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Cinq questions qu’on n’osait pas poser à Marc Grosjean

Marc Grosjean est de retour en Belgique après un passage en Arabie saoudite. Le coach est à nouveau sur le marché belge… même si personne ne sait qu’il est rentré.

Après Yannick Ferrera, Michel Preud’homme, Emilio Ferrera et Stan van den Buijs, tu es aussi rentré d’Arabie Saoudite. Tu es resté plus longtemps qu’eux parce que tu supportes mieux la chaleur ou parce que tu aimes bien le beach soccer ?

La chaleur est accablante, oui. Mais on ne joue pas sur du sable là-bas : les terrains sont d’une qualité extraordinaire, comme les infrastructures en général. Si je suis revenu en Belgique, moi aussi, c’est parce qu’il était temps de tourner la page des Belges là-bas. Dès que Preud’homme a quitté, on a senti que l’élan était un peu coupé. Il était la locomotive. A ce moment-là, on avait déjà compris que pour les autres Belges, ce n’était plus qu’une question de semaines ou de mois. Emilio a pris la place de T1, et moi, qui étais entraîneur des Espoirs, je suis devenu son adjoint. Au bout du compte, tout le monde avait envie de rentrer au pays. J’y ai vécu une superbe expérience mais il arrive un moment où on a des manques : les contacts sociaux par exemple.

Un Preud’homme et un Gerets qui s’enterrent dans des pays pareils, ce n’est pas un des pires gâchis de l’histoire du football belge ?

Il ne faut pas tout mélanger. Au niveau du foot, l’Arabie Saoudite n’a rien à voir avec le Qatar et d’autres pays de la région où des stars à bout de souffle vont prendre un dernier gros chèque. C’est un championnat d’un très bon niveau, ses meilleurs clubs rivaliseraient avec le top belge. Le problème, c’est qu’on ne connaît pas les joueurs saoudiens. Ils restent chez eux, tellement ils sont bien payés. Les clubs peuvent avoir trois étrangers et ceux d’Al Shabab ne sont pas des manchots. Il y a notamment un international colombien qui va jouer la Coupe du Monde et un Brésilien qui était encore un pilier du grand Bordeaux il n’y a pas si longtemps et a été champion de France avec Laurent Blanc.

Quatre clubs du G5 ont changé d’entraîneur cette saison alors que c’est en général réservé aux petites équipes, c’est historique : les coaches étaient mauvais ou les dirigeants sont incapables ?

J’ai l’impression qu’on refait confiance à des coaches belges et je m’en réjouis. Il y a des effets de mode : des Espagnols à Bruges et à Gand, des Hollandais à Anderlecht, au Standard et à Genk. Au bout du compte, quel est leur bilan ? John van den Brom a été champion sur un coup franc dévié avec un noyau qui aurait dû lui permettre de survoler le championnat. Cette saison, ça a été de mal en pis pour Anderlecht et son parcours en Ligue des Champions a été calamiteux. Malgré tout cela, on a continué à lui faire confiance très longtemps. On n’est jamais aussi tolérant avec un Belge. Et quel Belge a déjà eu la chance d’entraîner Anderlecht avec un CV comme celui de Van den Brom ?

Tu attends toujours qu’on te propose un poste dans un grand club : c’est injuste ou il y a des explications qui tiennent la route ?

Michel Preud’homme et Emilio Ferrera estiment qu’ils sont plus forts qu’avant leur séjour en Arabie Saoudite, moi aussi. Je suis maintenant à nouveau sur le marché belge, je n’ai encore eu aucun contact pour la saison prochaine mais c’est logique aussi à partir du moment où on ne sait pas que je suis rentré.

La situation de Mons qui paie les conséquences d’une campagne de transferts étonnante où on a graissé la patte de l’un ou l’autre ami du patron, ça te rappelle des souvenirs ?

Là-bas, c’est un éternel recommencement. On a l’art de refaire les mêmes erreurs. Et quand on travaille comme ça, on n’a pas le droit de se plaindre si on bascule en D2. Quand j’ai entendu les discours de la direction en début de saison, j’ai déjà pris peur pour eux. Ils avaient vendu Jérémy Perbet mais ils parlaient de play-offs 1, tout ça parce qu’ils venaient de faire un bon championnat. Il faut savoir garder les pieds sur terre. Et ils ont effectivement recommencé leur petit jeu de transferts étonnants. De mon temps, on avait fait un parcours magnifique pour la toute première saison du club en D1, puis quelques personnes ont pris les commandes des transferts et ça a tout fichu en l’air. Ça a recommencé il y a un an, on voit le résultat. Mons n’a encore jamais réussi à faire quatre ans de suite en D1, la troisième année est chaque fois fatale alors qu’ils ont su négocier la deuxième, qui est la plus compliquée sur le papier. Quand les dirigeants doivent choisir entre une bonne décision et une mauvaise, ils prennent systématiquement la mauvaise.

PAR PIERRE DANVOYE

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