Du Machtens au Lisp en passant par Dender et Botafogo : quelles sont les recettes du succès du RWDM

À la chaussée du Lisp, 12 minutes ont suffi au RWDM pour plier la rencontre. Les Bruxellois sont donc remontés sur la E19 avec les 3 points en soute et, pour la première fois, le statut de leader de la série. Plongée dans les secrets de la réussite du Daring.

Ce mercredi 8 février, Eleven vous proposera un Podcast avec le joueur du RWDM Kylian Hazard

Passés tout près d’un retour en D1A, avec une défaite en barrages contre Seraing, les Molenbeekois ont posé les bases de cette saison lors du championnat précédent. Auteur d’un début de saison laborieux, les Rouges et Noirs se sont remis assez rapidement sur les rails grâce à un sprint final qui leur a permis d’attraper le wagon des barrages de montée. Entre-temps racheté par le richissime américain John Textor, le RWDM se veut ambitieux, à l’aube de la saison 22-23.

Après avoir échoué sur le dernier obstacle de la route vers l’élite du football belge, l’objectif en début de saison des pensionnaires du stade Machtens est clair : la montée en Pro League. Et le mercato estival est dirigé dans ce sens : Alexis De Sart, Youssef Challouk, Jake O’Brien ou Luis Oyama débarquent en prêt pendant que Mickaël Biron signe pour près de 2,5 millions d’euro. Des joueurs cadres prêtés la saison précédente comme Kylian Hazard ou Thomas Ephestion signent, quant à eux, définitivement. Le statut de l’équipe change désormais en favori de la compétition en compagnie de Beveren ou du Beerschot et est évidemment plus attendu. Ce nouveau début de saison est pourtant mitigé et les Bruxellois présentent un bilan de 9 sur 21 avant de recevoir le Beerschot, candidat au titre. Bilan insuffisant pour permettre à Molenbeek de rêver. Euvrard cherche encore son plan de jeu et cela se ressent au niveau des automatismes. Chaque semaine, le 11 et le système sont différents. De nombreux changements sont réalisés dans l’équipe et il faut attendre la fin du mercato pour que Vincent Euvrard puisse enfin compter sur un vrai noyau stable. Dans les faits, les Molenbeekois se cassent les dents face à des équipes pourtant à leur portée et les expected goals prouvent qu’ils sous-performent presque à chaque fois qu’ils perdent des points.

La rencontre face aux Rats s’avère être un tournant pour le jeune coach. Alors qu’ils monopolisaient généralement la possession en début de saison, les Bruxellois laissent cette fois-ci le ballon aux Anversois, gardant un bloc bas et jouant les contres à fond. Le RWDM finira par profiter de 2 approximations défensives du Beerschot pour l’emporter 2-0. La machine molenbeekoise est lancée. Très inspiré par le modèle allemand et voulant bâtir son équipe sur une grosse organisation collective, Euvrard trouve, dans le même temps, sa base de jeu avec un système en 3-4-3. Sa colonne vertébrale est composée de Théo Defourny dans les cages, avec devant lui, un trio défensif composé de O’Brien, le roc irlandais, accompagné par le français Le Joncour sur la gauche et par l’enfant du club Jonathan Héris sur la droite. L’expérimenté Yan Vorogovskiy et l’explosif Zakaria El Ouahdi animent les flancs tandis Théo Gécé ou Barreto se partagent le rôle de récupérateur. De Sart ou Oyama occupe le poste de relayeur. Devant, Challouk est en soutien de Biron et tous deux sont incontournables. La troisième lame du trident offensif est partagée entre Kylian Hazard, Ivann Botella, Bryan Smeets voire Luke Plange dans une autre animation.

