La vie après Dries Mertens et Lorenzo Insigne : Napoli sous le charme de « Kvaradona »

Ceux qui pensaient que Naples allait éprouver quelques difficultés après les départs du capitaine Lorenzo Insigne et de la légende vivante Dries Mertens se sont peut-être trompés. Le Partenopei, malgré un partage à la Fiorentina, ont démarré leur saison à 100km/h et cette forme est dû en grande partie à un nouveau venu inconnu mais qui attire déjà tous les regards: Khvicha Kvaratskhelia.

« Notre masse salariale est beaucoup trop élevée. L’AC Milan a remporté le titre après quelques années de construction et avec des dépenses en salaires inférieures aux nôtre. Nous devrions pouvoir le faire aussi », déclarait avant l’été le bouillant président du Napoli, Aurelio De Laurentiis, quand on l’interrogeait sur les contrats et l’avenir de Lorenzo Insigne, Kalidou Koulibaly et Dries Mertens. Le trio de vedettes du Napoli des cinq dernières années possédait avec des contrats surévalués. Les trois hommes sont partis peu de temps après ces propos présidentiels. Insigne s’était déjà engagé dès le mois de janvier avec Toronto, en MLS, même s’il n’a rejoint son nouveau club qu’en juillet, Koulibaly est parti à Chelsea et Mertens s’est envolé pour Istanbul afin de commencer une nouvelle aventure à Galatasaray. Un quatrième joueur important, Fabian Ruiz, pourrait également plier bagage d’ici la fin du mois.

Les fans napolitains attendaient leur équipe au tournant, surtout après une autre déclaration de De Laurentiis concernant Koulibaly et les joueurs issus de son continent. « Je n’engagerai plus jamais d’Africains, surtout si je dois les laisser partir pour la CAN en janvier », avait-il lancé. Les tifosi, lassés des frasques de leur président et qui lui demandent de partir chaque semaine, n’étaient pas heureux de ces propos et se demandaient si leur équipe serait capable de rivaliser avec les autres équipes du top italien cette saison.

Kvara le sauveur

Quelques semaines plus tard, l’ambiance semble plus apaisée à l’ombre du Vésuve. Les Partenopei ont commencé la nouvelle saison avec une victoire éclatante 2-5 sur la pelouse de Vérone pour la journée inaugurale. Le week-end suivant, ils ont facilement battu Monza 4-0 au San Paolo et ce dimanche, ils ont pris un bon point chez une Fiorentina qui aspire à s’immiscer dans le haut du tableau cette saison. Avec un 7 sur 9 et neuf buts en trois rencontres, on peut parler de départ réussi. L’équipe est en tête de la Serie A à la différence de buts, mais à égalité avec l’AC Milan, la Lazio, l’Atalanta, Torino et l’AS Roma.

Napoli peut bien sûr remercier son entraîneur Luciano Spaletti pour avoir remis directement l’équipe sur les rails avec le matériel dont il dispose. Mais parmi ses nouveaux renforts, un en particulier a crevé l’écran lors des deux premières rencontres : Khvicha Kvaratskhelia. Le Géorgien de 21 ans a déjà inscrit trois buts et délivré deux passes décisives lors de ces deux rencontres et est meilleur buteur de la Serie A à égalité avec la star de la Juventus Dusan Vlahovic. Des chiffres inédits pour un débutant en Italie, surtout qu’au mois de juin, il évoluait encore au sein de la formation de division 1 géorgienne du Dinamo Batoumi. Kvara‘ est même le premier joueur de l’histoire du Napoli à trouver le chemin des filets à trois reprises lors de ses deux premières apparitions. De plus, il a marqué une fois du gauche, une fois du droit et une fois de la tête. Un joueur complet.

