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Büttner : « A Grozny, je voyais passer des gens lourdement armés, en regardant par la fenêtre »

Débarqué en janvier à Anderlecht, le back gauche néerlandais se plaît à Bruxelles. Il s’est confié à Sport/Foot Magazine et a notamment évoqué son passage en Russie, au Dynamo Moscou. Extrait.

Tu as appris le russe ?

BÜTTNER: Le russe, c’est du chinois, en plus compliqué. Je ne suis pas très studieux mais j’apprends vite à comprendre une langue. La parler ou l’écrire, c’est une autre paire de manches. Je n’ai pas eu de problèmes avec l’allemand et l’anglais mais le russe est beaucoup plus difficile. Après quelques mois, je comprenais quelques mots, pas plus. Lire est impossible avec tous ces caractères cyrilliques bizarres. Suivre des cours n’aurait servi à rien: il m’aurait fallu vingt ans.

Tu parles du climat. Combien de fois t’es-tu demandé où tu avais atterri ?

BÜTTNER: Tous les jours, en hiver. A Moscou, il fait soit très chaud, comme en été, soit glacial. Ces mois d’hiver sont terribles. Nous ne sortions pas, c’est simple. Nous habitions à Moscou City, dans un superbe appartement au 25e étage. Un penthouse, avec vue sur la ville. Mathieu Valbuena et Quincy Promes habitaient le même immeuble, relié à un immense centre commercial avec des restaurants. En hiver, je ne sortais donc que pour les entraînements, rien d’autre. C’était impossible. Un copain des Pays-Bas m’a rendu visite, une fois. Nous avons voulu aller manger ensemble en ville. Ce n’était pas loin: à 50 mètres du bâtiment mais il faisait -20. J’ai cru que j’allais mourir. Rien que sur cette petite distance, ma figure était remplie de petites ampoules. J’avais l’impression de perdre ma peau. Plus jamais!

Et les entraînements ?

BÜTTNER: Le complexe d’entraînement était fantastique. Piscines, hôtel, centre de fitness… Mais la pelouse artificielle intérieure n’était pas encore complètement aménagée et nous nous entraînions dehors. Ça n’apportait rien. Nous ressemblions tous à des Esquimaux, tellement nous étions habillés chaudement. On ne voyait que nos yeux.

Vous vous reconnaissiez ?

BÜTTNER: Pas du tout ! (Rires) Nous ne pouvions pas nous reconnaître. Avez-vous songé aux entraîneurs, qui avaient encore plus froid que nous, debout le long de la ligne, à nous regarder. C’était surtout une façon de nous occuper.

Cette aventure t’a-t-elle enrichi humainement ?

BÜTTNER: Moscou est une ville d’envergure mondiale. Nous nous y sommes plu. Nous n’étions pas loin de la Place Rouge et du Kremlin. Pendant mes premières semaines, j’ai beaucoup arpenté le centre de la ville. Un chauffeur nous a montré tous les beaux sites de Moscou, à ma famille et à moi. Ça m’a beaucoup impressionné, de même que le style de vie. Le contraste entre riches et pauvres, important à Moscou, est très visible. Nous vivions dans un beau quartier, où on ne voyait que les plus belles autos mais quelques rues plus loin, c’était la pauvreté absolue. Ça m’a bouleversé. Les mendiants me font mal au coeur. Je ne peux m’empêcher de leur donner quelque chose mais dans certains quartiers, on ne fait plus que ça, si on commence. Une fois, on nous a demandé de nous prêter à une tradition: jeter une pièce de monnaie par-dessus l’épaule en faisant un voeu. Vous savez quoi ? J’ai jeté la pièce mais je ne l’ai pas entendue tomber. Quelqu’un s’en était emparé et avait fui avec.

Les déplacements t’ont permis de découvrir le pays ?

BÜTTNER: La Russie est gigantesque. Nous passions facilement quatre heures en avion pour le moindre déplacement. D’Amsterdam, on est en Afrique en quatre heures ! De fait, je découvrais chaque fois un autre monde. Je me rappelle les matches contre Grozny et Anzhi. Nous étions dans un hôtel hyper sécurisé dont il était interdit de sortir. En regardant par la fenêtre, je voyais passer des gens lourdement armés. Super, nous devions jouer un match dans ce climat ! Par moments, j’avais l’impression d’être dans un film.

Par Freek Jansen

Retrouvez l’intégralité de l’interview d’Alexander Büttner dans votre Sport/Foot Magazine

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