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Les secrets du succès de l’Ajax

5-0 face au PSV, 4-0 contre le Borussia Dortmund, 9-0 face à Cambuur, 1-5 au Sporting Portugal… Cette saison, l’Ajax ne fait pas dans la demi-mesure. Mais pourquoi les Amstellodamois dominent-ils les Pays-Bas de la tête et des épaules?

« Quel joueur de Ligue des Champions affiche actuellement la meilleure forme? » La question posée par l’UEFA sur Twitter à ses followers n’a pas échappé au département « Réseaux Sociaux » de l’Ajax. En guise de réponse, celui-ci poste une photo de toute l’équipe. Les mêmes joueurs qui, quelques jours plus tôt, ont ridiculisé le Borussia Dortmund (4-0).

Le département com’ du club amstellodamois est aussi rapide sur la balle que ses joueurs. Car ça fait des semaines que l’Ajax tourne bien. En Ligue des Champions, le club a dominé ses trois adversaires (Besiktas, Sporting Portugal et Dortmund) de façon étincelante. Et domine sans partage le championnat des Pays-Bas. Un quatrième titre consécutif semble inévitable. Mais qu’est-ce qui explique ce succès?

Un mélange de jeunesse et d’expérience

Qui dit Ajax dit jeunesse. Chaque saison, le club semble révéler de nouveaux talents. Frenkie de Jong, Donny van de Beek et Matthijs de Ligt sont partis, mais Erik ten Hag (51 ans) peut déjà compter sur une nouvelle génération.  » Jurriën Timber, Devyne Rensch et Ryan Gravenberch ont montré qu’ils étaient déjà prêts. L’Ajax possède l’un des meilleurs centre de formation du monde », dit Ten Hag dans une longue interview accordée au journal allemand Bild.

‘Notre objectif est de refaire notre retard structurel sur le top européen. »

Edwin van der Sar

Les clubs néerlandais ont la réputation d’investir beaucoup dans leurs jeunes. Une enquête de Voetbal International révèle que les clubs d’Eredivisie consacrent 43,8 millions par an à la formation des joueurs. À lui seul, l’Ajax dépense onze millions. C’est bien plus que le PSV (neuf millions), Feyenoord (5,5 millions) ou l’AZ (trois millions).

Pourtant, lorsqu’il a repris l’équipe première en janvier 2018, Ten Hag a constaté que certaines choses devaient changer. « On ne peut pas gagner en n’utilisant que des jeunes joueurs. Lors de ma première année, l’équipe était trop verte. Nous l’avons donc renforcée avec des joueurs expérimentés comme Dusan Tadic, Daley Blind et Davy Klaassen. » Trois leaders qui se mettent au service du collectif et qui encadrent parfaitement les espoirs amstellodamois. L’Ajax les récompense pour leur fidélité et leur engagement. Tadic, qui a presque 33 ans, est ainsi assuré de pouvoir rester au club après sa carrière.

Un noyau large et talentueux

Il ne fait aucun doute que l’Ajax possède le noyau le plus talentueux du championnat néerlandais. C’est ainsi qu’il peut se permettre de laisser Davy Klaassen sur le banc contre Dortmund. Klaassen est pourtant le numéro 10 de l’équipe nationale, où il fait forte impression. Mais à l’Ajax, il est en concurrence avec Steven Berghuis. En principe, celui-ci joue à droite, mais Ten Hag l’a posté en tant que meneur de jeu lorsque Klaassen était légèrement blessé.

Les possibilités qui s’offrent à l’entraîneur sont légion, et pas seulement dans l’entrejeu. Prenez Nicolás Tagliafico : la saison dernière, l’international argentin était une valeur sûre au poste d’arrière gauche mais cette saison, il est sur le banc plus souvent qu’à son tour. Devant, Sébastien Haller est titulaire, mais si le joueur acquis pour 22,5 millions connaissait un passage à vide, Tadic et Danilo peuvent le remplacer. Tadic est titulaire sur le flanc gauche, mais il sent le souffle de Mohamed Daramy (19 ans) dans sa nuque. Le Danois, arrivé du FC Copenhague en août en échange de douze millions d’euros, a conquis tout le monde à chaque fois qu’il est monté au jeu. Sur le flanc droit Antony (21 ans) a renvoyé son compatriote David Neres (24 ans) sur le banc. L’été dernier, Antony fut l’un des meilleurs éléments du Brésil, vainqueur du tournoi olympique au Japon. Il a poursuivi sur sa lancée en Europe et régale aujourd’hui le public de l’Ajax de ses actions, ses dribbles, ses buts et ses assists. Ça lui a déjà valu une sélection en équipe nationale.

