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Diables rouges: Tout mettre sur le dos de Roberto Martínez? Trop facile

Jacques Sys
Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Après la défaite des Diables rouges contre la France en demi-finale de la Ligue des Nations, la pénible réalité, c’est que cette équipe est tout simplement trop courte pour le top niveau. Notre pays a beau occuper la première place du ranking FIFA depuis trois ans, ce n’est jamais qu’une vision tronquée de la situation parce que ce classement tient aussi compte de toutes les victoires contre des équipes de seconde zone.

Au dernier EURO, déjà, on a senti que cette génération dorée tant vantée risquait de ne jamais rien gagner. Dans ce tournoi, les Diables ont rarement séduit et ils ont fini par tomber face à des Italiens bien plus forts. Au moment même, on s’est donné des circonstances atténuantes en signalant que des joueurs cadres n’étaient pas en pleine possession de leurs moyens physiques. Après le match contre la France, la semaine passée, on a entendu que certaines stars de l’équipe n’étaient pas à leur meilleur niveau. Rien n’a changé, donc.

Pourtant, les Belges ont su être étincelants surtout dans le dernier quart d’heure de la première mi-temps contre les Bleus. Au moment où ils sont rentrés au vestiaire avec une avance de deux buts, certains se sont demandé si ce match n’allait pas se terminer par une déculottée pour les Français, style 5-0. Mais ce score à la pause s’expliquait en bonne partie par leur apathie, et ça, on n’a pas su le comprendre sur le coup.

En deuxième mi-temps, la classe des Bleus a rejailli. Si les champions du monde ont raté leur EURO, il fallait chercher les explications dans une arrogance mal placée. Dans cette compétition, les Français ont joué pour eux, pas en équipe. De plus, ils ont oublié d’être audacieux alors qu’ils possèdent un luxe offensif inouï. Face aux Diables en deuxième mi-temps, ce fut tout l’inverse. Et quand l’adversaire presse très haut, on voit les limites de notre sélection. On voit qu’un joueur comme Axel Witsel, considéré comme le pion le plus important de l’équipe par Roberto Martínez et réputé pour sa capacité à garder le ballon, n’est même plus un gage de sécurité.

Tout mettre sur le dos de Roberto Martínez? Trop facile.

Maintenant, mettre l’entière responsabilité de cette faillite sur le dos du coach, ce serait trop facile. Même si Martínez n’est pas le champion du monde quand il s’agit d’apporter des corrections tactiques dans le feu de l’action, on ne voit aucun entraîneur capable de stopper un Kylian Mbappé au sommet de son art. Les Diables ont été réduits à un rôle de spectateurs. À aucun moment, durant les trois derniers quarts d’heure, ils n’ont donné l’impression de croire que ce match pouvait bien finir pour eux. Du déjà-vu dans d’autres rencontres. Il y a plusieurs années, l’ancien sélectionneur italien Arrigo Sacchi avait dit que les Diables n’avaient pas la culture de la victoire. Sur ce plan non plus, rien ne semble avoir évolué.

Roberto Martínez
Roberto Martínez© BELGAIMAGE – DIRK WAEM

Aujourd’hui, Martínez dit que ça doit marcher au Qatar. Il ferait mieux de ne pas prononcer des discours pareils parce qu’il y a maintenant très peu de gens qui y croient. La priorité doit consister à rajeunir l’équipe, et par exemple à remodeler l’axe de notre défense. Mais avons-nous assez de qualités pour y parvenir? Tous ces joueurs impatients d’intégrer l’équipe belge ont-ils vraiment le niveau international? Qu’est-ce qui nous autorise à dire autant de bien d’un Zinho Vanheusden? Ou d’un Alexis Saelemaekers? Hans Vanaken peut-il apporter une plus-value dans l’entrejeu sur une longue période? N’attend-on déjà pas trop de Charles De Ketelaere, même s’il est très bien entré face à l’Italie?

Clairement, il est temps d’introduire de nouvelles individualités. On a vu le meilleur qu’on pouvait espérer de la génération dorée. À l’exception des vraies stars que sont Thibaut Courtois, Kevin De Bruyne, Romelu Lukaku et un Eden Hazard à 100%. Ils ne seront pas encore trop vieux au moment de la Coupe du monde au Qatar. Mais ils devront être entourés de sang frais. Et on ne sait pas encore si les joueurs concernés ont le même talent que ceux qui terminent leur parcours. Pour résumer, les prochains mois s’assimileront à un vrai saut dans l’inconnu.

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