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« Pourquoi Kevin De Bruyne ferait mieux de quitter Manchester City »

Steve Van Herpe
Steve Van Herpe Steve Van Herpe est rédacteur de Sport/Voetbalmagazine.

L’adieu imminent de Pep Guardiola, une suspension européenne, les conséquences de la crise du coronavirus,… Non, une séparation entre KDB et Manchester City ne serait pas si inattendue que ça.

Dans sa vidéo de présentation à Manchester City en août 2015, on découvre un Kevin De Bruyne plutôt mal à l’aise. Lors de son premier jour avec les Citizens, un caméraman l’a suivi toute la journée. Nous voyons le Diable Rouge montrer des photos de son chat sur son smartphone au photographe maison de City. KDB devient encore plus mal à l’aise.

Il a alors 24 ans et sur un ton presque apologétique, il dit: « Je veux juste aider l’équipe et j’espère qu’à la fin de la saison, nous pourrons gagner quelques titres. C’est la principale chose que je veux faire ici. »

Et il a en effet remporté quelques prix à Manchester City: deux titres, une FA Cup et quatre Coupes de la Ligue. Seule la gloire européenne manque pour le moment. Cela pourrait arriver cette saison: en 1/8 de finale de Ligue des champions, City a pris une belle option face au Real Madrid (victoire 1-2 au Bernabéu).

Mais pour une raison inconnue, la magie entre Pep Guardiola et la ‘coupe aux grandes oreilles’ n’a plus fonctionné depuis que l’entraîneur a quitté le Barça. Les choses ont mal tourné à trois reprises : au Bayern, et aussi à Manchester City, où il en est à sa quatrième saison sans titre européen.

Le contrat du Catalan à City expirera à l’été 2021 et Joan Laporta souhaite ramener Guardiola à Barcelone. Laporta tentera en juin 2021 de briguer à nouveau la présidence du Barça. Il devra l’emporter sur son plus grand concurrent, Victor Font, qui pousse pour ramener Xavi en tant qu’entraîneur.

D’autres grands clubs qui veulent aussi attirer Guardiola. Certes, le destin de De Bruyne n’est pas lié à celui de Pep, mais le fait est que les deux ne manquent pas une occasion de montrer leur admiration respective.

Plus encore que l’avenir de Guardiola, il existe d’autres leviers qui pourraient pousser KDB à quitter Manchester City.

Deux obstacles

En janvier 2018, le contrat de De Bruyne à Manchester City a été revu à la hausse. Depuis lors, notre compatriote est l’un des joueurs les mieux payés de la Premier League. Chaque semaine, il gagne de 300 000 à 400 000 euros – le montant dépend des primes -, et ce possiblement jusqu’en 2023.

« Ce fut une décision facile », a-t-il déclaré lors du renouvellement de son contrat. « Je joue dans l’un des meilleurs clubs du monde. Le projet va dans la bonne direction. Je suis très content. »

Mais cette saison, deux obstacles sont apparus et pourraient changer le discours de KDB.

Le premier : la suspension de l’UEFA. L’Autorité européenne du football a exclu Manchester City pour deux saisons (2020/21 et 2021/22) des compétitions européennes pour violation du fair-play financier. Le club aurait reçu de l’argent directement de son propriétaire Sheikh Mansour sous couvert de parrainage. En plus de la suspension, City doit également payer une amende de 30 millions d’euros.

Le club a fait appel auprès du Tribunal international du sport (TAS). Une décision est attendue début juillet. Si le TAS rejette l’appel de City, la Premier League (qui a également des règles de fair-play financier) pourrait décider une très probable déduction de points pour la saison prochaine.

Le deuxième: la crise du coronavirus, qui pourrait sérieusement impacter le football anglais. Selon une étude de Deloitte, les clubs de Premier League vont perdre plus d’un milliard d’euros de revenus au cours de la saison 2019/20 en raison de la pandémie. Manchester City ne sera donc pas épargné.

