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David Delferière (ACFF): « Une saison blanche? Un calcul plus économique que sportif »

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Le président de l’ACFF vit une saison chahutée, entre suspension des championnats, annonces de reprise, menaces d’actions, vaudeville de la Coupe,…

1. Vous vous attendez à beaucoup de recours de clubs amateurs après la décision de ne jouer que la moitié des matches de championnat?

On espère que tout le monde sera fair-play, mais on s’attend à ce que quelques clubs ne soient pas d’accord. Ce qu’il faut d’abord comprendre, c’est qu’on a pris la mesure la plus logique et équitable possible. Quand la saison dernière a été arrêtée au printemps, on a fait des classements définitifs en tenant compte de coefficients, etc. Toutes les équipes n’avaient pas joué contre les mêmes adversaires et on a dû prendre des décisions a posteriori. Cette fois, c’est différent. On a décidé de jouer tous les matches aller, point à la ligne, et on le sait à l’avance. Même s’il était possible d’encore jouer après ça, on ne le fera pas, la saison s’arrêtera à ce moment-là. Et donc tout le monde aura eu le même calendrier.

2. Des clubs poussaient pour une saison blanche, on a du mal à comprendre leur raisonnement. Ils ont construit une équipe puis préféraient ne pas jouer! Vous comprenez, vous?

C’est surtout le raisonnement de clubs de D1, D2, D3 Amateurs et P1. Des clubs où il y a des contrats pour les joueurs. Pour le moment, c’est le chômage qui les paie, mais dès que le foot reprendra, ce sera fini, les clubs devront de nouveau assumer. Il y a une crainte dans certains clubs que la saison reprenne, mais qu’on n’aille pas aux 50% de matches, dans ce cas ils auraient payé les joueurs pour rien. Et il y en a qui préféreraient alors une saison blanche. C’est un calcul plus économique que sportif. Ici, je voudrais mettre l’accent sur un aspect qui a été à peine mentionné dans les médias: le foot amateur ne recommencera que si trois conditions sont remplies: le retour des spectateurs, l’accès aux vestiaires et la réouverture des buvettes. S’il n’y a pas tout ça, on restera à l’arrêt et la saison sera blanche.

3. Le prochain tour de la Coupe a été reporté à février, mais les clubs amateurs toujours qualifiés ne seront de toute façon pas prêts, leurs joueurs n’auront pas assez d’entraînement dans les jambes. Ce n’était pas possible de décaler encore un peu plus?

On aurait bien voulu, mais la décision était dans les mains de la Pro League et la fédération. Ils ont estimé qu’on ne pouvait pas reporter plus loin parce qu’il faut caser tous les matches de championnat, les journées européennes, les rencontres des Diables. Et puis il faut absolument que la finale de la Coupe se joue avant les play-offs. Oui, c’est bizarre, ça ne se fait pour ainsi dire que chez nous. Avant, ici comme ailleurs, la finale de la Coupe clôturait la saison. Mais en Belgique, on estime que la finale perd de l’enjeu si on a déjà, à ce moment-là, la répartition d’une bonne partie des tickets européens via le championnat.

Le foot amateur ne recommencera que si trois conditions sont remplies: le retour des spectateurs, l’accès aux vestiaires et la réouverture des buvettes.

4. Il a été question de forfaits en Coupe pour les clubs amateurs, avec un dédommagement financier. Et ça pourrait toujours se faire. Où est l’éthique?

On ne peut pas faire un amalgame entre un forfait et une impossibilité de jouer. S’il est impossible que les amateurs toujours qualifiés jouent leur seizième de finale, à cause de décisions gouvernementales sur la date de reprise des entraînements par exemple, c’est comme un cas de force majeure. Dans ce cas, les amateurs recevraient la prime de 13.500 euros prévue pour une élimination, et on voudrait bien que les adversaires professionnels, qualifiés sans jouer, fassent un geste pour qu’on arrive au total à 25.000 euros pour chaque équipe amateure. À côté de ça, si un club de D2 qui vise la montée estime qu’il doit se concentrer à fond sur le championnat et fait une croix sur son match de Coupe, là, c’est un forfait et il n’est pas question de lui verser 25.000 euros.

5. Dans la famille Delferière, on espère toujours un retour de Sébastien au plus haut niveau?

On espère que la justice va l’innocenter, les avocats disent qu’il n’y a rien dans le dossier. Mais il est impossible de savoir quand ce sera jugé, c’est très long, c’est un scandale. Mon fils a une envie énorme de prouver son innocence, il a la rage pour ça. On sait que, plus le temps passe, plus ce sera difficile pour lui de revenir dans l’arbitrage parce que les années défilent. Mais il restera de toute façon dans le foot, ça reste sa passion.

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