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EURO 2021: le groupe de la mort ou le groupe de l’amer

Fabien Chaliaud Journaliste

Les 3 qualifiés issus du groupe dit « de la mort » ont déjà dit au revoir à l’Euro. Tout sauf une surprise si l’on remonte l’histoire.

Lors de chaque tirage précédent un grand tournoi international, la question revient inlassablement. Qui va hériter du fameux groupe « de la mort » ? Quelle sera la première grande nation à devoir plier bagages dès la première phase ou à se coltiner un parcours du combattant en héritant d’une place de repêché peu envieuse.

Cet Euro nous offrait l’un des groupes les plus mortels de ces dernières années puisqu’on y retrouvait ni plus ni moins que les 3 derniers pays vainqueurs d’une grande compétion internationale. La France, championne du monde en titre et l’Allemagne à laquelle elle avait succédé ainsi que le Portugal, détenteur actuel du trophée Henri Delaunay. Difficile de faire mieux ou pire pour une Hongrie qui aura été loin de démériter.

Paul Pogba et Cristiano ne verront pas les quarts. Ils sont tombés sur des os suisses et belges.
Paul Pogba et Cristiano ne verront pas les quarts. Ils sont tombés sur des os suisses et belges.© iStock

Mais si le groupe de la mort a mis fin aux espoirs de quelques cadors dès la première phase, il n’a pas souvent permis à ceux qui en rééchappaient d’aller beaucoup plus loin dans les tournois. Illustration encore cette année avec les 3 grands du groupe D puisque le Portugal a subi la loi de la Belgique et l’Allemagne celle de l’Angleterre. En revanche, personne n’imaginait voir la Suisse indiquer aussi rapidement le chemin de la sortie à la France.

La Croatie et l'Espagne, sorties victorieuses du groupe de la mort, ne verront pas les quarts.
La Croatie et l’Espagne, sorties victorieuses du groupe de la mort, ne verront pas les quarts.© iStock

PAS DE QUARTS EN 2016

En 2016, le groupe de la mort comporte 4 équipes aux niveaux plutôt homogènes à défaut d’avoir 3 équipes de top niveau: la Croatie, l’Espagne (tenante du titre qui reste sur un fiasco au Mondial brésilien), la Turquie et la République Tchèque. Seuls les deux premiers passeront au tour suivant. Les deux nations n’iront pas beaucoup plus loin puisque l’Espagne est sortie assez facilement par l’Italie (2-0) alors que le Damier de Modric and co, si impressionannt au premier tour, sort à la dernière minute des prolongations, victime d’un Portugal passé de justesse en 1/8e mais qui est en train de poser les bases de son parcours de combattant pour le titre.

Certains considèrent que le groupe de la Belgique méritait aussi le titre de groupe de la mort lors de cette édition française. Mais ni nos compatriotes, sortis à la surprise générale par les modestes Gallois, ni la Squadra Azzurra, éliminée au bout d’une séance de tirs au but épique par l’Allemagne, ne verront le dernier carré.

En 2012, Thomas Müller et Cristiano Ronaldo emmèneront leurs équipes jusqu'au stade de la demi-finale. Mais elles buteront respectivement sur l'Italie et l'Espagne.
En 2012, Thomas Müller et Cristiano Ronaldo emmèneront leurs équipes jusqu’au stade de la demi-finale. Mais elles buteront respectivement sur l’Italie et l’Espagne.© iStock

DERNIER CARRÉ EN 2012

Quatre ans auparavant, lors du tournoi organisé conjointement par la Pologne et l’Ukraine, la lettre B est cette fois synonyme de mort. Les finalistes oranje du dernier mondial doivent croiser le fer avec une Mannschaft qui était membre du dernier carré en Afrique du Sud. Le Portugal et le Danemark complètent le nom des « heureux » élus.

A la fin de cette phase de poule, nos voisins du nord, bons derniers, déchantent totalement contrairement aux Allemands et aux Portugais qui verront la phase à élimination directe, et même le dernier carré où ils s’inclineront tous les deux. La Seleçao das Quinas, est vaincue par une Espagne, prête à réaliser le triplé Euro, Mondial puis de nouveau Euro alors que la Mannschaft, est surprise par une Italie renaissante et un Mario Balotelli à la force hulkienne. A noter que les deux finalistes se trouvaient dans le même groupe, en compagnie de la Croatie et de l’Irlande. Plus facile mais pas totalement aisé non plus.

En 2008, les Pays-Bas avaient une bonne tête de vainqueur final après un parcours impressionnant dans le groupe de la mort. Ici, contre l'Italie championne du monde en titre.
En 2008, les Pays-Bas avaient une bonne tête de vainqueur final après un parcours impressionnant dans le groupe de la mort. Ici, contre l’Italie championne du monde en titre.© iStock

DES ORANJE TROP PRESSÉES EN POULE

En 2008, pour la compétition organisée en Suisse et en Autriche, c’est le groupe C qui s’annonce le plus relevé avec une Italie championne du monde reversée dans le même groupe que la France, son rival en finale. Les Pays-Bas et la Roumanie complètent le quatuor.

