Stephane Vande Velde

46 millions pour Benteke, « un manque de stratégie financière »

Le transfert de Christian Benteke fait de lui un des 25 plus gros transferts de l’histoire. Peut-on y croire ?

Ne vous méprenez pas : j’adore Christian Benteke. J’adore l’être humain, sa disponibilité (une rareté à ce niveau-là) et son humilité. Et puis j’adore le joueur. Sa philosophie de travail, son abnégation (rareté pour un attaquant), son sens du collectif, l’optimalisation de son potentiel physique, son opiniâtreté, sa détente aérienne, son jeu de tête offensif, sa manière de débusquer et de s’engouffrer dans les espaces, sa manière de faire jouer l’entrejeu en équipe nationale. J’adore sa progression aussi. Qui aurait pu croire que le joueur recalé par José Riga au Standard de Liège pouvait atteindre ce niveau ?

Certes, il a toujours eu cette faculté de marquer, que ce soit à Courtrai ou à Genk mais de là à faire trembler les filets en Premier League, il y a un pas que peu – moi le premier – auraient franchi. J’adore aussi le symbole qu’il est devenu. J’adore la manière dont il a géré la blessure qui le privait de la Coupe du Monde, objectif rêvé par tout footballeur. J’adore la façon dont il a rebondi après chaque coup dur et blessure, signe d’une force mentale hors du commun.

Mais voilà, il y a un truc qui me chiffonne dans son transfert. Lui qui reste sur une saison à 15 buts toutes compétitions confondues et a quand même traversé une période de disette après son retour de blessure la saison dernière, le voilà à affoler la Bourse du mercato. Il n’y a personne pour prendre véritablement au sérieux le prix de son transfert.

46 millions, c’est le prix du transfert de Ronaldo de l’Inter au Real de Madrid. 46 millions, ça en fait un des 25 joueurs les plus chers de l’histoire du football.

46 millions d’euros, c’est deux fois plus que Robin Van Persie lorsqu’il est passé d’Arsenal à Manchester United. Or, le Néerlandais restait sur une saison à 30 buts rien qu’en championnat. 46 millions, c’est le prix du transfert de Ronaldo de l’Inter au Real de Madrid. 46 millions, ça en fait un des 25 joueurs les plus chers de l’histoire du football.

46 millions, ça en fait le joueur belge le plus cher. Soit plus cher qu’Eden Hazard ou De Bruyne, plus cher que Courtois ou Axel Witsel. Plus cher que Marouane Fellaini, qui, en matière de somme de transfert, a toujours eu le chic de placer la barre haut.

Ne vous méprenez pas : je ne blâme pas Benteke et ce n’est certainement pas de sa faute s’il y a des acquéreurs assez fous pour mettre sur la table cette somme-là. C’est la loi de l’offre et de la demande. Le prix dépend davantage des besoins du moment (ou d’un club), de la concurrence sur un joueur que de sa réelle valeur.

Néanmoins, cette surenchère n’aide ni le club (Liverpool), qui n’en finit plus de dépenser à contretemps (et souvent mal), ni le joueur qui va subir une pression énorme et va se trimballer à chaque sortie avec l’étiquette du prix de son transfert collée sur son front. Ce prix symbolise également la puissance financière des clubs anglais mais surtout leur manque de stratégie financière. Au lieu de répondre aux conditions du marché, ils vont simplement surpayer les joueurs qu’ils désirent.

Je n’ai plus finalement qu’un seul souhait : que Benteke, comme il l’a toujours fait, me surprenne et arrive à prouver qu’il fait bien partie de la catégorie des joueurs qui valent ce prix.

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