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Croatie-Serbie : « le football, pas la guerre »

La Croatie et la Serbie se retrouvent ce vendredi à Zagreb en match de qualifications au Mondial 2014, une rencontre à haut risque, la première depuis le conflit serbo-croate (1991-95), qui sera accompagnée de strictes mesures de sécurité, les deux pays voisins étant sur la sellette en raison de violences dans leurs stades.

Ce match des anciennes républiques yougoslaves anime depuis des semaines les passions à Zagreb et à Belgrade, dont les relations complexes ont connu le chaud et le froid depuis la fin du conflit, qui a éclaté après la proclamation de l’indépendance croate. Après une amélioration graduelle ces dernières années, elles se sont dégradées depuis l’élection en mai 2012 du nationaliste Tomislav Nikolic, au poste de président de la Serbie. Le match sera suivi de près par les instances internationales du football qui ont, par le biais de l’UEFA, mis en garde la Croatie et la Serbie, les appelant à lutter contre le hooliganisme sous menace d’exclusion des compétitions internationales. Les autorités croates ont annoncé de strictes mesures de sécurité à Zagreb et un contrôle renforcé aux frontières du pays pour prévenir tout incident.

« Ce sera une de mes rencontres les plus difficiles en raison des grandes tensions créées par les médias et de la pression qui n’a jamais été aussi grande », a noté Darijo Srna, capitaine croate. Les deux fédérations ont, en conséquence, eu à coeur de calmer le jeu en multipliant, ces dernières semaines, les interventions appelant à ne pas s’éloigner du cadre sportif.

Punies à plusieurs occasions par l’UEFA en raison du comportement raciste ou de la violence des supporters, la Croatie et la Serbie ont convenu de ne pas organiser de déplacement pour les fans afin d’éviter des échauffourées. La police croate sera particulièrement sur ses gardes pour prévenir les possibles venues de hooligans serbes mais aussi d’éventuels débordements émanant notamment des ultras du champion croate Dinamo Zagreb, les Bad Blue Boys (BBB).

Fair-play Pour la Serbie le match revêtira, sur le plan sportif, une importance cruciale dans la course de qualification à la Coupe du monde. En cas d’échec à Zagreb, la jeune équipe du sélectionneur Sinisa Mihajlovic, 3e du groupe, reléguée à six points de la Belgique et de la Croatie verrait quasiment s’évaporer ses chances de se rendre au Brésil.

« C’est le football et pas la guerre qui nous attend à Zagreb. Nous n’avons pas peur, mais du respect car il s’agit d’une excellente équipe », a déclaré Mihajlovic, ancienne vedette de la série A italienne née à Borovo Selo, dans l’est de la Croatie. Il a également « fermement insisté auprès de ses joueurs sur le fair-play », en soulignant que tout joueur qui serait puni d’un carton rouge ne jouerait plus jamais pour l’équipe nationale tant qu’il en est sélectionneur.

« Les joueurs ne peuvent pas changer le passé, mais nous pouvons influencer l’esprit sportif et l’ambiance dans le stade », a indiqué le défenseur international serbe, Aleksandar Kolarov.

Pour l’analyste sportif croate Robert Matteoni, ce match « va au-delà du sport » car il s’agira d’un derby entre les deux nations phares du football régional. « La complexe histoire des relations entre les deux nations, alourdie bien évidemment par le conflit, explique l’importance accordée à ce match où il est primordial de battre l’adversaire », a-t-il estimé.

Du spectacle

Le sélectionneur de la Croatie, Igor Stimac, s’attend lui à un « spectacle » lors de ce match. « Je m’attends à un spectacle sportif au stade de Maksimir », a-t-il déclaré. « La Croatie est la meilleure équipe des deux, nous en sommes conscients, mais cela ne veut pas dire grand chose. En 90 minutes tout est possible. Je ne ressens pas de tension parmi mes joueurs, nous savons qu’il s’agit d’un match important (…) mais pour nous c’est un match de football, c’est comme cela que nous allons l’aborder, et que la meilleure équipe gagne », a ajouté Stimac.

En 1991, la proclamation de l’indépendance de la Croatie de l’ex-Yougoslavie, a été suivie d’une guerre, au lourd bilan de 20.000 morts.

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