Anthony Planus

Le jour que toute la Belgique attendait

Anthony Planus Journaliste

Douze ans jour pour jour après le but annulé de Marc Wilmots face au Brésil (défaite 2-0), les Diables Rouges retrouvent la Coupe du Monde ce mardi où ils affrontent l’Algérie dans une atmosphère de liesse rarement vue autour de l’équipe nationale.

Nous y voilà enfin ! Il aura fallu attendre douze ans, douze longues et interminables années, 4.383 jours pour revivre un moment pareil. Sur le coup de 18h (heures belges), les Diables Rouges vont à nouveau fouler les terrains d’un Mondial de football. Marc Wilmots et ses joueurs sont fins prêts pour affronter l’Algérie. Le staff et les joueurs ont su éviter les conflits et les blessures lors de la préparation pour être fit and well ce mardi 17 juin 2014. Comme le dit Stromae, La fête… peut commencer.

Une fête à laquelle va participer tout le pays. Nord, Sud, Est, Ouest, Centre, tout le monde soutient les Diables dans une atmosphère d’unité rarement vécue dans notre pays. Un paradoxe alors que les nationalistes flamands de la N-VA sont chargés de former un gouvernement… Mais dans la Belgique du ballon rond, le communautaire n’existe (pratiquement) plus. Le coach, Marc Wilmots, parle les trois langues nationales avec la même gouaille. Le capitaine, Vincent Kompany, s’exprime aussi bien en français qu’en néerlandais. Les autres joueurs font de leur mieux et s’expriment dans une langue commune, celle du football.

Une équipe qui ressemble à la Belgique

Si cette équipe fait actuellement l’unanimité autour d’elle, c’est parce qu’elle ressemble, dans une certaine mesure, à la Belgique. Il y en a pour tous les goûts. Des Bruxellois et des Wallons, des Flandriens et des Limbourgeois, des néerlandophones et des francophones, des jeunes et des moins jeunes, des Belges de souche et des enfants de l’immigration. En somme, un melting pot qui sied bien à notre pays de l’improbable.

Et puis, il se dégage de cette équipe une simplicité, une cool attitude que l’on ne retrouve pas nécessairement dans les autres équipes de football de haut niveau. Les joueurs de cette sélection ne risquent pas de se cloîtrer dans leur bus et de faire grève (bonne chance pour faire avaler ça à Marc Wilmots). Ils ne snobent pas la presse. Ils ne se prennent pas pour des dieux vivants. Ils sont respectueux. Même les soi-disant bad boys sont de gentils garçons. Comme on a pu le constater dans l’excellente série Les Diables au Coeur, ils sont avant tout une bande de jeunes, qui certes gagnent des fortunes et évoluent pour la plupart dans un univers que le commun des mortels ne connaîtra jamais, mais qui veulent avant tout se marrer entre eux et jouer au football.

Une équipe à laquelle les Belges veulent ressembler

Mais se limiter à cette vision ‘bisounours’ du lien qui unit les Belges et les Diables ne serait pas tout à fait correcte. Si les Belges s’identifient actuellement très fort à leur équipe nationale, c’est aussi parce qu’elle gagne. Pour un pays plus habitué à s’autoflageller et à collectionner les bides sur la scène internationale, il est très rafraîchissant, voire grisant, d’avoir enfin un motif de fierté. Cette équipe, la plupart des autres nations nous l’envient. Et bon sang, que c’est agréable, pour une fois.

Enfin, le foot à cette faculté de réduire les problèmes, belges en l’occurrence, à leur plus simple expression. Le communautaire paraît si dérisoire quand Eden le francophone fait un une-deux magique avec Mertens le néerlandophone, que Courtois protège nos filets et que Lukaku fait trembler ceux de l’adversaire.

Cette équipe, on l’aime parce qu’elle représente la Belgique qu’on rêverait d’avoir. Ce mardi soir, pendant 90 minutes plus le temps additionnel, la Belgique oubliera ses problèmes et se mettra à rêver. Cela devrait durer aussi longtemps que les Diables seront en course au Mondial brésilien. Si ça, ce n’est pas une excellente raison de soutenir Willy et ses joueurs…

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