La chronique de Fred Waseige: un p’tit Rom’ pour la route

Son retour fut enivrant pour Chelsea, saoulant pour Arsenal. Gueule de bois pour les uns, ça gueule de joie chez les autres. À l’image de cette scène où Romelu communie avec ses supporters en plein match. Eux n’ont jamais quitté Chelsea. Lui, c’est comme s’il n’était jamais parti. Pablo Mari a vécu un martyr. Joueur collant, mais jamais très brillant. Contre Rom’, il n’a même pas collé au label « défenseur argentin ». C’est-à-dire efficace, rugueux, valeureux. Pas pu. Dominé qu’il fut. À la loyale, au physique, à l’intelligence, à la générosité et la technique. Lukaku, c’est devenu au millimètre et au kilomètre. Ça court, ça protège, ça se projette, ça transmet. Comme s’il n’avait jamais quitté cette Premier League.

Les onze joueurs sur le terrain se partagent un seul cerveau. Celui du maître du jeu.

À Arsenal, il a été impliqué dans onze tirs de Chelsea. Huit pour lui, trois fournis à ses coéquipiers. Impliqué dans onze dangers directs pour l’adversaire. Énorme. Tellement qu’il égale sa meilleure perf’ en Angleterre, réalisée en 2015 avec Everton. Mais il n’est plus le même. Ses deux années à l’Inter lui ont appris que tourner le dos à son objectif n’empêchait pas de l’atteindre. Chiffres à l’appui. Depuis que la Serie A collecte les données concernant les passes décisives, en 2004-2005, personne n’avait signé une saison à au moins vingt buts et dix assists. Le compte est bon. Mais Antonio Conte est parti et le projet aussi. Donc place à un nouveau.

Thomas Tuchel est un nouveau souffle. Qu’il ventile autoritairement sur l’Angleterre. Vent de tempête sur la Premier League. Perturbations en vue pour les adversaires. Ce type est spécial. Ce type à LE truc. Quand il arrive à Chelsea, son empreinte sur le jeu devient celle de tous les doigts de pieds de ses joueurs. Directement, en quelques entraînements, tout change. Le jeu et surtout les résultats. Idem avec Romelu. En trois entraînements, tout le monde a compris. Le nouveau et les autres. La connexion collective est telle qu’on a l’impression que les onze joueurs sur le terrain se partagent un seul cerveau. Celui du maître du jeu. Ce jeu de Chelsea est « élastique ». Verrouillé en perte de balle, tendu en possession. Le coeur du jeu défensif est dense, étouffant. Trois défenseurs reliés à merveille entre eux et avec les deux récupérateurs devant eux. Ça bouge ensemble, ça bouche ensemble, ça use ensemble. Et puis quand ça récupère le ballon, l’élastique se tend, mais c’est l’adversaire qui cède. Ça fixe avec Romelu et ça jaillit sur les flancs devenus boulevards parce qu’il faut venir aider dans l’axe sur Lukaku. Du grand classique, grandement exécuté.

Et puis quand l’adversité se pointe, fusse à Liverpool, on reste calme, on réfléchit. Romelu devient une pièce de l’efficacité défensive. On profite du quart d’heure de pause pour poser le(s) problème(s): N’Golo Kanté blessé, Reece James exclu. Et plus important que tout, on les résout. Dans les mots et les schémas. Les trois quarts d’heure qui suivent seront l’application de l’explication. Balaise, très balaise. C’est ça la trace, la griffe d’un grand coach. La deuxième mi-temps de Chelsea à Liverpool fut une démonstration défensive.

Tout le contraire d’Arsenal, qui n’offre que de la désolation collective. Des âmes en peine et surtout en panne de tout. Onze gars sur le terrain, pas d’équipe. Pas de leader. Ni technique ni mental. Pas même Mikel Arteta, dont les attitudes et expressions n’inspirent que peine, impuissance et souffrance. Et font souffrir les fans des Gunners. En quête d’un sourire, d’un peu de joie. De l’expression du plaisir de faire un beau métier. Rien. Ni sur le banc ni sur le terrain. Cette équipe, ce club, donnent l’impression que jouer au foot est une souffrance. On ne peut pas tomber plus bas.

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