Khvicha Kvaratskhelia célèbre l’un de ses deux buts contre Monza au San Paolo. © belga

Parti de son pays à cause de la guerre

Qui parle encore de Lorenzo Insigne ou de Dries Mertens au stade Maradona aujourd’hui ? Tous les doutes sur la qualité du cru 2022-23 de Napoli ont déjà été balayés par le Géorgien de 21 ans. Kvaratskhelia a été formé au Dinamo Tbilissi, club géorgien de premier plan, et ensuite acquis de l’expérience à Rustavi, un autre club de Géorgie, à l’âge de 16 ans. Il prend ensuite la direction de la Russie à 17 ans où le Lokomotiv Moscou le veut à tout prix. Il s’agira finalement d’un prêt, mais un prêt très réussi puisque « Kvara » a notamment permis au club moscovite de décrocher un nouveau titre de champion de Russie.

Lors de l’été 2019, l’ailier dribbleur est rentré dans son pays natal, mais est finalement reparti en Russie un peu plus tard pour renforcer le Rubin Kazan. C’est là qu’il s’est vraiment fait repérer en enchaînant les prestations de qualité. En 73 apparitions avec un club désormais redescendu en D2 russe, il a planté 9 buts et donné 18 passes décisives. L’été dernier, plusieurs grands clubs viennent alors frapper à sa porte, la Juventus se montrant la plus intéressée. Le directeur technique bianconero de l’époque, Fabio Paratici, n’a pu conclure le deal car il est parti entre-temps à Tottenham, où il a essayé d’obtenir le prêt du Géorgien. Sans succès, puisque Kvara est finalement resté à Kazan.

Quelques mois plus tard, l’ailier a finalement pris la direction du Vieux Continent, mais pour d’autres raisons que sportives. Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il a choisi de quitter le Rubin Kazan et de rejoindre le Dinamo Batoumi en mars. Entre-temps, il s’est également prononcé clairement contre la guerre sur ses réseaux sociaux.

Contre Verone, Khvicha Kvaratskhelia a marqué son premier but en Serie A lors de la victoire 2-5 de Napoli.

Kvaramania

Son retour au pays, aussi bref fut-il, a été un grand succès. Il n’a joué que onze rencontres pour Batoumi, mais il a marqué huit fois et délivré deux passes décisives. Il a rapidement reçu le titre de joueur de la saison. En partie, parce qu’il existe une véritable « Kvaramania » en Géorgie. C’est une superstar là-bas. Dans ce pays, la passion du football est vraiment débordante. « Lors du dernier match que j’ai joué pour l’équipe nationale, les supporters se sont déplacés d’un côté du stade à l’autre pendant la mi-temps pour me voir de plus près. C’est incroyable », racontait-il au quotidien italien Il Mattino.

Après ce court passage à Batoumi, il a rejoint Naples, qui n’a dépensé que dix millions pour s’attacher ses services. Une somme qui apparaît modeste mais constitue un record pour ce championnat mideste. En Italie, Kvaratskhelia est déjà au coeur de toutes les attentions et a déjà hérité de quelques sobriquets: « Kvaragol », « Kvaravaggio », « Zizi » et bien sûr « Kvaradona » . Et comme si cela ne suffisait pas, selon les journaux italiens, de nombreux supporters ont déjà délaissé la pizza pour le chatsjapuri, un plat géorgien à base de pain, de fromage et d’œufs. Ce n’est peut-être pas une histoire vraie, mais cela montre à quel point les supporters napoilitains sont déjà attachés à « KK77 », quelques semaines après son arrivée en bordure de baie.

Le succès ne semble pas monter à la tête de Kvaratschelia. C’est une personne très timide et discrète en dehors du terrain. Il est très professionnel et n’est pas spécialement attiré par le luxe, les voitures ou les vacances dans des destinations exotiques. Sa maison actuelle traduit d’ailleurs cette mentalité simple. Il n’a pas choisi un appartement sur la côte de Naples, mais un appartement près du centre sportif de Castel Volturno, afin de pouvoir se concentrer pleinement sur le football et avoir le moins de distractions possible. Mais pourra-t-il tenir le coup si les Napolitains lui témoignent le même amour que celui porté jadis à Diego Maradona et Dries Mertens ?

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire