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Comment Bruges a ringardisé Anderlecht: la preuve par les chiffres

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Ce week-end, Anderlecht affronte Bruges pour une place en play-offs 1. Depuis son dernier titre en 2017, le Sporting s’est glissé dans le costume du Petit Poucet. Et le Club dans celui de l’ogre. La preuve par les chiffres.

Mai 2017. Anderlecht champion. Pour la 34e fois. Et ça promet de ne pas s’arrêter là. C’est la dixième consécration de Roger Vanden Stock à la présidence, il égale son père. Prochaine mission: dépasser Constant. « Je ne quitterai pas le club avant un nouveau titre », lâche RVDS. « On le vise chaque année, c’est une tradition dans la maison. »

Tous les voyants sont au vert. Youri Tielemans est vendu à Monaco et fait entrer plus de 25 millions dans la caisse. La qualification automatique pour la phase de poules de la Ligue des Champions va en faire autant. On parle de l’arrivée d’un nouveau sponsor prestigieux, qui veut profiter de cette vitrine et mettrait le paquet. Donc Anderlecht peut se permettre des petites folies. Comme l’achat de Sven Kums qui coûte 6,5 millions. Et le contrat de cinq ans qui va avec. Rien n’est trop beau. Tielemans ne sera plus là, mais il restera du beau monde. René Weiler est un nouveau hit de notre championnat, personne ne frappe dans les mains quand il est question de son style, mais on le félicite pour son efficacité. Les Mauves ont aussi le meilleur puncheur du pays, Lukas Teodorczyk. Ça roule. Anderlecht a le plus gros budget, une quarantaine de millions. Un peu plus que Bruges. Celui du Sporting va augmenter de cinq millions pour la saison suivante, celui du Club n’évoluera pas.

Comment Bruges a ringardisé Anderlecht: la preuve par les chiffres

Près de quatre ans plus tard, le rapport de force a complètement basculé. Qui aurait pu prévoir que les Bruxellois allaient progressivement s’enfoncer et les Brugeois s’installer sur le toit de notre foot? Notre comparaison chiffrée montre qu’il y a peu de domaines où le Sporting s’en est bien tiré par rapport au Club. Un topper, aujourd’hui, est un match entre un convalescent et un athlète au sommet de son art.

Difficile de dire à quoi ressemblera le noyau bruxellois la saison prochaine. Il existe un plan A et un plan B. Le A est celui avec une qualification européenne. Dans ce cas, Anderlecht ne désespère pas de convaincre des joueurs en prêt de prolonger l’aventure: Paul Mukairu, Matt Miazga, Lucas Nmecha (mais ses performances à l’EURO U21 risquent de l’éloigner définitivement du Sporting). Le plan B est donc celui sans Europe. On sait déjà que s’il n’y a pas de qualification, les départs seront nombreux. Parce que certains joueurs ne voudront pas passer une saison à ne jouer que sur la scène belge et parce que le club devra trouver de l’argent pour tourner.

Comment Bruges a ringardisé Anderlecht: la preuve par les chiffres

Une qualification pour l’Europa League pourrait rapporter une petite dizaine de millions. Là où Bruges en a perçu une trentaine pour sa dernière participation à la Ligue des Champions et refera le coup dans quelques mois. Le fossé se creuse toujours un peu plus. Le Club continue à bosser sur son projet de nouveau stade et envisage une entrée en Bourse. Des plans XXL. Pendant que le Sporting est obligé de rester sur la défensive, en réaction faute d’avoir les moyens d’être dans l’action.

C’est Neerpede qui sauve la peau d’Anderlecht. Sans les revenus des transferts de joueurs formés au club, où en serait-il aujourd’hui? Youri Tielemans, Jérémy Doku et Leander Dendoncker hier, Albert Sambi Lokonga et Yari Verschaeren (évalués respectivement à douze et onze millions d’euros par le site Transfermarkt) demain: le Sporting vend ses pépites en continu pour pouvoir continuer à vivre. Malgré ça, la dette tourne autour de cent millions. Il faudra du temps pour s’en remettre. En continuant à vendre tout ce qui est bien vendable, en diminuant les salaires.

Comment Bruges a ringardisé Anderlecht: la preuve par les chiffres
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Au moment de la publication des derniers comptes annuels, on a lu que Bruges, qui avait enregistré un nouveau bénéfice, n’allait pas distribuer de dividendes, mais consacrer ces bénéfices à la poursuite de son expansion. Au même moment, les têtes pensantes d’Anderlecht discutaient une nouvelle fois de recapitalisation, condition sine qua non pour continuer à exister. Le nouveau CEO, Jos Donvil, a lâché récemment: « On a un sac à dos qui nous freine, qui nous empêche d’aller aussi vite que les autres. » Chaque année depuis le dernier titre mauve, le Club fait des bénéfices et le Sporting enchaîne les pertes records. Près de septante millions de déficit sur les trois derniers exercices. Le but est de refaire des bénéfices opérationnels dans un délai de trois ans.

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