Face au Beerschot, le RWDM donne le ballon à son adversaire, garde un bloc bas en jouant les contre à fond et la victoire est au bout. C’est un premier tournant dans la saison des Coalisés. BELGA PHOTO TOM GOYVAERTS

Avec 6 victoires de rang entre le mois d’octobre et novembre, le Daring est lancé dans la course au titre. Même dans la difficulté, les joueurs parviennent à sortir la tête de l’eau, à l’image de la rencontre face à Beveren à domicile où, réduits à 10 à la demi-heure de jeu, les Molenbeekois finiront par s’imposer 3-1. 2 semaines plus tard, les Daringboys se déplacent à Dender pour disputer ce qui ressemble fortement à un match piège. La reprise Van Bastenesque de Le Joncour permet de rentrer au Machtens avec 3 nouveaux points. Cette rencontre démontre assez bien l’efficacité et le cynisme du nouveau plan de jeu de Euvrard, un match qu’ils auraient sûrement perdu en début de saison.

La fin du mois de novembre et le début décembre sont plus compliqués. Après un bon partage obtenu contre le concurrent waeslandien, s’en suivent 2 défaites inquiétantes face à des équipes U23, Jong Genk et Club NXT, où malgré de nettes dominations au niveau de la possession (plus de 60 %), le score final se solde à chaque fois par un 2-0. Le jeu proposé par les Bruxellois fut nettement en dessous de leurs rencontres précédentes. Gommant leurs lacunes dans le dernier geste, la bande à Euvrard se relancera en enchainant 4 victoires consécutives. Comme s’ils avaient retenu la leçon, les Molenbeekois délaissent désormais le ballon à l’adversaire. Dans les chiffres, sur les 5 derniers matches, le danger provient naturellement du côté droit où en moyenne, 80 % des dribbles sont réussis par rapport au côté gauche où la moyenne est de seulement 36,5 %. Ceci s’explique par la différence de profil des flancs, El Ouahdi, qui occupe le flanc droit, est très vif et particulièrement bon en 1 contre 1. De l’autre côté, Vorogovskyi, plus costaud mais moins habile de ses pieds, à l’image de son seul centre réussi sur 16 tentés, amène plus de puissance et gagne même 100 % de ses duels aériens lors des 5 dernières rencontres. Des profils très différents donc, mais qui amènent de la variété dans le jeu, pouvant ainsi compter sur des fulgurances individuelles de El Ouahdi, Challouk ou Biron mais également sur un jeu plus British lorsque cela tourne moins bien, comme lors de la rencontre face au RSCA Futures. Menés et baladés par le Tiki-Taka des jeunes de Nerpeede, les Rouges et Noirs réussissent à refaire leur retard de 2 goals, en fin de rencontre, grâce aux muscles de O’Brien, Barreto, Vorogoskyi ou Ephestion.

Luis Oyama et le RWDM ont souvent été plus à la peine contre les équipes U23 de la Challenger Pro League. Ici, le Club NXT. BELGA PHOTO TOM GOYVAERTS © Reuters

Basé sur une grosse assise défensive, le système de jeu de Euvrard permet aux pensionnaires du stade Machtens d’être, à l’heure actuelle, la défense la plus hermétique de la série. Et quand le RWDM ouvre le score, il gagne toujours ! En effet, en 20 matches, les Bruxellois ont pris les devants à 12 reprises et ont empoché à chaque fois les 3 points. Nouvelle preuve de l’organisation bien rodée voulue par Euvrard. Désormais, Molenbeek laisse davantage la possession à ses opposants pour profiter de la vitesse de ses flèches offensives. Avec 49,67 % de moyenne de possession de balle, Euvrard a fini par trouver le meilleur moyen de tirer le meilleur de son (très) large noyau, avec près de 30 joueurs.

