Liverpool: l’amour ne dure-t-il que sept ans pour Jürgen Klopp ?

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Liverpool reprendra sa saison ce jeudi avec un duel de League Cup contre Manchester City. Le lendemain de Noël, le championnat reprendra ses droit avec un déplacement à Aston Villa. Il semble que le football de Jürgen Klopp se heurte à l’usure du temps.

Par Daniel Theweleit

C’est une image plutôt inhabituelle que nous a donnée Jürgen Klopp lors d’une conférence de presse d’avant-Mondial où il avait été confronté à une déclaration de son ancien joueur Dietmar Hamann. Ce dernier évoquait le jeu très médiocre de Liverpool et le technicien allemand avait pris cette remarque très à coeur. Hamann, qui a défendu les couleurs des Scousers pendant sept ans entre 1999 et 2006, a affirmé que l’équipe manquait d’étincelle, « J’espère qu’ils sauront d’où viendra l’étincelle, mais est-ce la fin d’une époque? », avait sous-entendu l’Allemand qui avait remporté la Ligue des Champions en 2005. Visiblement vexé, Klopp s’est laissé aller au sarcasme, en souriant et en qualifiant Hamann « de source fantastique qui est très estimée partout ». L’entraîneur des Reds a ensuite déclaré que ce dernier n’avait pas le droit d’interférer dans son équipe. « Surtout si vous n’êtes pas au courant ».

Cette réponse caustique de Klopp à une remarque tout à fait anodine en dit long sur la frustration qui fulmine en lui. Liverpool, qui s’est retrouvé à un moment en milieu de tableau, a déjà subi quelques défaites embarrassantes. Il ne pointe qu’à une sixième en Premier League et accuse déjà 15 points de retard sur Arsenal. Et même si les Scousers s’en sortent bien en Ligue des champions, la crise dans la compétition nationale n’est pas sans rappeler les souvenirs du jeu défaillant d’une équipe dirigée par Klopp. Comme lors de sa dernière saison au Borussia Dortmund. Il y a travaillé pendant sept ans, après être resté pendant la même période à Mayence 05. L’Allemand a posé ses valises à Anfield Road à l’automne 2015. Cela fait donc désormais aussi sept ans.

PAS D’ESPRIT D’INNOVATION

Si Jürgen Klopp ne veut pas parler de cycle, il existe pourtant des parallèles à faire. À Dortmund, on disait que le gegenpressing prôné par le natif de Stuttgart avait pris trop de poids et que la combinaison d’un football aussi intense avec un calendrier surchargé entraînait des blessures à répétition et plus de fatigue dans les organismes. On fait alors souvent référence à Pep Guardiola qui, avec son concept basé sur la possession du ballon, offre plus de possibilités de repos que le football intense prôné par Jürgen Klopp. Liverpool, écrit The Guardian, n’est plus capable de reproposer le football surpuissant d’il y a quelques années. Les raisons possibles peuvent être les fatigues mentale et physique.

C’est comme si Klopp n’y connaissait plus rien en matière de football. À Dortmund, on se demandait si l’entraîneur manque d’esprit d’innovation. Et Carlo Ancelotti a déclaré en mai, après avoir remporté la Ligue des champions avec le Real Madrid contre Liverpool, qu’ils sont plus faciles à déjouer que les autres grandes équipes du continent. « Liverpool a une identité de jeu très claire et nous savions très bien quelle stratégie adopter pour les battre », avait confié le technicien transalpin.

(Photo by Nick Taylor/Liverpool FC/Liverpool FC via Getty Images)

C’est comme si tous les succès de Jürgen Klopp avaient été balayés d’un revers de la main. L’Allemand défend sa philosophie et affirme qu’il est impossible de ralentir le rythme d’une équipe qui joue sur la rapidité et la puissance. C’est de cette manière que Klopp a remporté la Champions League en 2019 et qu’il est redevenu champion d’Angleterre avec Liverpool en 2020, après 30 ans d’attente pour le club. Il ne changera pas sa manière de jouer. « Les résultats », dit-il, « ne dépendent que des joueurs. » Klopp s’en tient aussi à un noyau dur. Dans l’équipe actuelle, on retrouve encore neuf éléments présents lors du sacre européen de Liverpool en 2019.

UN EFFECTIF TROP PEU RENOUVELE

C’est peut-être aussi ce côté humain qui rend le coach allemand si populaire auprès de nombreux joueurs et supporters. Mais en même temps, c’est aussi le problème de Liverpool. Le Borussia Dortmund était très identifié à Klopp à l’époque et le même schéma se reproduit aujourd’hui à Liverpool. Il y a d’ailleurs pas si longtemps que cela, lors d’un hommage, une fresque géante de Jürgen Klopp dans une pose jubilatoire a été dévoilée dans la ville.

C’est justement Manchester City, champion à quatre reprises au cours des cinq dernières années, qui montre cette saison comment il faut reconstruire un effectif. Un nouvel avant-centre de classe mondial a été recruté avec Erling Haaland. Guardiola a ajusté sa tactique pour s’adapter aux qualités de sa recrue norvégienne alors que tout le monde connaît son amour des milieux de terrain au détriment parfois des attaquants.

Le contrat de Jürgen Klopp à Liverpool court jusqu’à la fin de l’exercice 2026. Lorsqu’il a prolongé son contrat en avril dernier, Klopp a déclaré qu’en tant qu’entraîneur: « Vous devez toujours vous demander s’il est bon pour vous de rester dans un club aussi longtemps. » Dans ce contexte, la situation actuelle doit évidemment faire mal au natif de Stuttgart. Il n’est donc pas surprenant que sa réaction aux critiques fut si acide.

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