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Très cher Hütter

Adi Hütter quitte l’Eintracht Francfort pour le Borussia Mönchengladbach. La Ligue des Champions attendra.

Il s’appelle Adolf mais préfère qu’on l’appelle Adi. « Ma mère m’a toujours appelé comme ça. Vous comprendrez pourquoi je n’aime pas mon vrai prénom », a un jour déclaré l’entraîneur autrichien Adi Hütter à la radio allemande. Comme Adi Dassler, le fondateur d’Adidas, il ne veut pas être assimilé à Adolf Hitler.

Lutte pour la Ligue des Champions

Joueur, Hütter a été trois fois champion d’Autriche avec l’ex-Austria Salzbourg, devenu Red Bull. Il a également disputé et perdu la finale de la Coupe UEFA 1994 face à l’Inter. En raison de blessures, il est devenu entraîneur en 2007. Un métier dans lequel il s’est fait un nom. Après avoir débuté avec le RB Salzbourg II et entraîné plusieurs petits clubs, il a repris l’équipe première de Salzbourg en 2014, lui offrant immédiatement le doublé Coupe-championnat.

Il a ensuite coaché les Young Boys Berne pendant trois ans. La dernière année, il a remporté un titre que le club attendait depuis 1986. Ces succès ont suscité de l’intérêt et, finalement, il a opté pour Francfort.

« Son CV est impressionnant », disait Fredi Bobic, le directeur sportif de Francfort. « Il sait parfaitement comment tirer le meilleur parti d’une équipe. » C’était nécessaire car son prédécesseur, Niko Kovac, était parti au Bayern après avoir remporté la Coupe. De plus, des piliers comme Marius Wolf et Lukas Hradecky avaient quitté le club. En échange, Hütter s’était vu offrir un nouveau trio d’attaquants: Luka JovicSébastien HallerAnte Rebic.

C’est un coach qui valorise au mieux les attaquants.

Il avait mal débuté, avec une élimination en Coupe et une défaite en Supercoupe mais il avait ensuite aligné onze matches sans défaite. Il avait répété la même série après l’hiver, se hissant notamment en demi-finale de l’Europa League.

Après avoir perdu ses hommes forts, Francfort a connu une période de transition. Bas Dost est arrivé mais l’entraîneur autrichien cherchait plutôt des attaquants mobiles. André Silva, Amin Younes et l’ex-joueur de Saint-Trond Daichi Kamada sont aujourd’hui les titulaires. Avec le retour de Jovic, loué par le Real Madrid depuis janvier, Francfort s’est replacé en ordre utile dans la lutte pour une place en Ligue des Champions.

Un des coaches les plus chers du monde

Selon Bild, le Borussia Mönchengladbach a honoré la clause de rupture du contrat de Hütter à Francfort. Celle-ci s’élève à 7,5 millions euros et pourrait grimper à 10 millions si les Aigles se qualifient pour la Ligue des Champions.

Cela ferait de Hütter l’entraîneur le plus cher de l’histoire de la Bundesliga et même un des plus chers du monde. Si les Poulains ont déboursé cette somme, c’est parce qu’ils savent que Hütter valorise les attaquants. Sous sa direction, Jonathan Soriano (RB Salzbourg) a inscrit 46 buts et délivré 20 assists en 49 matches. Guillaume Hoarau (YB Berne) affiche 61 buts et 23 assists en 88 rencontres, Luka Jovic (Eintracht Francfort) est en à 31 buts et 8 assists en 65 matches, Sébastien Haller (Francfort) compte 20 buts et 12 assists en 41 rencontres tandis qu’André Silva (Francfort) a marqué 42 fois et délivré 15 passes décisives en 69 matches. Avec des joueurs comme Alassane Pléa, Marcus Thuram et Breel Embolo, Gladbach a les ingrédients nécessaires pour permettre à Hütter d’appliquer sa recette.

Mais pourquoi laisser tomber un éventuel ticket pour la Ligue des Champions pour rejoindre un club qui ne sera pas européen? La réponse est simple: il y a de fortes chances que l’Eintracht doive vendre ses meilleurs joueurs et connaisse à nouveau une saison de transition, avec les risques d’humiliation que cela implique sur la scène européenne. Mönchengladbach lui offre un challenge dans un club plus grand et mieux structuré.

L’esprit d’équipe

Suite au départ de l’ex-international Fredi Bobic – sans doute au Hertha Berlin – l’Eintracht Francfort a dû chercher quelqu’un pour remplacer celui qui, en cinq ans, a fait passer le club du statut de candidat à la relégation à celui de participant à la Ligue des Champions.

En mars, Philip Holzer, président du conseil d’administration, s’est renseigné auprès de Markus Krösche. A sa grande surprise, le directeur sportif qui a fait venir Dani Olmo, Dominik Szoboszlai, Justin Kluivert et Brian Brobbey au RB Leipzig a dit oui, alors qu’il était encore sous contrat jusqu’en 2022.

Après l’annonce du départ de Julian Nagelsmann vers le Bayern, Leipzig a donc annoncé que, dès juin prochain et jusqu’en 2025, Krösche travaillerait à Francfort. L’ex-médian défensif a évolué à Brême et au SC Paderborn avant de devenir adjoint de Roger Schmidt à Leverkusen puis directeur sportif à Paderborn, qu’il a fait monter de D3 en Bundesliga avec un budget de 4,7 millions d’euros.

Au début de la saison 2019-20, Ralf Rangnick l’a amené chez les Roten Bullen. Il travaillait en parfaite harmonie avec Nagelsmann mais, malgré une belle troisième place, il ne s’entendait guère avec le directeur général, Oliver Mintzlaff. Ex-étudiant en sciences commerciales, Krösche passe pour avoir l’esprit d’équipe. C’est un homme agréable, structuré et qui a des principes. Sa première mission consistera à trouver un nouvel entraîneur car Adi Hütter prend la direction de Gladbach, et Schmidt, qui veut aller au bout de son contrat au PSV, a refusé.

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