Dailly, messie du RWDM

Molenbeek est un club « miraculé ». Après l’échec des années Johan Vermeesch, Thierry Dailly est arrivé, au milieu des années 2010, avec un projet voulant faire revivre son club de cœur, alors en liquidation. Loin d’être le projet le plus simple à réaliser tant les dernières années furent compliquées pour les Molenbeekois. Finalement, Dailly parvient à convaincre la commune, les sponsors mais également les fans de la crédibilité de son projet. Le club existe officiellement depuis 2015 mais est évidemment un club historique en Belgique. L’engouement est tel que près de 6 000 fans se rendent au stade pour le titre de D3 amateurs en 2017. Le Machtens vibre à nouveau et Dailly, conscient d’avoir en main le destin d’un club pas comme les autres, va rapidement se mettre à la recherche des investisseurs pour l’épauler financièrement. Le club gravit rapidement les échelons et lorsqu’il remonte dans l’antichambre du football belge, le RWDM nourrit de grandes ambitions. C’est ainsi qu’en janvier 2022, John Textor, alors copropriétaire de Crystal Palace, rachète 80 % des parts du club de la capitale. Dailly, quant à lui, conserve son rôle de président. Le Racing White entre dans une nouvelle dimension financière. La pelouse, régulièrement en mauvais état, est complètement remplacée et le club annonce, dans le même temps, la construction du nouveau centre d’entrainement, l’une des principales conditions demandées par Dailly aux investisseurs potentiels.

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Thierry Dailly a vendu la majorité des parts du RWDM à John Textor, mais reste le président du club. C’est surtout lui qui a réanimé le club de son coeur après les années Vermeersch. BELGA PHOTO KRISTOF VAN ACCOM © Belga

En plus de Palace et Molenbeek, Textor va rapidement racheter des parts de Botafogo et plus récemment, de Lyon. Il déclare en mars à CNN : « Le football n’est pas différent de toute autre entreprise. Vous devez gagner pour être rentable. » Présenté par Dailly comme un véritable passionné de football, Textor ne fait pourtant pas l’unanimité à Crystal Palace où il fut notamment visé par une banderole hostile lors du match face à Manchester United « Propriétaire de plusieurs clubs, paris en bourse, Textor, nous ne te faisons pas confiance ». A Botafogo, l’Américain est également décrié dans la presse locale après avoir placé Jeffinho à l’OL, alors qu’il promettait que la priorité restait au Brésil. Une personnalité difficile à cerner donc tant l’homme est présent sur différents fronts. Du côté bruxellois, il nous revient que quelques décisions de Textor passent mal, à l’image de la mise à l’écart de Julien Gorius, directeur sportif depuis 2020 et auteur de quelques coups clinquants. Les principaux motifs de cette mise à l’écart surprise seraient que Textor aurait reproché à la direction qu’avec ses derniers investissements, le RWDM devait être plus largement en tête qu’actuellement. Il aurait également émis le souhait que les joueurs brésiliens aient davantage de temps jeu. La décision de se séparer de Ruyssen, leader du vestiaire mais qui voulait partir pour jouer, en échange d’une faible somme d’argent pour être remplacé par un énième brésilien, en prêt, qui n’a jamais quitté le Brésil, parait également difficilement compréhensible. Alors que la direction voulait, à juste titre, dégraisser le noyau, le club n’a recruté, pour l’instant, que 2 joueurs en prêt de ses clubs filiaux. Avec de nombreux joueurs en prêt, Molenbeek parait être un candidat crédible à la montée mais la vision à long terme de son propriétaire américain reste floue. Les relations entre Textor et Dailly se seraient refroidies d’ailleurs durant ce mois de janvier alors que le RWDM semble plus fort que jamais.

Près de 15 ans après l’avoir quitté, Molenbeek rêve d’un retour dans l’élite. Un retour attendu par toute un stade après des années 2000 marquées par les galères financières et une gestion désastreuse. Mais cette fois, le RWDM est un club stable et sain financièrement. A l’image du rival saint-gillois, le rêve peut devenir réalité et ce, grâce à l’arrivée d’un nouvel investisseur. Mais pour cela, Textor, né à Kirksville, considérée comme le berceau de l’ostéopathie, devrait éviter de se mettre ses collaborateurs et supporters à dos sous peine de ne pas faire de vieux os dans le football.

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