Scandales à répétition à la Fédération, propos injurieux sur Zinédine Zidane, prolongation de Didier Deschamps: les sombres dessous du football français

Il y a quelques mois, tout le monde voyait Didier Deschamps céder le témoin à la tête de l’équipe de France de football et être relayé par l’autre grande icône de la génération victorieuse de la Coupe du monde en 1998: Zinédine Zidane. Mais tout a changé ces derniers mois avec une finale de Coupe du monde et un DD désormais installé pour quatre ans encore à la tête des Bleus, au lieu des deux évoqués dans un premier temps. Dans la foulée, le président de la FFF, Noël Le Graët s’est permis des propos injurieux à l’encontre de  Zidane. Un raz-de-marée sans précédent qui a aussi permis de reparler de vieux dossiers peu reluisants sur la Fédération Française.

Le premier week-end complet de janvier 2023 aura déchaîné les passions dans l’Hexagone du ballon rond. Ce samedi, la prolongation du règne de Didier Deschamps à la tête de l’équipe de France était annoncée, sans surprise. Sans doute moins sa durée de quatre ans. Pourtant, quelques mois plus tôt, la prolongation du capitaine des Bleus lors du premier titre mondial français de 1998 était loin d’être une certitude. Au chômage depuis deux saisons et son départ du Real Madrid, Zinédine Zidane, qui refusait toutes les propositions qui lui étaient faites jusqu’ici, était vu comme celui qui allait entamer le nouveau chapitre de l’équipe de France. Même si par rapport à d’autres pays, on ne peut pas parler vraiment de nouveau cycle étant donné la richesse du vivier. En particulier dans la région l’île de France et dans la capitale.

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La France a souvent été divisée en deux camps quand on lui demandait son avis sur celui qui devait être amené à guider sa sélection pour les échéances de l’Euro 2024 et du Mondial 2026. Les résultats, mais pas la manière, étaient présents sous la conduite d’un Deschamps qui avait déjà pris en main la Juventus, Monaco ou Marseille avant de s’asseoir sur la banquette tricolore. Une Coupe du monde, une Ligue des Nations et deux finales de grands tournois majeurs (un Euro et un Mondial), difficile de faire mieux. Le premier quart de finale obtenu lors de la Coupe du monde au Brésil semblait un résultat assez logique au vu du potentiel naissant d’une équipe n’ayant pas encore refermé totalement les blessures de Khysna quatre ans plus tôt. Seule l’élimination dès les 1/8e de finale du dernier Euro ternissait le bilan de la Dèche à la tête de sa sélection. Un revers qui aurait en principe dû amener un changement de direction à la tête de l’équipe, mais il n’en sera finalement rien. La faute à la patte de lapin (ou la chatte selon vos préférences) qui accompagne le Bayonnais depuis son arrivée dans le costume de T1 bleu.

Le retour de Karim Benzema en équipe de France et les zones d’ombre sur sa blessure au Mondial ont terni le bilan de Didier Deschamps (Photo by David S. Bustamante/Soccrates/Getty Images) © belga

Un climat délétère avant le Mondial au Qatar

Il faut bien avouer que le climat pré-Mondial n’incitait pas à miser une somme importante sur un maintien de Deschamps à son poste. Malgré le retour plutôt réussi de l’enfant prodigue Karim Benzema, écarté de la sélection pendant près de 5 ans et le gain de la Ligue des Nations (une compétition cependant jugée de second rang aux yeux des observateurs), l’ambiance s’est considérablement dégradée dans la maison bleue au cours des derniers mois. Paul Pogba se déchire avec ses frères et de sombres histoires de maraboutage sur Kylian Mbappé sont révélées dans la presse, des cadres comme Ngolo Kanté (et Pogba) sont contraints de renoncer au Qatar en raison de blessures et l’état de forme d’autres, comme Raphaël Varane et Antoine Griezmann, est entouré de points d’interrogation. Et c’était sans compter sur le nouveau soap autour d’un Benzema tout juste récompensé du Ballon d’or.

