles. A l’image d’un autre milieu figurant parmi les 55, alors qu’il n’évolue que sur la scène belge.

On le sait, depuis ses bisbrouilles avec Radja Nainggolan, le sélectionneur n’aime pas les mauvais garçons. Si l’élocution de Nicolas Raskin, tout comme celle du plus célèbre Ninja du pays, n’est pas des plus claires, il ne partage déjà pas avec lui la passion de la cigarette. Mais son amour trop manifeste du commentaire de hater à l’encontre d’un entraîneur, certes propre sur lui mais probablement rancunier, ne risque pas de jouer en sa faveur.

Surtout que malgré ses qualités évidentes, Nicolas Raskin n’a pas le talent inné d’un Tielemans ou d’un Lavia pour ne pas mettre le travail sur un autel et se doit d’avoir une éthique irréprochable par rapport à d’autres. Ainsi, sur base de ses dernières sorties tonitruantes, le milieu liégeois aurait, selon ses partisans, largement eu sa place dans la présélection belge. Des sorties, rappelons-le, contre l’Antwerp, un vrai cador de la Pro League, mais aussi un Anderlecht à l’agonie et un Zulte Waregem ne jouant les premiers rôles que dans la lutte pour la descente. N’est-ce pas un peu trop juste comme arguments à faire valoir quand certains rivaux se frottent à des oppositions d’un autre calibre pour défendre leur candidature diabolique ?

Comparons donc ce qui est comparable et mettons Nicolas Raskin en « opposition » avec Bryan Heynen, autre joueur qui n’a que la Jupiler Pro League comme terrain d’expression suite à la saison écoulée décevante de son Racing Genk. Ce dernier caracole désormais en tête d’un championnat où il n’a plus connu de revers depuis le lever de rideau contre le champion Brugeois.

Depuis lors, les hommes de Wouter Vrancken enchaînent les succès et les buts en comptant sur les offrandes de Mike Trésor, les inspirations de l’électron libre Joseph Paintsil et les buts du géant Paul Onuachu. Derrière ce trio, et avec la jeune pépite Bilal El Khannouss, Heynen joue un rôle primordial dans l’animation offensive et dans l’organisation défensive de son équipe. Un rôle discret, mais ô combien précieux, qui est quelque peu différent de celui d’un Raskin qui peut prendre plus de lumière dans l’entrejeu liégeois afin de faire parler sa fougue, son dynamisme et sa puissance.

Plus de buts pour Heynen, plus de passe décisives pour Raskin

Cette saison, les deux joueurs ont tout joué, où du moins pour le capitaine Genkois, présent au coup d’envoi des quinze rencontres de championnat de son équipe. Le Liégeois n’a été titulaire que 12 fois au cours de ses 14 apparitions. Le Limbourgeois a marqué plus souvent, 6 fois dont deux sur pénalty, alors que le milieu du Standard n’a pas encore débloqué son compteur. Au niveau des passes décisives, Raskin fait un peu mieux que son rival genkois avec 3 assists à deux en sa faveur.

Bryan Heynen tire plus souvent au but mais surtout il cadre beaucoup plus (57,9% pour 30%). Sans doute l’une des raisons pour lesquelles il fait plus souvent trembler les filets. Il est en général décisif (but ou assist) un match sur deux, là où Raskin ne l’est que tous les quatre duels.

Plus important dans le passing du Standard que Heynen dans celui de Genk, Nicolas Raskin s’avère moins un as du positionnement que son rival limbourgeois. (Photo by Joris Verwijst/Orange Pictures/BSR Agency/Getty Images)

Les deux joueurs ont reçu deux cartons jaunes cette saison. Le capitaine du Racing commet plus de fautes mais en provoque aussi plus que son cadet, qui en revanche adresse beaucoup plus de centres (15 contre 3). En contre-partie, il réalise moins d’interceptions (7 contre 21, dont 6 lors du match contre le Standard, son meilleur total en match cette saison), un domaine où brille particulièrement le Limbourgeois. Cette différence s’explique aussi par le positionnement un rien plus haut sur l’échiquier du Standarman. Ce dernier a aussi réussi plus de tacles permettant de conserver la possession (23 contre 15).

Un Raskin plus présent dans le passing

Nicolas Raskin est plus déterminant pour son équipe dans le passing puisqu’il en réalise en moyenne 45,6 par match pour seulement 28,3 à Heynen. Cela s’explique aussi par le nouveau rôle dans l’effectif de Mike Trésor, le meilleur donneur d’assists de la compétition. Lorsque l’ancien joueur de Willem II était cantonné au banc l’an dernier, le métronome belge était l’un des milieux de terrain les plus impliqués du pays dans la construction du jeu puisqu’il tournait à une moyenne de 60,45 passes par rencontre.

Là où Bryan Heynen semble prendre globalement l’ascendant sur son cadet du Standard, c’est dans sa capacité à adresser plus de passes clés et à gagner des duels dans les airs (2,2 par rencontre en moyenne) malgré une taille relativement moyenne (1m83). Sur ce dernier point, Nicolas Raskin ne lui rend pas vraiment la pareille.

Sur base de ces chiffres, on ne peut pas vraiment affirmer que Nicolas Raskin n’a pas rivalisé avec Bryan Heynen cette saison. Ce dernier, qui sauf de cascade de blessures ne sera pas de la partie au Qatar, doit avant tout son appel sous les drapeaux grâce à sa capacité d’adaptation, sa capacité à mieux sentir le jeu et sa régularité. En effet, la saison dernière, malgré une équipe qui tournait moins bien, Heynen avait su garder le cap en marquant cinq goals en 32 apparitions. Une qualité que le jeune Raskin, qui réagit encore parfois trop à fleur de peau, n’a pas encore acquise. N’en déplaise aux partisans du Standard.

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