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Quand la Chine espionne la Belgique

Jan Hauspie
Jan Hauspie Jan Hauspie is redacteur bij Sport/Voetbalmagazine.

Oubliez la Premier League et les Qataris : voici la République populaire de Chine. Dont le président adore le football, devenu une matière à l’école primaire. La Chine ne recule pas devant un peu d’espionnage et a repéré la Belgique. Son ambition ? Le titre mondial en 2050.

De jeunes joueurs en stage en Belgique, des matches amicaux sur nos terrains, des investisseurs dans de nombreux clubs européens et un mercato fou mené par ses clubs, la Chine est en train de débarquer dans le foot mondial. Et ce n’est pas tout. Le pays envoie également des entraîneurs se former sur notre continent. Bart Lammens, président de Saint-Trond confirme:  » Shanghai SIPG nous a dit vouloir envoyer des enseignants afin que les talents puissent poursuivre leur scolarité ici. C’était un problème pour nous car il n’y a pas de place pour des adultes dans notre internat. Le troisième club avec lequel nous avons discuté a demandé s’il pouvait envoyer des coaches. Pas pour entraîner leurs joueurs mais pour être formés. « 

Est-ce une forme d’espionnage industriel? Lammens:  » Tout le monde veut s’imposer en football. La Chine est très franche à ce propos. Comparez-la aux Qataris d’Aspire. Ils ne veulent pas seulement organiser la Coupe du Monde, ils veulent être champions du monde. C’est pour ça qu’ils viennent en Europe, même en Belgique, à Eupen. « 

Jurgen Van der Velde sourit.  » Saint-Trond se fait rouler dans la farine. Les Chinois viennent en Europe pour analyser la formation des jeunes. Ils sont infiltrés. Ils copient les entraînements. Partout. Depuis qu’elle est numéro un mondial, la Belgique attire l’attention des Chinois. Les stages et les tournois belges vont recevoir des demandes de Chine. « 

Van der Velde connaît le mode de fonctionnement de la Chine. Le Bruxellois, qui a défendu le but du RWDM en D1, a rapidement poursuivi sa carrière dans des divisions inférieures. Il y a treize ans, son travail l’a conduit à Taiwan. Il dirige maintenant une société de conseil belgo-chinoise. Depuis novembre 2014, il est impliqué dans un projet footballistique à Pékin.  » Nous formons une équipe professionnelle qui sera reprise par un club de D1 ou de D2. Je suis aussi directeur technique d’une académie de 500 joueurs et j’ai lancé une école pour gardiens. « 

Van der Velde évoque ici des académies indépendantes des clubs. Celles-ci collaborent souvent avec des écoles classiques. Depuis septembre dernier, le football est une matière obligatoire dans des dizaines de milliers d’écoles. On a publié des tas de livres scolaires sur le football. Parce que c’est la volonté du président.

Des milliers d’académies privées

Dans sa quête de jeunes enseignants pour les écoles partenaires de son académie, Van der Velde a recruté quelques compatriotes. Céderique Tulleners, entraîneur des jeunes à OHL, a relevé le défi.  » Ma société s’appelle Club Football China « , explique Tulleners.  » Je parle de société car nous ne sommes pas liés à un club. On pourrait dire que c’est un club indépendant mais nous n’avons pas d’équipe première. Nous ne nous occupons que de la formation. Il s’agit moins de faire monter des talents que de gagner de l’argent. Notre société se mue toutefois en véritable académie. « 

Club Football China est, d’après Tulleners, la plus grande école de football Nike d’Asie. La marque considère ça comme une pub. Le jeune Belge coordonne et entraîne ce qu’il appelle des équipes de sélections, alignant les meilleurs et jouant dans un championnat organisé par ses soins entres les écoles de football du district Est de Pékin.  » Pour le moment, nous allons jusqu’aux U15 mais nous comptons aller jusqu’en U21. « 

Mads Davidsen a assisté à toute l’entreprise.  » Il y a des académies privées partout en Chine. Des dizaines de milliers. It’s a money machine.  » Davidsen est l’adjoint danois de Sven-Göran Eriksson à Shanghai SIPG. Il entame sa quatrième saison en Chine.  » Si vous êtes choqués, c’est parce que vous ne vous êtes jamais occupés de ce côté du monde. Pour moi, ce n’est qu’un pas de plus dans un processus en mouvement depuis des années. Franchement, à mon arrivée ici, le niveau n’était pas bon mais depuis, il s’est incroyablement amélioré. Quand vous engagez un homme comme Sven, vous prenez tout un staff. Cela entraîne la professionnalisation de tous les niveaux. « 

Par Jan Hauspie

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