Annoncé forfait pour blessure avant le coup d’envoi du tournoi mondial, il a publié pendant celui-ci plusieurs posts énigmatiques sur les réseaux sociaux. Ils laisseront rapidement penser que d’autres éléments négatifs pourissaient l’ambiance au sein d’un groupe qui ne vivait pas si bien, selon la formule largement popularisée par Aimé Jacquet avant le premier sacre mondial de 1998. Autant dire que beaucoup voient bien les Bleus dévisser dans le Moyen Orient. Mais finalement, ils passeront à deux doigts de broder une deuxième étoile consécutive sur leur maillot. Il s’en est finalement fallu que d’une séance de tirs au but.

Didier Deschamps était sans doute déçu au dernier coup de sifflet de la finale de la Coupe du monde, mais ce résultat a certainement renforcé sa position à la tête de l’équipe. (Photo by Marvin Ibo Guengoer – GES Sportfoto/Getty Images)

Il y a quatre ans, le collectif et le pragmatisme du jeu français avaient été les clés de la conquête du monde en territoire russe. Impossible de sortir un nom en particulier d’un onze sans folie, mais particulièrement injouable pour ses adversaires, malgré un plan de jeu basique et peu sexy concocté par le pensionnaire sur le banc. Hugo Lloris, Varane, Pogba, Kanté, Griezmann ou Mbappé, tout le monde a son avis sur le vrai héros de 2018. Un manque d’unanimité qui coûtera sans doute le Ballon d’or à un Français cette année-là.

En 2022, avec les nombreux forfaits enregistrés, la Dèche a annoncé vouloir s’appuyer sur un noyau dur restreint et n’a pas remplacé certains des absents de sa sélection alors qu’il en avait le droit. Portée par les buts d’un Olivier Giroud avec lequel Deschamps n’a pas toujours été réglo lors du retour de Benzema, le sens tactique hors-norme de Griezmann et les coups d’éclat d’Mbappé, la France apparaissait toujours aussi forte, même si elle semblait moins imprenable qu’il y a quatre ans. La qualification difficile face au Maroc et le néant footballistique affiché pendant plus d’une heure contre l’Argentine pousseront même Deschamps à revoir ses principes conservateurs en « punissant » Giroud et Griezmann et en lançant des Marcus Thuram et Randal Kolo Muani à qui l’on avait pourtant assuré que leur meilleure place pour regarder la compétition se trouverait sur le banc.

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Noël Le Graët s’attaque à Zidane et les cadavres dans les armoires ressortent

Dans ces conditions, Didier Deschamps se présentait à nouveau en position de force au moment où son contrat arrivait à échéance. Soutenu depuis toujours par Noël Le Graët, président de la Fédération, il avait en plus le luxe de décider de son avenir. Et même d’en déterminer la durée. Le loyal DD, qui s’était toujours tu lorsque la FFF était égratignée dans les médias, devenait quasiment le marionnettiste de Le Graët.

Depuis l’annonce de la retraite internationale de Karim Benzema, même si celle-ci s’expliquait aussi pour des raisons logiques d’âge avancé, l’on avait compris que les chances de voir Zidane s’installer sur le banc des vice-champions du monde s’étaient réduites à une peau de chagrin. Mais ce que Noël Le Graët ignorait sans doute, c’est que l’icône du sport français, sans piper mot sur son sort, allait se révéler une balle tirée dans son pied. Par ses propres soins qui plus est.

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L’octogénaire président breton traîne une peu flatteuse réputation d’homme libidineux assez porté sur la bouteille. Sans doute sous l’influence de cette dernière, il se lance dans une longue diatribe dans l’émission de RMC Bartoli Time, animée par l’ex-lauréate de Wimbledon Marion Bartoli. Il commence à défendre la prolongation de Deschamps en tenant ensuite des propos déplacés à l’encontre de Zizou. « Je ne l’aurais même pas pris au téléphone, a-t-il lâché. Pour lui dire quoi ? ‘Bonjour monsieur, ne vous inquiétez pas, cherchez un autre club, je viens de me mettre d’accord avec Didier’ ?« .

A une question sur un intérêt supposé du Brésil pour Zidane,le président de la FFF en remet une couche: « J’en n’ai rien à secouer, il peut aller où il veut, dans un club, il en aurait autant qu’il veut en Europe, un grand club« . Raz-de-marée d’indignation sur les réseaux. En quelques mots, Le Graët s’est plus mis à dos l’Hexagone qu’Emmanuel Macron en six ans de mandat. Une sacrée prouesse.

