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Eliot Matazo, la perle bruxelloise de Philippe Clement à Monaco (Portrait)

Après avoir eu les prometteurs Leandro Trossard et Charles De Ketelaere sous sa direction, Philippe Clement va avoir pour mission de faire grandir un autre grand espoir du football belge à Monaco. On vous présente donc un peu plus, Eliot Matazo, âgé de 19 ans.

Peut-on déjà parler d’un effet Philippe Clement à Monaco ? Cette semaine, le club de la Principauté a annoncé que le jeune Belge Eliot Matazo prolongeait son contrat jusqu’en 2026. Il serait évidemment un peu facile de lier l’arrivée de l’ancien technicien brugeois à cette prolongation de contrat, même si le jeune Bruxellois était titulaire aux côtés de l’une des autres pépites monégasques, Aurélien Tchouaméni, pour la première de Clement dans son nouveau costume de chef d’orchestre de l’ASM.

L’enfant de Bruxelles

Eliot Matazo a vu le jour un lendemain de Saint-Valentin 2002 à Woluwe-Saint-Lambert. Ses deux parents sont Congolais. Le football coule rapidement dans ses veines puisque le bambin rejoint Anderlecht, pourtant situé à l’autre bout de la capitale, alors qu’il n’est âgé que de six ans. A Neerpede, il a évolué au sein de toutes les catégories d’âge et en a été le capitaine presque à chaque fois. La génération 2002 est réputée à Anderlecht puisqu’on y retrouvait aussi un certain Killian Sardella et surtout Jérémy Doku. « Un bon ami d’Eliot », confiera à RMC Sport Mohamed Ouahbi, l’un des entraîneurs du jeune prodige chez les Mauve et Blanc. Il le résume d’ailleurs avec ces quelques mots: « Bon techniquement et dans l’impact, gros volume de jeu, capable de répéter les efforts, à l’aise balle au pied… Il était au-dessus.« 

Le jeune milieu de terrain ne fera cependant pas son trou en équipe première comme Doku, désormais lui aussi en Ligue 1 à Rennes après avoir fait ses premiers pas professionnels à Anderlecht. A seize ans, Eliot Matazo refuse de parapher un nouvel engagement avec le club le plus titré de Belgique et décide d’opter pour un plus grand nom du football européen. Malgré l’intérêt de Manchester United, du Bayern Munich, du Borussia Dortmund, de Manchester City et de la Juventus, le choix du natif de Woluwe-Saint-Lambert se porte sur le moins prestigieux Monaco. « Anderlecht voulait me garder, mais le projet de Monaco m’a convaincu », déclarait le jeune homme à Monaco Tribune. « C’est un club historique qui a lancé de nombreux jeunes et c’est aussi une belle vitrine qui est scrutée par les clubs européens les plus forts. Il n’a jamais été question d’argent comme on a pu le dire dans la presse belge. Le projet m’a juste convaincu et comme à Manchester ou au Bayern, j’avais moins de certitudes quant au temps de jeu, mon choix fut rapide. »

Eliot Matazo aurait pu prolonger son bail à Anderlecht en 2018 mais a été séduit par le projet monégasque.
Eliot Matazo aurait pu prolonger son bail à Anderlecht en 2018 mais a été séduit par le projet monégasque.© iStock

Un bosseur

Son aventure en bordure du Rocher a pourtant très mal commencé. Une blessure à la hanche l’a placé sur la touche pendant huit mois. Mais la grande promesse du football belge s’est battue pour revenir à son meilleur niveau (sa devise n’est d’ailleurs pas pour rien « No pain, no gain ») et deux ans plus tard, elle pouvait s’envoler en stage de préparation avec l’équipe première. Le nouvel entraîneur Niko Kovac a été séduit par les qualités du jeune Belge et lui a donc fait une place parmi les grands. Cette saison-là, il a pu prendre part à 14 matches, principalement des matches de Coupe de France contre des équipes de moindre calibre.

Matazo doit encore patienter avant de devenir un membre régulier du onze de base. La concurrence est là et avec des joueurs de la trempe de Tchouaméni et de Cesc Fabrègas. Il faut donc attendre et saisir les rares opportunités qu’on reçoit et l’ancien produit de Neerpede est finalement arrivé à ses fins. « C’est une personne un peu introvertie, bien élevée et qui a beaucoup de respect pour les joueurs plus âgés et la hiérarchie au sein de l’équipe. Il aime apprendre, travaille beaucoup et veut toujours progresser. A l’entraînement, il est souvent parmi les premiers à arriver. », nous a confié David Bechkoura, son entraîneur des jeunes à Monaco.

