Jacques Sys

« Depuis que Coucke est président, Anderlecht n’a pas connu un instant de tranquillité »

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

En fait, l’arrivée de Frank Vercauteren fait perdre la face à Vincent Kompany.

Anderlecht a eu beau tourner l’affaire à sa guise, le projet tant idéalisé a simplement été jeté à la poubelle. C’est un uppercut pour tous ceux, Marc Coucke en tête, qui pensaient pouvoir apaiser les supporters et réanimer le club par un coup de marketing. Le premier espoir a résisté un certain temps, jusqu’à ce que la chute sportive se poursuive et que le fier institut se retrouve dos au mur.

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Naturellement, Anderlecht ne pouvait laisser la situation s’enliser, surtout quand les supporters, qui ont longtemps fait preuve de patience, se sont révoltés. Le Parc Astrid y reste très sensible. Reste à voir si la construction Vercauteren-Kompany va fonctionner. De ce point de vue, Anderlecht, qui avait déjà pris des risques pendant la campagne de transferts, en prend encore un.

Deux fortes personnalités côte à côte, deux coqs dans la même basse-cour, c’est chercher les frictions. Il est clair qu’un des deux va assumer les responsabilités. Vercauteren, qui aura 63 ans à la fin du mois, n’est pas du genre à exécuter les tâches que lui assignerait Kompany, 33 ans. Et le football réaliste de Vercauteren ne cadre pas avec la philosophie de Kompany, qui reste convaincu de son projet malgré un début de compétition catastrophique. On ne peut qu’espérer qu’il y ait eu des conventions très claires quant au fonctionnement quotidien.

Le professionnalisme de Frank Vercauteren ne fait aucun doute. Il va rehausser l’intensité des séances et ne modifiera pas constamment l’équipe. Le Bruxellois est une bête de football, il connaît la maison et les cicatrices du passé – son limogeage en 2007 – sont oubliés. Vercauteren est têtu et à cheval sur ses principes. Il l’a encore prouvé en 2018 quand, malgré le titre du Cercle Bruges en D1B, il n’en est pas resté l’entraîneur.

D’un naturel introverti, Vercauteren entretient des rapports difficiles avec la presse depuis des années. Il semble la considérer comme un mal nécessaire. Son comportement trahit un certain dédain, sans qu’on sache ce qui l’a amené à adopter cette attitude. Joueur, il était en effet toujours très ouvert. Il parlait toujours avec passion et clarté de son travail.

Une chose est certaine : Frank Vercauteren va miser sur l’expérience. On reproche déjà à Kompany d’avoir surchargé les jeunes. Que sera-ce quand les terrains deviendront lourds ? Ce changement de cap doit faire réfléchir Marc Coucke. Depuis qu’il est président, le Sporting n’a pas connu un instant de tranquillité. Des mauvais choix aux postes-clés, une pluie interminable de licenciements au coeur du club puis ce que même les plus critiques considéraient comme un exploit fantastique, l’engagement de Kompany, qui tourne au fiasco. Tous ces éléments ne peuvent laisser Coucke de marbre.

La brève interruption du championnat constitue le moment idéal pour Vercauteren, qui obtient un peu de temps pour apprendre de nouveaux schémas à l’équipe. La victoire à Charleroi, sous la direction de Jonas De Roeck, est une providence. Le Sporting va recevoir à présent le STVV puis se rend à Eupen. Lors de son dernier passage à Anderlecht, Vercauteren répétait, après chaque défaite, que ses joueurs n’avaient pas respecté les consignes. On avait fini par se demander si les missions assignées ne les dépassaient tout simplement pas.

Frank Vercauteren ne doit pas sortir ce genre d’analyse cette fois. Il doit améliorer la condition physique d’Anderlecht et imposer une ligne de conduite. Tout en contrôlant une génération qui a tendance à se surestimer. Afin que ce soit le dernier épisode du feuilleton…

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