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Anonymes, personnalités médiatiques et du football, tout le monde s’emporte. Kylian Mbappé et la ministre des Sports y vont de leur salve. Sans doute celles de trop pour un Le Graët qui présentera ses excuses dès le lendemain en prenant au passage un dernier taquet d’Hugo Lloris, qui a annoncé sa retraite internationale le même jour. Mais ceux-ci n’empêcheront pas Emmanuel Macron, le président du pays, d’exprimer sa déception par la bouche de sa Ministre des Sports. « Ces Fédérations ont des ressorts pour répondre à des problèmes de gouvernance de différents types. Les textes prévoient aussi à certains moments au ministère des Sports de prendre la main. En priorité, les instances de la Fédération ont des outils pour traiter ces problèmes. Le président de la République est vraiment déçu et vraiment heurté quand de tels propos sur une légende du sport français et mondial sont tenus », a déclaré Amélie Oudea-Castera dans des propos rapportés par RMC Sport à l’occasion d’une conférence de presse.

La polémique née du non respect d’un joueur qui aura marqué le sport français relance cependant d’autres casseroles qui traînent derrière le dos de Noël Le Graët et de la Fédération Française de Football. Les propos à l’encontre de l’ancien numéro 10 bleu ne sont évidemment pas grand chose en comparaison des cadavres disséminés un peu partout dans les armoires du Boulevard de Grenelle, à Paris.

Président libidineux, pédophiles « couverts », la Fédération Française dans l’oeil du cyclone

Scandales financiers, racisme, harcèlement sexuel, agissements pédocriminels couverts pendant près de 40 ans et propagande en faveur du Qatar, tout y passe. Le journaliste Romain Molina enquête depuis longtemps sur les dérives au sein de la plus importante institution du football français. Certains de ses articles sont parus dans le NY Times ou le Guardian, mais ont eu nettement moins d’écho au sein de son pays natal. Dans ceux-ci, ainsi que dans des vidéos publiées sur sa chaîne YouTube, Molina assure que l’actuel président de la FFF et d’autres responsables ont dissimulé de nombreux cas d’abus sexuels depuis les années 80. Le journaliste affirme d’ailleurs que la loi du silence s’applique plus que jamais au sein de l’institution. Il accuse aussi la LFP (Ligue Professionnelle de Football qui gère notamment la Ligue 1) et les clubs.

Les cas d’abus de joueurs mineurs impliqueraient des entraîneurs, des agents ou encore des hauts fonctionnaires de l’élite du football tricolore. Et ce scandale n’épargne personne, homme comme femme. Ainsi, deux cas précis sont mentionnés par Romain Molina. Celui d’Angélique Roujas, une ancienne coach en charge de la section féminine du centre national de formation de Clairefontaine. Elle a reçu son C4 de la FFF pour avoir eu des relations sexuelles avec des mineures. Si le président Noël Le Graët a alerté par courrier le procureur de la République, le journaliste indépendant affirme aussi que cette entraîneuse a continué à travailler auprès d’enfants dans les années suivantes.

Une ancienne joueuse de Clairefontaine a aussi témoigné sous couvert d’anonymat : « J’ai été victime d’elle à Clairefontaine. Je sais ce qu’il s’est passé et je sais à quel point ça a été dur de me reconstruire. Aujourd’hui encore, je ne sais pas si je veux en parler publiquement, car c’est douloureux et que je ne sais pas si je serais soutenue. J’en ai parlé à des adultes de la fédération à l’époque, dont Brigitte Henriques, qui était vice-présidente à l’époque, mais que s’est-il passé ? Rien. Ils n’ont rien fait. »

Un homme a été aussi renvoyé par l’instance pour un comportement inapproprié envers un jeune de 13 ans, toujours à Clairefontaine. Si la Fédération a agi dans ces cas précis en renvoyant les personnes concernées, elle n’a pas toujours fait écho de ces faits auprès du gouvernement ou des hautes instances sportives, contrairement à ce que stipule la loi en vigueur dans le pays. Ce n’est certes pas un crime, mais cela demeure une infraction à la loi. Une enquête et un audit sont d’ailleurs menés par le Ministère des Sports à la demande d’Amélie Oudea-Castera, la ministre de tutelle. Mais n’était-ce pas plutôt celui de la Justice qui aurait dû prendre en charge un dossier aussi lourd ?