On pourrait continuer de la sorte pour chaque poste. Comme dirait Ten Hag: « Nous avons plus que onze titulaires. » C’est un cliché, mais à l’Ajax, c’est la vérité. Le seul point faible actuel, c’est le poste de gardien. Maarten Stekelenburg est blessé jusqu’au terme de la saison et c’est Remko Pasveer (38 ans) qui joue. À la fin du mois dernier, André Onana (25 ans) a été rappelé dans le noyau A. Le 5 février dernier, il avait été suspendu pour avoir été contrôlé positif au furosemide, un diurétique. Sa suspension a pris fin le 4 novembre. L’Ajax aurait voulu le vendre l’été dernier, mais n’y est pas arrivé. « Les intérêts du club passent avant tout », dit Marc Overmars, directeur du football. « Vu comme ça, c’est bien qu’il puisse rejoindre l’équipe première. »

Les caisses sont pleines

Au niveau financier, les clubs des Pays-Bas font souvent la différence grâce aux transferts. Il n’en va pas autrement à l’Ajax. La vente d’un joueur rapporte beaucoup d’argent tandis que, lorsqu’il achète, le club paye souvent par tranches. C’est ainsi que l’été dernier, il a acquis Antony pour quinze millions d’euros. Mais comme celui-ci a signé pour cinq ans, le club ne décompte que trois millions d’euros par an dans sa comptabilité.

En 2016-17, le montant total des amortissements était de quinze millions d’euros. À présent, il est de soixante millions. Tant que le montant des ventes est supérieur, ça ne pose pas de problème. L’été dernier, Marc Overmars a donc du vendre pour soixante millions. Il y est arrivé facilement puisqu’il a atteint 86 millions. Il faut dire que les ventes de Hakim Ziyech (parti à Chelsea en février 2020) et de Lassina Traoré (Shakhtar Donetsk) sont comptabilisées dans ce montant. Overmars a également rempli les caisses grâce à Donny van de Beek (Manchester United), Sven Botman (Lille) et Sergiño Dest (FC Barcelone).

Ce bénéfice de 26 millions d’euros inscrit au poste « transferts » a beaucoup aidé l’Ajax à compenser un déficit opérationnel de huit millions d’euros. Un résultat acceptable par rapport à ses adversaires européens. Le Borussia Dortmund, par exemple, a terminé le dernier exercice avec un déficit de 73 millions.

Investir dans les joueurs et dans la brique

L’été dernier, les Amstellodamois ont à nouveau écumé le marché des transferts. Avec Mohamed Daramy (douze millions), Steven Berghuis (cinq millions) et Jay Gorter (un million), ils ont dépensé 18,5 millions. Ajoutez-y les 22,5 millions consacrés à l’achat de Sébastien Haller six mois plus tôt et vous arrivez à une belle somme pour l’année 2021.

Mais l’argent n’est pas seulement consacré à renforcer l’équipe, l’Ajax investit également dans la brique. C’est ainsi que les plans d’agrandissement et de rénovation du centre de formation sont prêts. L’Ajax va également construire un mini-stade pour ses équipes d’âge et son équipe féminine. Il a déjà trouvé un accord avec la ville. « Notre objectif est de refaire notre retard structurel sur le top européen », dit Edwin van der Sar, le directeur général, sur le site du club. « La formation des jeunes et leur incorporation en équipe première jouent un rôle important à cet égard. De plus, le football féminin est en pleine expansion et cette tendance va encore s’accentuer. Ces terrains supplémentaires nous donneront la possibilité d’améliorer les infrastructures pour toutes nos équipes. »

Les secrets du succès de l'Ajax
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Le leitmotiv de Ten Hag

« Je dis souvent à Erik qu’il faut laisser tomber la Coupe, mais il ne veut rien entendre: C’est aussi un trophée, répond-il. C’est ça qui est beau. » Voilà ce que disait Marc Overmars, directeur du football à l’Ajax, en fin de saison dernière au sujet de son entraîneur. Erik ten Hag a débuté à l’Ajax en janvier 2018 après avoir fait de l’excellent boulot au FC Utrecht, où il avait reçu le Rinus Michels Award (trophée du meilleur entraîneur en Eredivisie) en 2015-16. À Amsterdam, après six mois difficiles, il a façonné l’équipe à sa façon. Son leitmotiv, c’est: « Bien faire n’est pas suffisant, il faut faire mieux chaque jour. » Il place ainsi la barre très haut, pousse sans cesse ses joueurs et les membres du staff à repousser leurs limites. Il accumule les trophées en pratiquant un football attractif et efficace, qui lui ont déjà rapporté deux titres, deux Coupes des Pays-Bas et une demi-finale de Ligue des Champions.

Au début, on le critiquait, mais il a vite fait taire ses détracteurs. Aux Pays-Bas et sur la scène internationale, la façon dont il a réussi à transmettre sa vision suscite le respect. Beaucoup pensaient qu’il allait partir l’été dernier, mais il a prolongé jusqu’en juin 2023. Il semble bien dans sa peau à l’Ajax, où il forme un tandem bien huilé avec Overmars.

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