Marc Degryse

Anderlecht a perdu les pédales ces deux dernières saisons

Chez les Mauves, le problème est profond. En plus de la mentalité défaillante, il n’y a pas de fonds de jeu.

La débâcle face à Ostende n’est qu’un remake de la saison mauve. Des victoires sans saveur suivies de défaites souvent humiliantes. Le début des play-offs avait été moyen, malgré les trois succès de suite. Le bilan comptable avait masqué un jeu trop faiblard qui avait été rehaussé, sans être brillant, lors de la venue de Bruges, grâce notamment à un milieu de terrain Defour-Dendoncker-Tielemans en verve. Jeudi, face à Gand, on était retombé dans les travers mais c’est la purge de dimanche qui est la défaite de trop pour de nombreux supporters.

Si les chiffres sont loin d’être catastrophiques en play-offs, ils le sont par contre si on comptabilise l’ensemble de la saison. Le problème numéro un d’Anderlecht se situe au niveau de la mentalité. Contre Ostende, ce fut à nouveau criant malgré une entame de match encourageante. Mais les errements coupables de Bram Nuytinck ont mis les Sportingmen au tapis. Personne n’a été capable d’injecter du rythme et de mettre en danger la défense côtière.

Comment un joueur performant face à Bruges peut-il se louper aussi grossièrement une semaine plus tard ? Car Nuytinck est fautif sur les trois premiers buts. Mais il n’est évidemment pas le seul responsable, Tielemans et Dendoncker sont aussi passés à côté de leur match. Le problème est collectif. Lorsque j’ai rencontré Steven Defour récemment, il se plaignait du manque d’engagement de son équipe et de ces erreurs que le groupe était incapable de corriger.

Je suis surpris par la réaction des joueurs, qui semblent incapables de faire leur autocritique. Il y a de la suffisance dans le chef de certains alors qu’il vaudrait mieux se faire tout petit. Je reste convaincu que la qualité est suffisante pour faire mieux, même si Anderlecht est trop dépendant de Stefano Okaka quand il s’agit de faire trembler les filets. Etre performant devant un but, c’est une question de talent, de qualité.

Anderlecht n’a pas d’identité, l’improvisation semble guider les joueurs. Et ce, depuis bien trop longtemps.

Dennis Praet, qui était le seul à évoluer à un niveau correct à Ostende, ne marque pas suffisamment, par exemple. Mais le problème est plus profond. J’ai évoqué la mentalité défaillante, je note aussi un manque flagrant de fond de jeu. Anderlecht n’a pas d’identité, l’improvisation semble guider les joueurs. Et ce, depuis bien trop longtemps. Besnik Hasi est responsable de ce manque d’organisation, de ce système de jeu où les automatismes semblent absents.

Derrière, c’est bien trop lent à la relance, alors que le tempo général est trop bas. Quelques rencontres en Coupe d’Europe ont sauvé les apparences grâce à un jeu en contre qui reposait davantage sur les individualités que sur un foot construit. Aujourd’hui, le mécontentement est partout à Anderlecht : chez les joueurs, sur le banc, chez les dirigeants et surtout chez les supporters.

Hasi s’est plaint récemment du mercato d’hiver alors que Nicoals Frutos est, lui, pressenti pour prendre sa place. C’est une situation intenable à long terme. A la décharge de Hasi, on peut s’étonner du mercato hivernal qui devait soi-disant relancer la machine et qui n’a rien arrangé. Je vois difficilement comment Anderlecht peut encore décrocher le titre. Il leur faudrait un 15 sur 15 ce qui semble inimaginable vu les circonstances.

Et deux années sans titre de champion, c’est une éternité à Anderlecht. Mais ça n’a rien d’étonnant. Ça fait deux saisons qu’au club, on semble avoir perdu les pédales à tous niveaux. Les deux prochaines rencontres au Parc Astrid (face à Gand et Ostende) doivent être celles d’une véritable remise en question.

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