La ministre des Sports Amélie Oudea-Castera.(Photo by GEOFFROY VAN DER HASSELT/AFP via Getty Images) © Getty

Le magazine So Foot a publié une enquête, parue le 8 septembre dernier, où il évoque les SMS à caractère sexuel envoyé par le président Le Graët à plusieurs employées de la FFF. Suite à ces révélations, ce dernier a porté plainte pour diffimation, même si ce n’est pas la première fois que le caractère libidineux de l’octogénaire à la tête du football français est épinglé. D’autres médias vont d’ailleurs emboîter le pas en enquêtant sur le comportement du tonton gênant breton. Malgré cela, les réactions publiques restent rares. Les politiques jouent les grandes muettes au même titre que la Fédération. Les polémiques comme le char à voile d’Mbappé et de son entraîneur au PSG, Christophe Galtier, semblent plus intéresser la Première ministre Elisabeth Borne. Cependant, des enquêteurs du ministère des Sports vont venir à la Fédération pour entendre les principaux dirigeants et éplucher les différents documents afin de vérifier les affirmations publiées dans So Foot. A l’heure actuelle cela n’a encore rien donné et les investigations se poursuivent.

Une nouvelle affaire d’Etat ?

L’imbrication entre le monde politique et la Fédération est assez marquée. Et pas spécialement plus depuis l’ère Macron, même si l’on a vu ce dernier rigoler avec Noël Le Graët dans les tribunes des stades au Qatar et que l’on sait qu’il est proche de Deschamps, parrain notamment de l’opération caritative « pièces jaunes » dont est en charge la première dame de France Brigitte Macron.

Dans le dossier Roujas, évoqué plus haut, une enquête diligentée par le Ministère des Sports a eu lieu en 2021 alors que les faits de pédocriminalité qui lui sont reprochés remonteraient à une période de deux ans entre 2013 et 2015. Elle n’a pas été condamnée à cause de la prescription des faits… pour trois semaines. Le dossier des gendarmes a été pourtant remis deux mois avant l’échéance au procureur qui le classera ensuite pour prescription. Un magistrat qui, depuis lors, a été promu au Ministère de la Justice.

Dans l’affaire qui concerne David San José, un responsable éducatif accusé d’agression sexuelle sur mineur en 2020, les magistrats se sont trompés de chef d’accusation et il n’a pas été sanctionné. En octobre 2021, le directeur financier de la Fédération Française de football a été condamné par les Prud’hommes pour harcèlement sexuel. L’instance suprême du ballon rond hexagonal a été jugée pour avoir ignoré ses « obligations de sécurité » envers un employé. Mais la Justice, elle, est restée inactive. Divers parlementaires, élus sont d’ailleurs proches de membres importants de la Fédération Française. Citons le cas de Karl Olive, maire de Poissy et désigné par le comité exécutif de la Fédération pour être son représentant au sein du conseil d’administration de la Ligue. Olive comme le nom de jeune fille de Brigitte Henriques, actuelle présidente du Comité Nationale Olympique Français… L’ancienne internationale française n’est autre que la soeur de l’élu et fut la numéro 2 de Noël Le Graët avant de changer de fonction.

Le président français Emmanuel Macron n’a jamais désavoué publiquement Noël Le Graët mais la situation pourrait-elle changer dans les prochaines semaines ? (Photo by GABRIEL BOUYS / AFP) (Photo by GABRIEL BOUYS/AFP via Getty Images)

Ce n’est là qu’une partie des sombres dessous de la FFF. Mais c’est finalement une phrase, certes peu avenante mais loin d’être dramatique, qui pourrait paradoxalement coûter sa tête au président de l’instance. Quoique…

Lundi, lors d’une conférence de presse, la Ministre française des Sports a enjoint le comité exécutif (Comex) de la Fédération française à « prendre ses responsabilités ». Elle n’a cependant pas demandé clairement la démission du dirigeant. Pourquoi ?

