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Ces coaches allemands qui séduisent la Pro League

Jacques Sys
Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Avec l’arrivée de Bernd Storck sur le banc de Genk, le contingent des entraîneurs allemands s’est encore agrandi en Pro League. Pourquoi cette mode ? C’est l’objet de l’édito de notre rédacteur en chef Jacques Sys.

La semaine passée, à Genk, on a eu l’impression qu’un général tombait du ciel. Le nouveau coach, Bernd Storck, a directement expliqué où il voulait en venir, comment il allait bosser. Et celui qui ne se retrouvait pas dans cette méthode pouvait dégager. Comme si ce n’était pas encore assez fort comme discours, Dimitri de Condé, Head of Football local, en a remis une couche: « Celui qui ne suivra pas le coach volera dehors. » Comme si le noyau du Racing sortait subitement d’une longue période de congé.

Un discours policé ne suffit pas pour sortir une équipe de l’ornière.

Tout cela n’est pas flatteur pour JohnvandenBrom, dont on oublie parfois que lors des play-offs de la saison dernière, il a pris seize points sur 18. Storck a de nouveau tenu un discours très fort après la défaite en milieu de semaine contre le Rapid Vienne: il a eu besoin d’une heure et demie pour analyser les erreurs tactiques constatées lors des vingt premières minutes de ce match et il n’a jamais travaillé avec une équipe incapable d’appliquer les consignes tactiques de base. Un procès tranchant et un jugement sans concession du travail de son prédécesseur.

Ce n’était sûrement pas l’intention de Storck. Mais bon, l’homme n’a pas de porte de secours et il n’épargne personne. Il veut que tout soit clair, tout le temps et avec tout le monde. Mettre les joueurs dans l’ouate, les flatter, ce n’est pas pour lui. Maintenant, il faut qu’il parvienne à obtenir l’adhésion de son groupe. Comme c’était le cas à Mouscron et au Cercle Bruges. Genk, c’est un autre niveau. Là-bas, on a des joueurs qui ont leur personnalité et sont plus brillants balle au pied. Tenir un discours policé n’est pas suffisant pour faire sortir une équipe de l’ornière. Comme l’a montré le match des Limbourgeois à Gand, dimanche, il reste beaucoup de travail. Même si, en quittant la Ghelamco Arena, Storck avait un sentiment positif. Il a dit qu’il était certain de pouvoir inverser la vapeur.

Bernd Storck
Bernd Storck© BELGAIMAGE – JOHAN EYCKENS

En signant à Genk, Storck s’est quelque part mis à la recherche de ses propres limites d’entraîneur. Même s’il ne raisonne pas comme ça. Storck est sûr de lui, sans tomber dans l’arrogance. Parler de foot avec lui, c’est chaque fois une expérience enrichissante. L’homme transpire de passion. Mais son premier mot-clé, c’est la discipline. Parfois sous des formes extrêmes. De ce point de vue, il incarne en tout cas l’entraîneur allemand dans toute sa splendeur.

On parle de plus en plus allemand parmi les entraîneurs de notre D1A. C’est carrément le cas dans cinq clubs. À cause de cinq entraîneurs dont on n’avait jamais entendu parler avant qu’ils se posent chez nous. Personne ne connaissait Bernd Storck quand il a débarqué à Mouscron en septembre 2018. Même chose pour son successeur dans ce club, BerndHollerbach, même s’il avait un peu travaillé à Hambourg. Lui aussi, à Saint-Trond aujourd’hui, parle un langage très clair. À Ostende et à Eupen, AlexanderBlessin et StefanKrämer ont aussi le sens de la discipline, mais ils s’y prennent différemment et ont une philosophie différente. Et puis, au Cercle également, la direction sportive a été confiée à un germanophone, l’Autrichien DominikThalhammer.

Une nouvelle tendance? On verra bien ça, dans un championnat où plus d’un entraîneur sur deux (dix sur 18) vient de l’étranger. Ou faut-il en déduire qu’il y a subitement beaucoup de talent caché parmi les entraîneurs en Allemagne? Ça ne saute pas aux yeux en Bundesliga où seulement onze des 18 équipes sont entraînées par un local. Les meilleurs ont quitté le pays pour signer en Angleterre: ThomasTuchel et surtout JürgenKlopp. La semaine passée, Storck a signalé que Klopp avait appris une autre manière de jouer à des vedettes comme MoSalah. C’est ce qu’il veut maintenant faire à Genk. À la manière d’un professeur.

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