Une autre caractéristique marquante de Matazo est sa mentalité. Il pense aussi à son métier de footballeur en dehors du terrain. « Il y a des gens qui prennent des vacances pendant la trêve hivernale, mais Eliot n’est pas comme ça », a déclaré son entraîneur personnel Ronald Kabeya à RMC Sport. « Il reçoit un programme du club et ensuite nous voyons ensemble ce qu’il peut faire de plus. Eliot investit dans son corps. Par exemple, je lui ai montré une fois un appareil permettant une meilleure récupération et le lendemain, il l’avait déjà acheté. »

Comparé à Rio Mavuba

A Monaco, Eliot Matazo est comparé à deux anciens internationaux français. L’un d’eux est Claude Makélélé, en raison de leurs centres de gravité bas et de leurs racines congolaises. Mais le joueur auquel il est le plus souvent comparé est Rio Mavuba, un ancien joueur de Lille et surtout un très bon pote d’Eden Hazard dont il fut un peu le grand frère. Rio est d’ailleurs devenu le nouveau sobriquet de Matazo pour ses coéquipiers. « Certains disent que nos styles sont un peu similaires. Les Français voient quelque chose de lui en moi », a déclaré le jeune Belge dans les colonnes deLa DH.

Mo Ouahbi dresse la liste des points forts de son ancien protégé : « Récupérer le ballon, se projetter vers l’avant et donner la dernière passe, c’est Eliot tout craché ». Un milieu de terrain qui rend la vie difficile à ses adversaires et prépare ensuite les offensives. Il peut donc être aussi comparé à Youri Tielemans, un autre jeune produit de l’équipe Mauve. « J’aime beaucoup cette comparaison », affirme d’ailleurs Matazo à La DH. « Je l’ai souvent vu jouer à Monaco. Maintenant, je suis toujours sa carrière. Il est l’un de mes exemples. »Sauf peut-être pour le parcours monégasque du désormais joueur de Leicester dont le passage sur le Rocher n’a pas laissé un souvenir impérissable malgré un transfert ayant coûté 25 millions d’euros.

Matazo :
Matazo : « Je pense que la comparaison avec Tielemans est bonne. Il est une source d’inspiration pour moi.  » Il faudra que ce soit plus pour son parcours chez les Diables rouges qu’à Monaco.© iStock

Bientôt chez les Diables rouges ?

La patience de Matazo a en tout cas porté ses fruits. Depuis l’été dernier, il est devenu un titulaire plus régulier à Monaco. Il a participé à 11 matches de Ligue 1 cette saison sur les 18 possibles, ce qui est déjà mieux que la saison précédente. Il n’est cependant pas encore parvenu à marquer ou à donner des passes décisives.

Grâce à ses bonnes prestations, il a également tapé dans l’oeil de Jacky Matthijssen, le sélectionneur des U21. « Il est rare que je sois aussi épaté par un joueur que je vois pour la première fois. Il m’a immédiatement impressionné par sa technique, son engagement, sa vista, … », a déclaré Matthijssen après les débuts du jeune monégasque dans son équipe en septembre de l’année dernière. Eliot Matazo a ensuite été titularisé lors des deux rencontres suivantes. On peut donc déjà se demander si une convocation pour les Diables Rouges sera la prochaine étape de sa carrière ? « C’est logique que l’on parle de moi maintenant que je joue beaucoup de matchs« , admet le Bruxellois à Eleven Sports. « L’équipe nationale est un rêve, mais elle devient de plus en plus un objectif, même si je n’y travaille pas vraiment tous les jours. Cela viendra forcément si je continue d’être performant avec Monaco. Je ne ressens aucune pression sur mes épaules, mais je suis naturellement heureux d’être sous les feux de la rampe. C’est toujours agréable. »

Matazo sait donc ce qu’il lui reste à faire avec désormais un compatriote pour le guider. Mais surtout un entraîneur qui a déjà mené quelques autres grandes promesses chez les Diables Rouges. Eliot Matazo suivra-t-il les traces de Charles De Ketelaere et consorts ? L’avenir nous le dira.

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