Le pouvoir politique n’a pas la possibilité de démettre de ses fonctions le président de la FFF, une association régie par la loi du 1er juillet 1901. L’instance dispose toutefois d’une délégation de service public. A ce titre la Fédération de football bénéficie de subventions de l’Etat en échange desquelles elle s’engage à déployer une stratégie « portant sur la protection de l’intégrité physique et morale des personnes, en particulier des mineur(e) s, la préservation de l’éthique et de l’équité des compétitions sportives, les concertations engagées avec les acteurs représentatifs, notamment les sportifs (ves) et les entraîneur(e) s, le développement durable, la bonne gouvernance de l’instance comme de ses Ligues et Districts ». Une mission écrite noire sur blanc sur le site de la FFF.

« Ces missions de service public sont un peu symboliques car la Fédération de football, très puissante financièrement, peut se passer de financements publics. C’est d’ailleurs l’une des seules qui ne disposent pas de cadres techniques de l’Etat en son sein. Le système Français est fait de telle sorte que les aspects sociétaux du football comme le supporterisme ou le racisme sont renvoyés à l’Etat et la Fédération se concentre sur l’aspect sportif. C’est un système qui pour moi, irresponsabilise les dirigeants de la FFF. On a vu avec la Coupe du monde que Qatar que certaines questions, qu’on ne se posait pas avant, s’imposent maintenant à la FFF. Et ça va continuer« , expliquait à la chaîne Public Sénat Patrick Mignon, sociologue du sport.

C’est d’ailleurs au titre de cette délégation de service public que le ministère des Sports avait commandé un audit il y a quelques semaines afin d’éclaircir la gestion de l’instance en matière de violences sexistes et sexuelles. Ce mardi, l’agente de joueurs Sonia Souid en a remis une couche sur le comportement inapproprié de Noël Le Graët avec un message vocal du principal intéressé, qui a été entendu le même jour par le ministère des Sports, dans le cadre de cet audit.

Le précédent de Khysna

En raison de l’absence de lien hiérarchique, le gouvernement ne peut que faire pression sur la Fédération. Et ce n’est pas la première fois que cela arrive dans l’histoire du ballon rond français. En 2010, après le fiasco de Khysna, le président de l’époque, Jean-Pierre Escalettes, avait finalement quitté ses fonctions à la tête de la FFF. La ministre des Sports de l’époque, Roselyne Bachelot avait jugé son départ « inéluctable ». « Les joueurs ne doivent toucher aucune rémunération, le sélectionneur s’en va […] le dernier acteur de ce désastre est la Fédération« , avait-elle affirmé. S’il n’y avait pas eu d’audit au sein de la FFF, une commission d’enquête parlementaire avait été mise en place à l’Assemblée nationale.

Selon franceinfo, des membres du comité exécutif de la Fédération Française de Football tentent désormais de convaincre Noël Le Graët de convoquer un Comex, un comité exécutif extraordinaire, afin qu’il puisse s’expliquer sur ses propos à l’égard de Zinédine Zidane et sur les accusations dont il fait l’objet.

Le Breton, dont le mandat à la tête de la FFF expirera en 2024, n’est statutairement pas menacé. Selon l’article 12 du règlement de la Fédé, seule l’Assemblée fédérale composée des représentants des clubs amateurs et professionnels peut mettre fin au mandat du Comité Exécutif « avant son terme normal » par un vote à bulletin secret à la majorité absolue.

Le gouvernement français aimerait bien remplacer Noël Le Graët par Michel Platini à la tête de la FFF. De quoi faire tirer la gueule à Didier Deschamps ? (Photo credit should read FREDERICK FLORIN/AFP via Getty Images) © GettyImages

Le retour de Michel Platini en pleine lumière ?

Il n’empêche que certaines manoeuvres auraient débuté en coulisses afin de lui couper la tête. Selon le quotidien L’Equipe et le journaliste Daniel Riolo, Emmanuel Macron ne compte pas en rester là et ne fera aucun cadeau à un octogénaire qui n’incarne sans plus aucun avenir pour le football hexagonal. Le gouvernement aimerait bien confier la présidence de la Fédération Française à Michel Platini, l’ancien big boss de l’UEFA et autre légende des Bleus. Une solution dont l’on peut se poser la question de la pertinence quand on sait qu’il traîne aussi derrière lui ses propres casseroles. Acquitté en juillet dernier dans le dossier de soupçons d’escroquerie, abus de confiance et gestion déloyale qui pesaient sur lui, Platoche n’est pas encore totalement sorti d’affaire puisque la FIFA a interjeté appel. Un sujet qui devrait être abordé lors de la discussion qu’il a programmée le mois prochain avec Amélie Oudéa-Castéra.

