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Nikola Vlasic, nouvelle star et tsar croate

La Croatie ne sera donc jamais avare en milieux de terrain talentueux. Alors que des Rakitic, Modric, Brozovic ont fait les beaux jours d’une sélection nationale vice-championne du monde, Nikola Vlasic vient taper à la porte d’une maison mère en quête de renouvellement.

De sa Croatie natale au grand froid de Moscou, Nikola Vlasic aura parcouru des kilomètres afin de devenir le joueur le plus bankable de Russie. Pur produit du centre de formation du Hajduk Split (qui a vu sortir plusieurs talents de la jeune génération croate actuelle comme Pasalic (Atalanta), Bradaric (LOSC) ou le Belgicain Palaversa (Courtrai), son plan de carrière n’était sûrement pas destiné à l’amener à dix bornes du Kremlin. Sur les traces d’un Modric auquel il a souvent été comparé, le milieu offensif plie bagage direction l’Angleterre et Everton en 2017. Un transfert vers l’étranger qui n’aura au final rien d’un conte de fées. Arrivé dans une équipe en construction et placé hors de son poste préférentiel de 10, le récent transfert se morfond en tribunes et prend rapidement des allures de flop. « J’ai dit à l’entraîneur que je pouvais jouer. J’étais un des meilleurs milieux de l’équipe. Mais ils me mettaient toujours sur l’aile gauche ou droite, jamais à ma position naturelle. »

L’arrivée d’Ivica Olic pourrait le convaincre de rester une année de plus en Russie.

Une main tendue venue de l’Est

Avide de temps de jeu, le jeune joueur répond favorablement au prêt proposé par le puissant club du CSKA Moscou. « C’était le plus grand club russe de ces 20 dernières années. Ils m’ont promis des opportunités et je voulais jouer pour une équipe offensive. » Un pari risqué mais qui s’avèrera payant. Des prestations convaincantes dont un but contre le Real en phase de poules de Ligue des Champions vont pousser les dirigeants à mettre plus de 15 millions sur la table afin de s’attacher définitivement ses services.

Au pays de Poutine, Niko s’éclate, indéboulonnable à son poste fétiche de milieu offensif. Il laisse enfin entrevoir le potentiel qui lui était prédestiné. Loin du profil de son compatriote Merengue, sa technique est couplée à un physique bien plus imposant toujours porté vers l’avant. Ce qui est d’ailleurs à l’image de ses 11 et 12 buts lors des deux dernières saisons. Mais alors que le club reste sur une campagne synonyme d’échec avec une pauvre sixième place en championnat et une non-qualification pour toutes compétitions européennes, l’appel des sirènes du top 5 ne devrait pas tomber dans l’oreille d’un sourd. L’AC Milan avait d’ailleurs montré son intérêt en mars dernier. Mais la nomination d’ Ivica Olic au poste de T1 pourrait le convaincre de rester une année de plus dans la capitale.

La classe biberon sous le blason

Sélectionné par Zlatko Dalic pour l’EURO, Vlasic semble être une des figures de proue de ce renouvellement proposé par le coach national. Out Rakitic ou Mandzukic, bonjour aux jeunes talents que sont Gvardiol (Dinamo Zagreb) ou Brekalo (Wolsburg). Mais si la Croatie ne semble pas être en mal de jeunes pousses, il sera peu probable que l’exploit de la Coupe du Monde en Russie puisse être réitéré sans passer par la phase de reconstruction malgré le positivisme du manager: « Nous sommes toujours parmi les 10 meilleures équipes d’Europe même si nous ne sommes pas favoris pour l’EURO. » Quoi qu’il en soit, Vlasic s’est installé à 23 ans au sein du triangle d’un entrejeu digne des plus alléchants du tournoi.

À deux jours de rencontrer nos Diables en préparation et en dépit d’une rencontre soldée d’un nul contre l’Arménie, le natif de Split se montrait confiant avant ce rendez-vous censé leur donner plus de fil à retordre. « La Belgique c’est une équipe forte, mais bien sûr que nous allons gagner. » Réponse dimanche soir.

« Un coach qui ne se la pète pas »

A la tête de la sélection croate, il y a un homme qui n’arrête pas de faire l’unanimité. Drôle de parcours pour ce Zlatko Dalic. Une carrière de joueur modeste, sans la moindre sélection nationale. Puis un début de vie tout aussi modeste dans le monde des coaches. Quand un jeune entraîneur s’aventure dans des championnats comme l’Arabie Saoudite ou les Emirats Arabes Unis pour gagner sa vie, ce n’est pas ce qu’il y a de plus prometteur. Il n’est le favori de personne quand la fédé doit remplacer Ante Cacic, tout en fin de qualifications pour le Mondial en Russie. Ça va mal, la Croatie risque de ne pas y aller. Dalic débarque, plus ou moins imposé par la président de la fédé, Davor Suker. Il qualifie l’équipe au damier via les barrages. Et il enchaîne donc avec ce parcours improbable au Mondial.

« Il est rentré par la petite porte, et quelques mois plus tard, il était un héros national pour la vie », résume Branko Strupar. « Avant ça, le peuple croate s’amusait à répéter qu’on avait fini sur le podium d’une Coupe du Monde, en 1998. Maintenant, c’est encore autre chose, on a carrément joué une finale. » L’agent Yuri Selak connaît le coach fédéral personnellement. « C’est un gentleman. L’équipe nationale a longtemps travaillé avec des sélectionneurs qui avaient un ego surdimensionné. Avec Dalic, c’est différent. Pour lui, le plus important, ce sont les joueurs. Il sait qu’il a eu un parcours atypique et il ne se la pète pas. Il a réussi à mettre les cadres de son côté, c’est aussi grâce à ça que ça a si bien fonctionné. »

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