Les Oranje vont survoler la poule mais échoueront au stade suivant, en quarts. Emoussés, les hommes de Marco Van Basten subissent la loi de surprenants Russes. Les Italiens, deuxièmes, seront éliminés aux tirs au but par la Roja espagnole qui sera sacrée en finale. Les Français termineront bons derniers du groupe.

Arjen Robben et Milan Baros au duel lors d'un match de poule épique qui reste dans les mémoires. Les Tchèques battent les Pays-Bas (3-2).
Arjen Robben et Milan Baros au duel lors d’un match de poule épique qui reste dans les mémoires. Les Tchèques battent les Pays-Bas (3-2).© iStock

LE PLUS BEAU MATCH DU TOURNOI EN POULE POUR UNE DEMIE

Au Portugal, en 2004, il ne faisait pas bon être membre du groupe D. L’Allemagne, finaliste de la dernière Coupe du Monde, était opposée aux Néerlandais et à la République Tchèque. La pauvre Lettonie qui participait à sa première phase finale faisait office, sur papier, de victime consentante comme la Hongrie de 2016. Mais ces derniers prendront 1 point contre une Allemagne moribonde qui prendra la porte dès le premier tour.

Tchèques et Néerlandais nous offrent un duel d’anthologie remporté par les premiers cités. Mais la suite du tournoi ne sera pas aussi emballante pour les deux pays, même si les deux équipes atteindront le dernier carré. Les Bataves subissent la loi de l’hôte portugais alors que la Narodni tymest surprise par la surprenante Grèce qui soulèvera le trophée Henri Delaunay en finale. Portugal et Grèce étaient membres du groupe A avec l’Espagne et la Russie. Un groupe « de la mort » qui ne l’était pas en théorie mais l’aura peut-être été dans les faits.

A Charleroi, en 2000, Alan Sherear marque l'unique but du duel entre Anglais et Allemands. Mais les deux équipes ne passeront pas le premier tour.
A Charleroi, en 2000, Alan Sherear marque l’unique but du duel entre Anglais et Allemands. Mais les deux équipes ne passeront pas le premier tour.© iStock

BASTON ANGLO-ALLEMANDE POUR UNE SORTIE D’ENTRÉE

En 2000, pour la venue des meilleures équipes d’Europe dans nos contrées ainsi que dans celles de nos voisins néerlandais, c’est le groupe A qui fait office de celui de tous les dangers. Les Anglais et les Allemands (tenants du titre) se retrouvent quatre ans après la victoire douloureuse de ces derniers à Wembley en demi-finale. Les Portugais et les Roumains complètent le tableau.

Après une âpre bataille aussi bien au stade du Pays de Charleroi qu’entre supporters dans les rues de la cité du Pays Noir, les Three Lions et la Mannschaft plient bagages d’entrée, victimes de Roumains et surtout de Lusitaniens qui auront su exploiter au mieux la rivalité qui faisait fantasmer les observateurs. La bande à Luis Figo continuera sur sa lancée jusqu’en demi-finale où elle subira de justesse la loi des champions du monde français en route pour le doublé avec le titre européen. La Roumanie verra son parcours s’arrêter dès le tour précédent contre le futur finaliste italien.

Bierhoff propulse l'Allemagne sur le toit de l'Europe en 1996 grâce au premier but en or de l'histoire.
Bierhoff propulse l’Allemagne sur le toit de l’Europe en 1996 grâce au premier but en or de l’histoire.© iStock

BIERHOFF, UN BUT EN OR POUR LE VAINQUEUR DU GROUPE DE LA MORT

C’est finalement en 1996, en Angleterre, que l’on retrouve le dernier survivant d’un groupe de la mort qui aura été au bout du tournoi. Et même deux puisque le finaliste aussi était membre du quatuor de poule. Les Allemands et les Tchèques, puisque c’est de eux qu’il s’agit, se retrouvent versés dans le groupe C en compagnie de l’Italie, finaliste de la Coupe du monde aux Etats-Unis et de la Russie. La Mannschaft bat la Narodni tym assez facilement pour son entrée dans le tournoi (2-0). Mais cette dernière, boostée par sa victoire contre la Squadra Azzurra, va réaliser une suite de tournoi complètement folle, alors que le pays dispute tout simplement son premier tournoi international depuis la dissolution de la Tchécoslovaquie en 1992.

Les Portugais sont les premières victimes des Tchèques en quarts puis ce seront les Français en demis, éliminés aux tirs au but. En finale, ils retrouvent l’Allemagne qui a dû se débarrasser de la Croatie et surtout de l’hôte anglais (éliminé aux tirs au but après un raté de l’actuel sélectionneur Gareth Southgate) pour arriver au stade final.

Mais contrairement à leur premier duel en poule, la finale est beaucoup plus serrée. Patrik Berger ouvre la marque sur pénalty pour la République Tchèque mais Oliver Bierhoff rétablit l’égalité à un quart d’heure de la fin. Les prolongations départageront les deux équipes. Celui qui était réserviste jusque là allait marquer le premier but en or de l’histoire et offrir la Coupe à l’Allemagne.

Cela fait donc un quart de siècle que le groupe de la mort rime avec groupe de l’amer lors des championnats d’Europe. Il faudra désormais attendre 2024 et une compétition disputée… en Allemagne pour voir si la malédiction se perpétue.

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