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Bayern Munich : en fraudant le fisc, Uli Hoeness fragilise-t-il son club ?

A la veille de la demi-finale de Ligue des Champions Bayern-Barcelone, la presse allemande multiplie les révélations sur la fraude fiscale présumée du président du club munichois Uli Hoeness, qui aurait dissimulé quelque 10 millions d’euros en Suisse.

Le président du Bayern Munich, Uli Hoeness fait l’objet d’une enquête pour fraude fiscale après avoir admis détenir un compte caché en Suisse : il aurait dissimulé plus de 10 millions d’euros au fisc allemand.

L’hebdomadaire Focus a révélé samedi que Hoeness, 61 ans, avait avoué l’existence de ce compte en janvier et que le parquet de Munich avait diligenté une enquête pour vérifier que la confession du dirigeant bavarois était « exacte et complète ».

L’ancien footballeur et les autorités allemandes ont refusé de divulguer le montant des sommes en jeu, mais selon Bild, qui ne cite pas ses sources, Hoeness, célèbre pour ses prises de position tranchées et ses formules à l’emporte-pièce, aurait déjà payé près de six millions d’euros en arriérés d’impôts.

Le responsable du syndicat des contribuables allemands, Thomas Eigenthaler, estime, en se basant sur ce montant, que le président du Bayern Munich, qui possède une prospère société de production de saucisses, a sans doute exfiltré au moins 10 millions d’euros de revenus en Suisse.

Le Süddeutsche Zeitung à paraître ce lundi affirme qu’Hoeness dispose d’un compte à Zurich depuis plus de dix ans, sur lequel plusieurs millions d’euros ont été déposés légalement. Hoeness aurait en revanche omis de payer les impôts sur les intérêts que cette somme lui a rapportés.

Le responsable sportif a refusé de s’exprimer sur l’affaire. « Vous pouvez imaginer que j’aurais beaucoup à dire, mais je dois d’abord remplir mes obligations envers les autorités », a-t-il écrit au journal.

Hoeness souhaitait régulariser sa situation dans le cadre d’un accord de double imposition négocié l’année dernière entre la Suisse et l’Allemagne pour lutter contre la fraude fiscale, qui lui aurait permis d’être blanchi en s’acquittant d’une seule pénalité, mais l’opposition sociale-démocrate (SPD) a torpillé cette mesure.

Peer Steinbrück, chef de file du SPD et rival de la chancelière Angela Merkel pour les législatives de l’automne, en a profité pour dénoncer ceux qui, comme Hoeness, espèrent s’en tirer « anonymement et être amnistiés a posteriori ». « Il mérite d’être traité comme le prévoit un État de droit (…) Il ne doit pas y avoir de prime à la célébrité », a estimé M. Steinbrück à la télévision régionale WDR.

Une affaire qui tombe mal

Cette affaire tombe mal pour le patron du Bayern : son équipe, déjà sacrée en Bundesliga, affronte mardi le FC Barcelone en demi-finale aller de la Ligue des Champions, et il s’est fait l’avocat zélé du « fair-play » financier prôné par l’UEFA et Michel Platini pour pénaliser les clubs qui construisent leur succès sur des montagnes de dettes, notamment espagnols et anglais.

Uli Hoeness a assuré au journal sportif Sport Bild plus qu’il sera dans les tribunes mardi soir et qu’il ne quittera pas son mandat de chef du conseil de surveillance de la holding Bayern Munich AG qui chapeaute le club omnisports. Également président de l’association sportive Bayern Munich, liée au club professionnel de football, il n’a pas exprimé ses intentions vis-à-vis de ce mandat.

La presse s’en donne à coeur joie, rappelant qu’il a souvent clamé haut et fort son intégrité et son honnêteté. « Je sais bien que c’est idiot, mais je paie mes impôts au prix fort », avait-il par exemple déclaré à Bild en 2005. Plus récemment, dans une célèbre émission de débat à la télévision publique allemande, il avait raillé le leader de la gauche radicale allemande, Oskar Lafontaine, « qui habite dans son petit château de la Sarre alors que moi j’habite dans un logement social en comparaison ». Ledit « logement social » est en fait une immense villa traditionnelle bavaroise au bord du lac Tegern, où vivent nombre de millionnaires, dont la valeur est estimée à 5,2 millions d’euros.

« Personne ne peut contredire qu’Hoeness a fait beaucoup, beaucoup de bien avec ses millions. Quiconque se retrouvait en difficulté pouvait se tourner vers lui, le défend le journal conservateur Die Welt. Mais ses propres exigences élevées lui retombent dessus ».

« Uli Hoeness reste un grand manager de club de football, mais il n’est plus, et avec effet immédiat, l’autorité morale du football allemand », renchérit le journal le plus lu d’Allemagne, Bild.

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