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Comment Benito Raman est devenu l’attaquant numéro 1 d’Anderlecht

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

C’est confirmé depuis le week-end passé face à Bruges: l’ex-enfant terrible de notre foot est bien l’attaquant anderlechtois le plus efficace.

Il y a évidemment eu quelques sifflets dans la petite tribune réservée aux supporters brugeois quand Benito Raman a remplacé Lior Refaelov à la 73e minute. Les Flamands n’ont pas oublié le fameux chant de l’attaquant de poche, cette rengaine dans laquelle il qualifiait d' »homos » les fans du Club. Dans une autre vie, Raman aurait fait du Raman, il aurait réagi. Peut-être provoqué grossièrement comme Noa Lang l’a fait pendant une bonne partie du match, à l’attention du public anderlechtois, au point d’en perdre son football.

Mais ça, c’était avant. À Anderlecht, tous les avis convergent. Benito Raman s’est assagi. Un mariage, un enfant, ça peut changer la vie. Mais c’est surtout son passage de quatre saisons en Allemagne qui l’a transformé. Il affirme qu’il a acquis la mentalité sérieuse de là-bas. On le connaissait chez nous pour ses écarts de conduite. Les Allemands n’ont rien vu de tout ça. Et aujourd’hui, il se fond parfaitement dans le moule voulu par Vincent Kompany: ses joueurs doivent aussi être des hommes.

Et donc, deux minutes après sa montée au jeu, Raman a égalisé. En faisant à nouveau du Raman. Un sprint violent suivi d’une belle conclusion. Il avait déjà fait le coup une semaine plus tôt à Ostende, en égalisant après être monté au jeu. D’un coup, il devient l’Anderlechtois le plus efficace depuis le début de la saison. Kompany se réjouit de ne plus être dans la même situation compliquée que la saison dernière, quand il avait très peu de choix pour composer son attaque. Lukas Nmecha était seul. Aujourd’hui, il y a quatre hommes pour deux places: Joshua Zirkzee, Yari Verschaeren, Christian Kouamé et donc Raman, qui fait mieux que les trois autres en termes d’efficacité.

Kompany est amoureux

Après dix journées, il a déjà marqué plus de buts que dans trois autres clubs belges où il est passé: Courtrai, Beerschot, Saint-Trond. Et autant qu’au Standard. Finalement, à part à Gand, il s’était planté partout dans notre championnat. Au début de cette saison, on a bien cru que ça allait être à nouveau compliqué. Son ratio d’occasions transformées était très bas. Au même niveau que la saison dernière avec Schalke. Mais ça a bien évolué entre-temps. Pour résumer: il court toujours autant, c’est toujours un chien fou qui préfère un sprint sec à un dribble tranchant, mais il est plus lucide. Sur le terrain et en dehors.

Râleur, il l’est toujours. Il est venu en zone mixte après le match contre Bruges. Il a bien fait comprendre qu’après sa bonne entrée à Ostende, il aurait voulu commencer ce match. Au passage, il a balancé une petite pique: « Si on avait été meilleurs devant, on aurait gagné 3-1 ou 4-1. » Allusion aux occasions ratées par des coéquipiers avant son entrée au jeu. Mais on n’a plus un Raman qui rue dans le brancards dès qu’il n’est pas content. Et ça plaît à Vincent Kompany qui a lâché: « J’ai de l’amour pour lui. C’est un gars spécial. Il te tient parce qu’il donne tout. Mais Beni, c’est Beni. C’est un élément libre et créatif. Je savais qu’il allait apporter un brin de folie. Il est bien dans le groupe et dans l’équipe. »

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Jamie Vardy et le souk

Anderlecht compte ses sous, et donc on a été surpris quand le club a dépensé trois millions cet été pour le rapatrier. La direction bruxelloise a aussi fait un bel effort sur le salaire, dépassant ses nouveaux standards. On a été d’autant plus surpris que Raman ne correspond pas directement au profil technique voulu par Kompany. Il est plus dans le rush. Son agent l’a récemment comparé à Jamie Vardy: « Des joueurs pareils ont toujours envie de mettre la machine en mouvement avec leur énergie positive. Dès qu’ils commencent à courir, c’est toute l’équipe qui se met à courir. » Énergie: un mot qui revient dans la bouche du coach dès qu’il évoque Raman. « On le voulait pour son intensité », a déclaré Kompany au moment du transfert. « Il a une énergie incroyable, il travaille dur pour l’équipe et il est toujours attentif dans le rectangle. Il va devenir un joueur important pour Anderlecht. » Raman est un emmerdeur qui presse comme un dératé, qu’il commence sur la pelouse ou qu’il monte en cours de match. Dès qu’il est entré contre Bruges, il a pressé, enflammé, mis le souk. En Allemagne, il a autrefois signé un record avec 53 courses à plus de 24 km/h dans le même match.

Son retour en Belgique était motivé par des raisons familiales. Mais pas uniquement. Dans un coin de sa tête, il y a toujours les Diables rouges. Il a fait une furtive apparition dans l’équipe il y a deux ans. Sans lendemain parce qu’il s’est ensuite crashé avec toute l’équipe de Schalke, qui a finalement basculé en D2. Une expérience qui a failli le dégoûter du football. Il l’a dit dans une interview récente: « Si j’étais resté six mois de plus là-bas, j’aurais arrêté ma carrière. » Une expérience très difficile qui, à l’entendre, explique ses débuts compliqués avec les Mauves, ses occasions ratées. « Je n’avais plus de rythme. » Il reconnaît aussi qu’il s’est mis trop de pression. Et il a compris les doutes du public belge quand il a signé à Anderlecht. Parce qu’on l’avait complètement oublié entre-temps. Mais il jure qu’il est devenu un footballeur plus complet en Bundesliga. Et que ça va vite sauter aux yeux.

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