Swann Borsellino

Deux rouges, deux ambiances

Découvrez la chronique de notre consultant, Swann Borsellino.

À Pâques, certains chassent les oeufs, d’autres les emmerdes. Dans cette intense ruée vers la bêtise, Neymar a profité du week-end festif pour rappeler que le « Júnior » apposé à son nom n’était pas volé. Même à 29 ans. Même à un moment aussi important de la saison du Paris Saint-Germain. Samedi dernier, à 17 heures, le triple champion de France en titre disputait son match le plus important de la saison en championnat: la réception du dauphin lillois, 63 points au compteur, comme les hommes de Mauricio Pochettino. Une opportunité parfaite de réviser ses gammes dans un match à enjeu avant le déplacement à Munich en Ligue des Champions. Une bagarre au sommet pour se rappeler que leur dessein national n’est plus aussi évident cette saison que par le passé. Mais au petit jeu du « qui est le patron français? », les joueurs de la capitale se sont cassés la figure. Encore une fois. Eux qui avaient déjà perdu à domicile sans marquer contre Lyon, Marseille et Monaco cette saison. Eux qui, perdus dans un désert offensif pendant une heure et demi, ont une nouvelle fois vu Neymar quitter le navire. Techniquement, dans un premier temps. Puis mentalement, en fin de rencontre, quand à la recherche des ennuis, il a trouvé une carte rouge logique dans les mains de l’arbitre Benoît Bastien. Sa quatrième en Ligue 1 sous les couleurs rouges et bleues. Celle de trop, sans le moindre doute.

L’être humain est faillible et le footballeur en est un. Par conséquent, le footballeur est faillible. On l’entend d’ailleurs souvent dire que c’est de ses revers et ses erreurs qu’il apprend, bien plus que dans les succès. Pour Neymar Jr, ce processus philosophique ne semble pas exister. Comme le chantait Daniel Balavoine, « la vie ne lui apprend rien », ou en tout cas pas assez. En effet, alors que ne cesse de se poser la question de la prolongation ou non du Brésilien au PSG, un scénario ne cesse de se répéter: celui qui veut que pour des raisons physiques ou mentales, le club ne puisse pas compter sur l’un de ses deux plus beaux joyaux. Déjà souvent absent sur blessure, l’ancien joueur du Barça a également pris la mauvaise habitude de laisser ses partenaires, et toujours pour la même raison: de la frustration. Quand il rate, prend des coups ou voit l’arbitre ne pas lui accorder une faute qu’il juge évidente, le prodige disparaît. Au sens premier du terme, comme ce week-end. Mais aussi au sens second, puisqu’au moindre mécontentement qui piquerait au vif les plus grands champions, Neymar préfère souvent la bouderie au festival offensif. Une manière épidermique de réagir qui ne regarderait que lui s’il ne donnait pas le sentiment diffus de plus pénaliser son équipe que l’inverse quand les pourcentages s’élèvent. Au-delà même de la défaite, il y a aussi la manière. Sa prétendue envie d’aller en découdre avec le jeune Djalo du LOSC au moment où dans le couloir, une dizaine d’agents de sécurité les séparent, frise le ridicule. Mais pas plus que l’autre exclusion du week-end: celle de Michael Schär, pour avoir jeté un bidon au mauvais endroit, sur les routes du Tour des Flandres.

À Pâques, certains chassent les oeufs, d’autres les aberrations. Dans cette intense ruée vers la bêtise, les institutions qui encadrent les sports que nous aimons tous rivalisent souvent d’ingéniosité pour planter des petits cure-dents dans les coeurs des passionnés. Des coeurs d’enfants qui ont battu un brin plus vite que d’habitude quand devant la maison familiale ou une demeure de vacances, un coureur cycliste, même porteur d’un dossard dont on ne se souviendra jamais, a jeté dans la bonne direction un bidon vide d’une valeur étrangement inestimable. La loi est dure, mais c’est la loi, diront certains, au moment de revenir sur le pourquoi de l’exclusion du Suisse. Mais si personne ne la conteste malgré sa profonde bêtise, la loi demeurera la loi. Ce dimanche, lors du Tour des Flandres, ni Rodrigo Beenkens, ni Cyril Saugrain, ni André Greipel et d’autres sur les réseaux sociaux n’arrivent à comprendre ce qu’il s’est passé. Ce que l’on a compris, en revanche, c’est que la personne qui est allée ramasser ce bidon a trouvé le plus bel oeuf de ce dimanche pascal. Parents aimants attention: l’UCI pourrait bien vous exclure pour avoir planqué un lapin Kinder.

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