Marc Degryse

La polémique Hazard / De Bruyne, c’est terminé à jamais

Pour Marc Degryse, le chroniqueur de Sport/Foot Magazine, il y a toujours de la place dans une même équipe pour plusieurs joueurs hors normes.

On a dû attendre le quatrième match des Belges pour avoir le match référence. Comme par hasard, il est venu la première fois où nos deux joueurs les plus doués ont cassé la baraque. Kevin De Bruyne a été excellent, Eden Hazard a carrément marché sur l’eau. Jamais, Hazard n’avait sorti une prestation pareille avec les Diables Rouges. Jamais, le duo n’avait produit un spectacle pareil. C’est peut-être, définitivement, la fin de la polémique sur le thème Hazard et De Bruyne peuvent-ils jouer ensemble ? C’est d’ailleurs un débat que j’ai toujours trouvé stérile, inutile. Il y a toujours de la place, dans une même équipe, pour plusieurs joueurs hors normes, même s’ils ont des profils semblables. Se priver de l’un parce qu’on a l’autre… allez, restons sérieux.

Tout était parfait contre les Hongrois, on a eu tout ce qu’on peut attendre de phénomènes de cette ampleur : la vitesse, les idées, la créativité, l’efficacité. Et plus généralement, on a enfin vu une équipe belge comme on voudrait la voir souvent. Et comme on la voit beaucoup trop rarement ! C’est aussi le mérite de l’équipe d’en face, qui ne s’est pas retranchée, qui a joué le jeu, qui a accepté le combat. Et qui était incapable de le supporter sur la durée. En parlant de durée, c’est là que je vois le seul point négatif de ce match : les Belges ont attendu trop longtemps pour le tuer. Longtemps, quand ce n’était que 1-0, on a pu craindre un retour au score.

Cette victoire spectaculaire m’inspire encore d’autres réflexions. Par exemple, elle pourrait compliquer le boulot de Marc Wilmots dans l’approche du quart de finale contre le Pays de Galles. Parce que les remplaçants ont parfaitement assumé. Yannick Carrasco a été tout bon. Et surtout, Michy Batshuayi a montré qu’il était plus utile que Romelu Lukaku. Je suis mitigé quand je dois analyser la prestation de Lukaku. Parfois, il a manqué de réussite. Parfois, aussi, il a manqué de jugeote. Il ne fait pas toujours la bonne analyse de la situation, en un quart de seconde comme un attaquant de très haut niveau doit le faire.

On a un Lukaku qui se pose à nouveau trop de questions et un Batshuayi qui ne s’interroge absolument pas sur le sens de sa vie de joueur de foot.

Les grands ne se posent pas de question quand une action dangereuse se dessine, ils savent tout de suite s’ils doivent démarrer, temporiser, changer de direction. Chez Lukaku, parfois, cette réflexion prend bien trop de temps. Il a plus d’une fois mal jugé le timing des actions sur lesquelles De Bruyne ou Hazard voulait l’alerter. Batshuayi a pété le compteur dès qu’il est monté, c’est peut-être un casse-tête pour Wilmots. On a un Romelu qui se pose à nouveau trop de questions et un Michy qui ne s’interroge absolument pas sur le sens de sa vie de joueur de foot.

Il faut maintenant remplacer Thomas Vermaelen, vu sa suspension contre le Pays de Galles. Wilmots a plein d’options, comme celle de ramener Jan Vertonghen aux côtés de son pote Toby Alderweireld, et il lance alors Jordan Lukaku à gauche. Mais je ne prendrais pas le risque parce qu’on change alors les noms à deux places. Moi, j’oserais l’option Jason Denayer dans l’axe, il l’a déjà fait en qualifications et ça s’est généralement bien passé. Il faut toucher le moins possible à une défense qui vient d’enchaîner trois matches sans encaisser un seul but. Et se rappeler que l’attaque galloise, ce n’est pas le semblant d’armada de la Hongrie.

Mais bon, avec des Diables à leur niveau comme ce week-end, le Pays de Galles n’est pas censé résister. Le Portugal actuel ou la Pologne non plus, d’ailleurs, en demi-finale. Clairement, la route vers la finale est dégagée d’une façon incroyable. Surtout, il ne faut rien changer au style : on a tellement de qualités techniques qu’il faut continuer à jouer au foot et plus tenter le pari des longs ballons ou de la puissance physique comme Wilmots l’a fait contre l’Italie en choisissant Marouane Fellaini devant les deux récupérateurs.

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