João Félix et la malédiction du club des 100 millions

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Acheté par l’Atlético pour plus de 120 millions d’euros suite à la vente d’Antoine Griezmann au Barça en 2019, le Portugais n’a pas encore répondu aux attentes. Il est loin d’être le seul. Tour d’horizon d’une poisse à neuf chiffres.

L’appel à la rescousse n’a pas porté ses fruits. Monté au jeu à dix minutes du coup de sifflet final sur la pelouse surchauffée du Jan Breydel, João Félix n’est pas parvenu à inverser la situation au profit des Colchoneros. Le pire, c’est que ce n’est presque pas une surprise. En tout cas, pas en jetant un œil sur les chiffres affichés par le talent portugais depuis le coup d’envoi de la saison. 588 minutes jouées, éparpillées sur onze apparitions, et pas encore le moindre but au compteur. Une très chère déception pour les Matelassiers de Madrid, qui n’ont sans doute pas déboursé 127 millions d’euros à l’été 2019 pour se contenter d’un bilan de 29 roses plantées en 122 matches disputés. La colonne des dépenses étant loin d’être compensée par le bilan comptable sur les terrains, l’aventure est rapidement étiquetée flop. Paradoxalement, le Lusitanien est loin d’être un cas isolé.

Est-ce la hauteur du chèque qui exacerbe systématiquement les attentes ? Toujours est-il que la liste des joueurs transférés pour plus de cent millions d’euros, actuellement fixée à douze joueurs selon les chiffres de Transfermarkt, recense bien plus de déceptions que de coups fumants.

Dans quelle catégorie classer Gareth Bale, premier joueur de l’histoire transféré pour un montant à neuf chiffres ? Quand il rejoint la capitale espagnole en 2013, le Gallois doit finir de former la clinquante BBC offensive de la Casa Blanca, puis prendre progressivement la relève de Cristiano Ronaldo quand les années rattraperont CR7. Bien qu’émaillé par les blessures, le premier objectif est atteint, avec la Décima glanée dès sa première saison et une armoire à trophées bien garnie au décompte final. Pourtant, les coups d’œil dans le rétroviseur sur le passage madrilène de Bale évoquent autant son ciseau d’exception en finale de Ligue des Champions face à Liverpool que ses séjours trop longs sur le banc de touche, les greens de golf ou les tables de l’infirmerie.

Trois ans plus tard, c’est Paul Pogba qui est le deuxième à briser le plafond des cent millions, pour son retour à Manchester United. Un Pogback qui tourne au fiasco, mais n’échaude pas les ambitions d’un PSG qui, un été plus loin, fait sauter la clause catalane de Neymar et s’offre Kylian Mbappé en deux temps (un prêt avec option d’achat l’année suivante pour contourner la menace du fair-play financier). Si les premiers slaloms du Brésilien font penser au coup fumant, son aventure parisienne reste surtout marquée par ses blessures et ses baisses de régime. Mbappé, lui, s’est installé parmi les meilleurs joueurs de la planète, empilant les trophées nationaux mais ne franchissant les frontières des titres qu’avec sa sélection.

Neymar, malgré son coût énorme, n’est pas encore un succès absolu au PSG. (Photo de Aurelien Meunier – PSG/PSG via Getty Images) © belga

Le double investissement parisien reste néanmoins mieux senti que la réponse du Barça, forcé d’ouvrir grand le portefeuille pour remplacer son génie auriverde. Ni Philippe Coutinho (135 millions), ni Ousmane Dembélé (125) ne parviendront à justifier leur statut de joueur à neuf chiffres, entre échec retentissant pour le premier et éclosion définitive toujours attendue du second.

Pour ouvrir grand le chéquier, certains se réfugient alors sur des certitudes : la Juventus attire Cristiano Ronaldo pour tenter de conquérir cette Ligue des Champions qui lui échappe de peu, mais malgré les buts du Portugais, la Vieille Dame glisse en Europe et perd même son trône national. Ni Antoine Griezmann au Barça, ni Eden Hazard au Real ne parviennent à décoller après leur transfert à plus de cent millions, faisant presque passer l’arrivée de João Félix au Wanda Metropolitano comme une réussite.

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Restent les Anglais, derniers téméraires à tenter l’aventure. Enrichis démesurément par les droits télévisés de la Premier League, Chelsea et Manchester City font vibrer l’été 2021 avec les transferts de Romelu Lukaku (113 millions) et Jack Grealish (117 millions). Douze mois plus tard, le premier revient à l’Inter en catimini et sous forme de prêt, alors que le gaucher anglais peine à devenir incontournable chez les Citizens.

Et si payer cher, c’était souvent payer trop cher ?

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