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Charleroi: Karim Belhocine et le totem d’immunité

Incapables de battre la lanterne rouge waeslandienne, les Zèbres de Karim Belhocine confirment leurs difficultés à se réinventer après un début de saison en trompe-l’oeil. Mais il faudrait un séisme pour que le coach carolo ne termine pas la saison.

Karim Belhocine arrive en jogging et sac en bandoulière. À l’autre bout d’une salle de presse improvisée par les conditions sanitaires, Dries Wuytens en termine avec ses obligations médiatiques. Alors, le coach carolo fait les cent pas et se gratte la nuque. Le point pris en Province d’Anvers ne protège de rien, a priori pas non plus des questions qui fâchent. Et en même temps, en 18 mois de présence sur le petit banc du Mambourg, Karim Belhocine n’a pas pris l’habitude de faire face aux interrogations désobligeantes de la presse locale.

L’homme, qui ne tient pas en place, mais sait tenir sa langue, servira donc la soupe habituelle. Depuis son arrivée, en on, le Franco-Algérien abreuve de banalités. Ce samedi soir, alors que ses Zèbres restent sur un insipide six sur 24 depuis le début de l’année, il a encore fait fort: « Le groupe vit bien » ou « C’est un championnat bizarre, mais attractif. ». Circulez, il n’y a rien à voir…

Sauf qu’entre les lignes, Karim Belhocine a imposé un style. Faussement aphasique en conférence de presse, un peu plus disert en off. Dans ces moments interdits aux enregistreurs, mais devenu un classique des fonds de salle de presse du pays. Karim Belhocine a appris à bonne école. Celle de Hein Vanhaezebrouck, des sourires de façade, mais des vrais-faux secrets de couloirs. On dit que si Karim Belhocine joue à ce petit jeu-là, c’est parce que l’homme se méfierait de son ombre. En interne, on le dit donc parano. Curieux, pour un entraîneur aux qualités humaines unanimement louées par le microcosme hennuyer, mais qui refuse de lui adresser des interviewes individuelles. Un cas unique sur les petits bancs de Pro League.

Charleroi est l’équipe qui a marqué le moins de buts à domicile cette saison .

Sauf qu’à force de brasser du vent face caméra, on se demande parfois quel est le fond de la pensée du coach carolo. Tous ceux qui le connaissent vantent un homme hyper préparé, 100% dédié à sa tâche et qui ne verrait pas l’utilité de s’encombrer des contingences médiatiques. Ce serait le propre des bosseurs, mais c’est aussi une spécialité des hommes de l’ombre. Depuis 18 mois, Karim Belhocine n’en est plus un. Son Charleroi non plus. Le 18 sur 18 du début de saison avait fait naître des ambitions en avance sur le 3-6-9 revisité promis par Mehdi Bayat. Paradoxalement, certains disent que c’est à cet instant précis, au sortir de l’une des périodes les plus fastes du club que la direction zébrée s’est pour la première fois posé des questions sur l’avenir d’un coach dont le contrat de trois ans paraissait soudain un frein aux appétences de grandeurs locales.

Le retour de bâton n’a pas attendu. Brusquement redevenu une équipe comme les autres après le premier revers de la saison contre le Standard (1-2, le 4 octobre), le Sporting était alors content de retrouver en Karim Belhocine un gestionnaire de crise, un homme qui ne plane pas quand tout le monde rêvasse. Conscient de ses lacunes, de celles de son groupe aussi, Belhocine sait sans doute que si son équipe n’a plus perdu en championnat depuis le 24 janvier (3-2, contre le même Standard), elle est aussi celle qui a marqué le moins de buts à domicile cette saison (treize). Avec seulement trois buts inscrits sur les sept derniers matches disputés en Pays Noir.

De quoi mettre en danger n’importe quel entraîneur à crédit. D’autant que personne ne sait aujourd’hui si Karim Belhocine en est un, personne ne connaît non plus sa vraie valeur, mais beaucoup plaident sa capacité à rassembler. C’est peut-être ce qui sauvera la fin de saison carolo, c’est peut-être aussi ce qui fera dire cet été à Mehdi Bayat que moins qu’un problème, Karim Belhocine peut encore être une solution pour ce Charleroi-là. Dans l’absolu, la direction sambrienne n’apprécie de toute façon pas le changement et reste si fière de louer un bilan sans licenciement de coach depuis la reprise en 2012, qu’il faudra peut-être plus qu’une saison terminée en eau de boudin pour qu’elle remballe ses principes.

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