Bernard Jeunejean

Et pourquoi Roberto Martinez ne tente-t-il pas un duo de pointe Batshuayi-Lukaku?

Retour sur nos trois récentes prestations en Nations League qui, au départ, devait n’être qu’une pseudo-compète, histoire de structurer les matches amicaux: programmation homogène, absence de déséquilibre excessif entre protagonistes… Mais on s’est pris au jeu, tout en se plaignant des folies du calendrier, alors que la Nations League était le premier truc à bazarder dans le contexte du Covid. On a même programmé chaque fois un amical pour préparer la compète amicale!

Belgique-Suisse. Quand j’étais gamin, existaient des amicaux pour la « Belgique B », contre « France B » ou « Pays-Bas B »: tu ne devenais pas Diable rouge pour autant, tu savais seulement qu’on pensait à toi. C’était clair. Maintenant, truffés de réservistes, ces amicaux apéritifs sentent l’inflation, la cap bon marché: faudrait quand même pas dix nouveaux mecs chaque année qui pourront se targuer d’avoir été internationaux! Ceci dit, j’en retiens la gaffe de Sebastiaan Bornauw et les deux buts de Michy Batshuayi. La première n’implique pas la peine capitale, elle n’est pas pire que celle de Thibaut Courtois, notre surhomme plein d’expérience, la semaine suivante. J’ai aimé apprendre que Daniel Van Buyten était le conseiller et fut le consolateur du jeune Colonais. Gabarit oblige, il y a là comme une filiation naturelle sympathique: le Bornauw d’aujourd’hui rappelle énormément le Van Buyten de l’an 2000, qui avait le même âge, il peut rêver comme Daniel rêvait alors…

Et pourquoi Roberto Martinez ne tente-t-il pas un duo de pointe Batshuayi-Lukaku?

Batshuayi a inscrit deux buts « de buteur » magnifiques: crochet du droit et frappe immédiate du gauche, réception de la passe, demi-tour immédiat et demi-volée! Le ratio de buts de Michy est phénoménal et pose deux questions. Comment ses (ex-)coaches expliquent-ils qu’il ne soit pas titulaire dans un club du top? Et pourquoi Roberto Martinez ne tente-t-il pas, durant un match entier pour que l’essai en vaille la peine, un duo de pointe avec Romelu Lukaku?

Belgique-Angleterre, et mon sentiment sur l’évolution de Thomas Meunier, maintenant qu’il est un cadre et plus un postulant: Thomas me plaît moins qu’avant, il me fout parfois la trouille! Je le trouve meilleur comme back d’un quatre défensif, plutôt que comme flanc médian du 3-4-3 de Martinez, où il hésite souvent entre l’envie de jouer haut et le devoir de jouer bas: un peu contraint qu’il serait comme le fut Yannick Carrasco de l’autre côté! Gaffe à la concurrence de Timothy Castagne, qui n’a pas ces états d’âme, défend comme il doit et monte quand il peut.

Belgique-Danemark. Youri Tielemans marque à nouveau et soigne sa cote, mais Kevin De Bruyne semblait bien bougon avant de scorer lui-même! Kev’ râle et le laisse voir, quand Martinez l’aligne au sein du trio offensif plutôt qu’en soutien: parce que le rôle haut est plus difficile pour lui, on n’y a pas tout le temps le jeu devant soi, on brille moins… Quand tous seront là, faudra-t-il choisir entre ces deux zigs? Pour moi, et malgré l’ouverture lumineuse de Youri sur le troisième but, Kevin reste le roi des rois en matière de luminosité! Et Lukaku est le roi des buteurs: il pèse, il garde le ballon de mieux en mieux, il n’arrête pas de péter des goals. Noblesse de déménageur. Seul hic: ses thuriféraires d’aujourd’hui la jouent trop facile en ricanant contre ceux qui, à ses débuts et comme moi, doutaient que Romelu atteigne un jour pareille efficacité: oui, il est plus fort qu’aux alentours de 2012. Non, ce n’était pas forcément prévisible.

Le meilleur gardien du monde s’est planté, mais il est injuste d’embarquer Nacer Chadli dans la gaffe, qui serait à partager sur ce deuxième but danois: à une époque où le gardien doit savoir jouer au pied comme les autres, il n’y avait rien d’illogique à ce que Chadli s’appuie sur un Courtois complètement libre. Quant au premier but danois, l’accent fut trop mis sur l’interception loupée de Leander Dedoncker, précédant la belle passe longue de Christian Eriksen: c’est oublier Jan Vertonghen, qui se la coulait un peu trop douce aux (larges) alentours de Martin Braithwaite. Vertonghen aussi fout un peu la trouille, il n’est plus tout à fait égal à lui-même, ni à Toby Alderweireld, qui semble mieux vieillir.

Rendez-vous en octobre pour le Final Four de la Nations League, qui aurait pu être chouette si elle ne sentait pas le doublon. Car trois petits mois plus tôt, il y aura eu l’EURO, autrement plus prestigieux: si nous y échouons, cette Nations League ne sera que la perspective d’une cerise sans gâteau…

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