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Mondial 2022 au Qatar: les raisons de la colère

Le Mondial 2022 au Qatar est « LE » sujet brûlant à la FIFA et le comité exécutif prévu pour réfléchir à un transfert du tournoi en hiver, jeudi et vendredi, est désormais interpellé sur les accusations d’esclavagisme visant l’émirat.

Rarement comité exécutif, gouvernement mondial du ballon rond (28 membres actuels en comptant les cooptés et le secrétaire général), aura été aussi attendu au siège de la FIFA à Zurich.

Les accusations d’esclavagisme

L’enquête de The Guardian a fait l’effet d’une bombe en fin de semaine dernière. Sous le titre « Les esclaves de la Coupe du monde au Qatar », le quotidien britannique rapporte notamment que 44 travailleurs népalais au Qatar sont morts entre le 4 juin et le 8 août, en citant des documents obtenus par l’ambassade de leur pays à Doha.

Le Qatar a catégoriquement démenti lundi soir les accusations d’esclavagisme ou de travail forcé, parlant « d’informations fausses » et de « chiffres exagérés ». Le mouvement syndical international a jugé mardi « faible et décevante » cette réponse qatarie. Une délégation internationale de défense des travailleurs se rendra le 7 octobre sur place pour « constater les conditions de travail des migrants ». D’ici là, la FIFA, « préoccupée », va de « nouveau entrer en contact avec les autorités du Qatar ». Elle a indiqué que « la question sera également discutée lors de la réunion du comité exécutif ».

Option hiver pour le Mondial Les accusations d’esclavagisme ne sont que le dernier épisode en date du feuilleton du Mondial au Qatar. Un des précédents rebondissements a eu lieu cet été quand Joseph Blatter, président de la FIFA, a décidé de mettre au menu du comité exécutif l’étude d’un changement de dates pour jouer le Mondial en hiver et non plus, comme traditionnellement, en été, afin d’éviter des chaleurs accablantes (près de 50 degrés) aux joueurs et fans. Jusqu’ici, le dirigeant était resté neutre sur le sujet alors que Michel Platini, président de l’UEFA, militait pour un Mondial 2022 en hiver.

Si les 54 fédérations européennes sont d’accord sur le principe pour jouer ce Mondial éventuellement l’hiver, elles réclament un processus de consultation de toutes les parties prenantes au niveau mondial (ligues, joueurs, clubs et fédérations). Le comité exécutif de jeudi et vendredi débouchera-t-il sur la création d’une nouvelle commission ad hoc chargée de cette mission ? Les débats s’annoncent longs. Y compris au sein d’un même pays: la position de la fédération anglaise n’est pas celle de la Premier League (championnat d’élite anglais), qui redoute un « chaos » si on chamboule les calendriers. L’Australie envisage elle de demander un dédommagement pour les candidats malheureux à 2022, dont elle fait partie, qui avaient présenté un dossier de compétition estivale et non hivernale.

Une Coupe du monde mal née Le 2 décembre 2010, le Mondial 2022 était attribué au Qatar au 4e tour de scrutin, avec 14 voix contre 8 aux Etats-Unis (22 membres du comité exécutif étaient appelés à voter). Dès le départ, le choix de minuscule état (11.737 km2), richissime troisième réserve de gaz mondiale, a suscité les polémiques. Blatter a lui-même reconnu qu’attribuer en même temps Mondiaux 2018 (pour la Russie) et 2022 avait été une erreur.

Devant cette « vague d’accusations, de suggestions, de critiques », le président de la Fifa a impulsé un vent de réformes. Désormais l’attribution du Mondial se fera par vote du Congrès (les 209 fédérations membres de la FIFA) et non plus par vote du comité exécutif. Plusieurs médias ont porté des accusations de corruption autour du dossier qatari. A ce sujet, le président de la chambre d’investigation de la commission d’éthique, indépendante de la FIFA, Michael Garcia, enquête depuis août 2012 sur les processus de désignation des Mondiaux 2018 et 2022, cherchant à distinguer « allégations » et « informations ».

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