Opération win-win

Au début du mois du mai, Kevin De Bruyne s’est exprimé sur l’éventuelle suspension européenne de City, dans une interview accordée à Het Laatste Nieuws: « Le club nous a dit qu’il allait faire appel et qu’il était presque sûr à 100% d’obtenir gain de cause. Voilà pourquoi j’attends de voir ce qui se passe. J’ai confiance en mon équipe. Une fois la décision, je regarderai. Deux ans (sans football européen, ndlr) serait long. Un an, ça pourrait aller. »

Deux saisons sans Europe serait en effet compliqué pour un joueur qui aura 29 ans le 28 juin et qui a toujours l’ambition de remporter un trophée européen, la seule chose qui manque encore à son palmarès en club.

Kevin est heureux à Manchester City et a encore un contrat de trois ans.

Les déclarations de KDB ont fait du bruit dans les médias anglais. Immédiatement, il y a eu des spéculations sur un transfert du Belge et toutes sortes de théories ont été évoquée. Patrick De Koster, l’agent de De Bruyne, joint par nos soins, a tempéré au téléphone: « Nous n’allons pas commenter le départ de Kevin maintenant. Dans tous les cas, nous devons attendre la décision de suspension. Kevin est heureux à Manchester et a un contrat de trois ans là-bas. Sa femme est également enceinte et accouchera fin août. »

Et pourtant: si la suspension de l’UEFA demeure, le départ de De Bruyne pourrait être une opération win-win tant pour le club que pour le joueur. Si Manchester City vend son meilleur joueur, il collectera une grosse somme d’argent qui compensera en partie les pertes de la crise du coronavirus et de la suspension européenne. Par conséquent, le club donnera plus de perspectives à des joueurs tels que Bernardo Silva, Ilkay Gündogan et Phil Foden, qui étaient souvent contraints d’admirer les passes de KDB depuis le banc.

Pour De Bruyne, c’est aussi l’occasion d’aller dans une équipe qui a plus de chances de remporter la Ligue des Champions.

Kevin De Bruyne veut remporter la Ligue des champions. Est-ce possible avec Manchester City?
Kevin De Bruyne veut remporter la Ligue des champions. Est-ce possible avec Manchester City?© iStock

Le mauvais belge

La seule question est: quelle équipe est-ce? Après tout, tous les meilleurs clubs européens ont souffert de la crise du coronavirus et sont en difficultés financières.

Au cours des dix dernières années, seuls six clubs ont remporté la Ligue des champions: le Real Madrid (4 fois), le FC Barcelone (2), l’Inter (1), Chelsea (1), le Bayern Munich (1) et Liverpool (1).

Après sa démonstration au stade Bernabéu fin février (1-2, 1 but et 1 passe décisive), Florentino Pérez a dû penser qu’il avait acheté le mauvais Belge l’été dernier.

Et le président du Real n’est pas du genre à laisser traîner les choses. Marca raconte par exemple l’histoire avec Ilkay Gündogan. En 2013, lorsque le Real a pris une correction du Borussia Dortmund de Jürgen Klopp (4-1 lors du match aller de la demi-finale de la Ligue des champions), Gündogan avait joué un match fantastique. Pérez a immédiatement ordonné à son frère et agent à Madrid de tenter un transfert.

En 2020, une répétition de ce scénario est peu probable. En raison des rénovations du stade du Real (avec un prix estimé à 470 millions d’euros), des transferts coûteux de l’été 2019 (300 millions d’euros de transferts entrants) et de la crise du coronavirus, le Real Madrid n’a actuellement pas d’argent pour obtenir une nouvelle super-star.

La seule façon de générer de l’argent est de vendre un des éléments les plus chers de votre équipe. Mais qui, sauf un club de golf, attend Gareth Bale? Pour Toni Kroos ou Luka Modric, les candidats ne se bousculent pas. À moins qu’un accord d’échange ne soit conclu. Les échanges peuvent d’ailleurs devenir très importants dans le prochain mercato. Ce ne sont pas nos mots, mais ceux de Txiki Begiristain, directeur du football à … Manchester City.

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