Quant à savoir si ce changement de numéro 1 aura un impact sur le contrat nouvellement signé par Didier Deschamps, il est sans doute encore trop tôt pour le dire. La Dèche imaginait sans doute se placer à long terme au sein de la FFF et pourquoi pas en briguer un jour la présidence. Face au risque d’une mise à l’écart de Le Graët, Deschamps est resté silencieux. Pas un mot concernant la sortie de son président sur Zinédine Zidane alors qu’il a commenté la retraite internationale d’un Lloris qui a évoqué le sujet brûlant de ce début de semaine.

On le sait, les deux héros de 1998 ne sont pas en très bons termes. DD ne serait d’ailleurs même plus présent dans un groupe What’sapp des anciens de cette époque si l’on en croit Christophe Dugarry, qui est surtout un grand ami de Zidane. Mais Emmanuel Petit a confirmé cette distance entre les deux parties : « Le fait que Deschamps privilégie son lien avec Le Graët plutôt qu’avec France 98 ? Chacun essaie de voir son propre intérêt lorsqu’il y a son destin professionnel en jeu donc je ne peux pas lui en vouloir pour ça. En revanche, par rapport à ce que l’on a vécu tous ensemble, et qu’on vit encore ensemble. Deschamps ? Il ne vient plus, je ne sais pas pourquoi. Peut-être qu’il a des problèmes avec certains joueurs, je n’en sais rien. »

Le sélectionneur français osera-t-il sortir du bois dans les prochains jours, quitte à désavouer celui envers lequel il s’est toujours montré loyal ? C’est sans doute ce qu’il aurait de mieux à faire pour continuer à bien placer ses pions et construire ses nouvelles ambitions. A moins que son conservatisme et sa prudence le perdent ou qu’il n’ait peur que son nom remonte en cas de « trahison ». Beaucoup le soupçonnent en effet d’avoir fermé aussi les yeux sur certains des agissements répréhensibles au sein de la Fédération de football. Et si tel était le cas, il lui faudrait plus qu’une chatte pour en sortir indemne.

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Le bilan chiffré de Deschamps à la tête des Bleus

En 139 rencontres dirigées sur le banc français, Didier Deschamps a vécu 89 succès, soit un pourcentage de 64%. Sur le plan comptable, le Bayonnais fait partie des meilleurs sélectionneurs de l’histoire. En Coupe du Monde, il a engrangé 47 points pris en 20 rencontres. Cest le troisième total le plus élevé dans l’histoire de la compétition pour un entraîneur. Seuls l’Allemand Helmut Schön avec 53 points et le Brésilien Luiz Felipe Scolari avec 49 font mieux que DD. Avec 2,35 points pris par match, sa moyenne est la dixième meilleure, si on la compare à celles de ses concurrents cumulant plus de cinq rencontres.

Il affiche l’un des meilleurs bilans de l’histoire des Bleus. Il possède aujourd’hui la quatrième meilleure moyenne de points (2,11) parmi tous les sélectionneurs hexagonaux ayant dirigé plus de dix matches. Si Jacques Santini présente la meilleure moyenne (2,50), il n’a cependant rien gagné avec la France. Le contraire des deuxième et troisième de ce classement. Aimé Jacquet (2,26) a mené au titre mondial de 1998 et son adjoint de l’époque qui lui a ensuite succédé, Roger Lemerre, a pris 2,17 points de moyenne, tout en remportant l’Euro 2000 sur les terres belge et néerlandaise.

En 2022, Deschamps a aussi lancé 10 nouveaux joueurs en sélection: Christopher Nkunku, Jonathan Clauss, William Saliba, Boubacar Kamara, Ibrahima Konaté, Youssouf Fofana, Benoît Badiashile, Randal Kolo Muani, Adrien Truffert et Axel Disasi. C’est le plus grand nombre depuis sa prise de pouvoir en juillet 2012. Des choix qui l’ont aussi aidé à se présenter comme l’homme capable d’installer un changement de génération ?

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