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Le premier Euro à 24 est-il réussi ou pas ? « C’était un tournoi à deux vitesses »

Depuis cet Euro, 24 équipes sont en lice pour le titre européen et les nains du foot risquent moins de se voir éliminer prématurément. Mais cette nouvelle formule généreuse est-elle bénéfique pour la qualité ?

L’Euro 2016 en France devait faire office d’expérience. Outre l’élargissement du nombre d’équipes à 24, l’UEFA a lancé un nouveau système qui permet aux quatre meilleurs troisièmes de se qualifier. Si les petits pays de foot ont pu sortir leur épingle du jeu, il n’était pas sûr que la formule magique génère des matchs inoubliables.

« Le nouveau système est une dévaluation de l’Euro », conclut le commentateur de foot Peter Van den Bempt. « Seules huit équipes ont dû quitter la phase de groupe après le tournoi. Conséquences : trop de matchs mous, trop peu de spectacle et trop peu d’équipes qui jouent bien, ce qui n’est pas illogique quand plusieurs petits pays participent. Ils érigent un mur devant le but avec une sélection limitée. Aux dépens de la qualité. »

Cela n’a pas échappé à notre homme en France Peter ‘T Kint. « Les critiques qui craignaient le niveau de jeu ont finalement eu raison. Comme une équipe qui finit troisième a beaucoup de chances de se qualifier, les joueurs calculent davantage. Ils essaient d’encaisser un minimum de buts, car le solde de buts joue un rôle important. Résultat : des matchs fermés. Au grand regret du spectateur neutre. »

Moment de gloire

En revanche, les supporters de nains du football comme l’Islande, l’Irlande et l’Irlande du Nord sont à la fête. Grâce à la nouvelle formule, ils ont la chance de voir leur équipe nationale jouer un grand tournoi et même de se qualifier pour la phase éliminatoire. Et souvent en jouant du foot béton. « Bien que la qualité du tournoi ait souffert de la quantité, l’enthousiasme des joueurs et surtout des supporters a beaucoup compensé », déclare ‘T Kint. « Ce n’est à sous-estimer : pour les Islandais ou les Nord-Irlandais, tout match est un moment de gloire. Pour la réputation du foot dans ces pays, cette formule vaut de l’or. »

Pourtant, les nombreuses passes maladroites et les joueurs aux qualités limitées restent exaspérants. « Ces chorales de Nord-Irlandais sont amusantes et créent de l’ambiance dans le stade, et je trouve ça sympathique », dit Van den Bempt. « Mais malheureusement, l’Euro de football n’est pas le concours Eurovision. Malheureusement, ce n’est pas parce qu’on chante bien qu’on joue bien au foot,. Je voudrais retourner sur-le-champ à l’ancien système de seize équipes. Le niveau de jeu actuel est insuffisant.

Wim De Coninck, analyste football pour VTM, n’a rien contre le système de 24 équipes. « Cela permet de découvrir de nouveaux joueurs. Si les petits pays de football font baisser le niveau général ? Non, mais certaines têtes d’affiche craquent. La saison a été lourde. Je vois que beaucoup de joueurs souffrent de crampes, un signe qu’ils sont pratiquement à bout. C’est le collectif qui prime à cet Euro. Et ces petites équipes sont plus fraîches et se donnent à 100%. »

Deux vitesses

Le Portugal a fini troisième du groupe F, après la Hongrie et l’Islande. Si on avait appliqué l’ancienne formule, ils seraient déjà rentrés il y a quinze jours, mais mercredi Ronaldo et co jouent la demi-finale contre le Pays de Galles. « Grâce au nouveau système », ricane Van den Bempt. « Attention, le Portugal a déjà bien joué. Ils ne jouent pas de foot destructeur comme d’autres, mais s’ils ont terminé troisièmes de leur groupe, c’est en grande partie de la malchance. »

« Mais en fait, c’est un Euro joué à deux vitesses », estime le commentateur. « Les moitiés du tableau sont mal réparties. Dans la moitié de droite, chaque match est une finale de l’Euro. Les pays à gauche du tableau n’auraient jamais atteint les quarts de finale s’ils étaient à droite. »

Il y a peu de chances que l’UEFA revienne à l’ancien système, mais il compromet la future organisation de l’Euro, estime ‘T Kint. »À présent, il y a 51 rencontres à l’Euro. Il faut une capacité d’accueil importante et un grand nombre de stades. C’est un problème pour les plus petits pays. Seuls les grands pays de foot tels que l’Allemagne, l’Espagne ou la France pourront encore organiser un grand tournoi de foot. »

Jeffrey Fierens

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