Guillaume Gautier

Au lendemain de la « pire saison de l’histoire d’Anderlecht », le Sporting est sur le point de faire moins bien

Guillaume Gautier Journaliste

Il aura même fallu une lettre ouverte. Comme une façon de préparer le public mauve aux jours noirs qui s’annoncent. Pour la première fois dans l’histoire de ces play-offs qui viennent de fêter leur dixième anniversaire, Anderlecht ne sera probablement pas de la partie.

Au lendemain de ce que beaucoup ont présenté comme la  » pire saison de l’histoire du club « , le Sporting est sur le point de faire moins bien.

Était-ce pour tempérer la colère lancinante d’une partie de leurs fans que les dirigeants bruxellois avaient pris la plume avant le déplacement à Sclessin, là où le public mauve avait mis un terme à la partie à coups de fumigènes quelques mois plus tôt ? Cette fois, Anderlecht était revenu de Liège avec un point, arraché miraculeusement avec sept enfants de Neerpede sur la pelouse au coup d’envoi. Une promesse du retour des beaux jours au milieu d’un hiver interminable.

Contre Bruges, c’est Antoine Colassin qui s’est ajouté à l’équation de la jeunesse anderlechtoise. Dix-huit ans et une confirmation : le Lotto Park est devenu la capitale du jeunisme. Un tiers des joueurs utilisés par Simon Davies, Vincent Kompany et Franky Vercauteren cette saison avaient moins de vingt ans.

Face aux premières difficultés post-rachat, Marc Coucke a eu le réflexe de tous les nouveaux propriétaires en difficulté : se tourner vers les fondations de sa demeure fraîchement acquise. Il a entassé Frank Arnesen, Michael Verschueren et Pär Zetterberg dans ses bureaux, se fiant à leur aura plus qu’à leurs compétences. Et puis, il y a eu Kompany. Symbiose absolue du charisme d’hier et des plans de demain, avec sa volonté de faire briller les joyaux de la formation mauve dans un football plus bruxellois que jamais. Le Sporting a voulu rêver en grand quitte à se voiler la face, fidèle à sa réputation de se croire immunisé contre les problèmes que vivent tous les autres. Mais Kompany l’a également reconnu au début de l’hiver, citant Milan ou Manchester United en exemples. Personne n’est trop grand pour tomber.

Les changements de règne prennent du temps. Même le bulldozer Bart Verhaeghe a dû attendre cinq ans pour conquérir son premier titre.

Aujourd’hui, Anderlecht semble s’enliser dans sa révolution. Difficile, dans ces moments-là, de faire le tri entre les vautours et les phénix. Seul le temps avait permis de constater que le retour de Daniel Van Buyten à Sclessin était surtout un ticket d’entrée all-inclusive pour Christophe Henrotay. Pourtant, ramener un peu d’ADN rouche saupoudré d’expérience bavaroise ressemblait initialement à une idée lumineuse.

Vincent Kompany
Vincent Kompany© belgaimage

Les changements de règne prennent du temps. Bart Verhaeghe, intronisé président de Bruges en février 2011, a mis cinq longues années pour remettre le Club au sommet de la hiérarchie nationale. En poste depuis 2015, Bruno Venanzi n’est pas encore parvenu à installer son Standard à moins de dix points du leader au bout d’une phase classique. Les Blauw en Zwart ont changé quatre fois de coach et accumulé des transferts par dizaines avant de retrouver le titre. Le Standard le chasse encore, au bout de quatre entraîneurs et d’une soixantaine de nouvelles têtes. Faire changer un mastodonte de direction ne se fait pas en un coup de volant.

Le Sporting de Marc Coucke, lui, accumule déjà quatre coaches et vingt-cinq transferts entrants en quatre mercatos. Dans sa lettre ouverte, le RSCA espère jouer le titre en 2022. Une éternité pour les habitudes mauves, mais une échéance qui rendrait le réveil bruxellois plus rapide que celui du bulldozer Verhaeghe. Tout est toujours une question de perspective. Et de patience. Une vertu difficile à cultiver dans un sport où des vérités s’écrivent en semaine, avant de subir un nouveau procès à ciel ouvert chaque dimanche.

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