Un seul titre continental, équipementier inconnu et noms ronflants: que faut-il savoir sur Al-Nassr, le nouveau club de Cristiano Ronaldo ?

La rumeur s’était répandue comme une traînée de poudre au coeur du Mondial. Après son divorce avec Manchester United, Cristiano Ronaldo allait poursuivre sa carrière en Arabie Saoudite. Des sessions d’entraînement avec le Real Madrid ont laissé penser à une dernière danse au sein d’un cador européen. Mais c’est dans une piscine de pétrodollars à Al-Nassr que s’écrira le dernier chapitre de la carrière de la star portugaise. Portrait de sa nouvelle maison.

La chute d’une icône peut être parfois rapide. Lors de la dernière décennie, une grande partie des passionnés de football devaient choisir leur camp entre Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, comme ceux de tennis devaient parfois le faire avec Roger Federer et Rafael Nadal. 2022 aurait dû proposer l’une des dernières grandes batailles entre la star lusitanienne et son rival argentin de toujours. Il n’en aura rien été. Alors que La Pulga atteignait le Graal, CR7 vivait douze mois de disgrâce entre divorce avec Manchester United, relégation sur le banc de la sélection portugaise pendant le Mondial et performances en chute libre malgré un début d’année où il avait encore démontré ses talents de finisseur.

A l’heure d’écrire le dernier chapitre de son impressionnante carrière, le Portugais avait le choix entre une dernière danse dans une formation capable de briller sur sa scène préférée, la Ligue des Champions, ou une retraite dorée noyée dans une piscine de pétrodollars. Il a finalement choisi la seconde et a déçu beaucoup de ses partisans, même si d’autres comprenaient finalement ce choix pour un joueur de 37 ans dont les heures de gloire se trouvent désormais dans le rétroviseur.

Déjà convoité cet été par l’Arabie Saoudite (il était question de lui à Al Hilal), c’est au sein de la deuxième équipe la plus titrée du pays, Al Nassr, que Cristiano Ronaldo tentera d’améliorer ses statistiques personnelles. Le Portugais offre aussi à l’Asie un transfert historique en termes d’impact, quelques semaines après une Coupe du monde disputée dans l’état voisin du Qatar.

Deuxième club le plus titré d’Arabie Saoudite

Après le vert et blanc, le rouge, le blanc, les rayures blanches et noires, c’est désormais de jaune (en référence aux dunes) accompagné de lignes bleues (référence à la mer d’Arabie) que va s’habiller la star lusitanienne. Généralement habitué aux clubs numéros un dans leurs pays, c’est au sein de la deuxième formation saoudienne que Ronaldo va exercer ses talents de finisseur. Et ceux-ci seront plus que nécessaires pour mettre fin à l’hégémonie d’Al-Hilal, vainqueur de cinq des six derniers titres nationaux.

Voici trois saisons, Al-Nassr s’était paré des lauriers, les neuvièmes de son histoire après avoir été le premier lauréat du championnat saoudien en 1975. Il avait aussi remporté le titre de champion d’Arabie Saoudite en 2014 et 2015. Dans l’histoire, Al-Hilal a remporté deux fois plus de Saudi Pro League (18) que la nouvelle formation de Ronaldo (9). Cette dernière s’est hissée en deuxième position grâce à son dernier titre, qui lui a permis de passer Al-Ittihad. Le quatrième club le plus titré du pays est Al-Shabab, qui avait remporté l’un de ses six sacres en 2012 sous la direction d’un certain Michel Preud’homme.

Sur la scène continentale, Cristiano Ronaldo disputera l’AFC Champions League qui n’a évidemment pas le même éclat que sa version européenne. Al-Nassr n’a pas non plus le riche palmarès du Real Madrid hors de son pays. Le club n’a ainsi jamais soulevé la plus convoitées des Coupes sur le sol asiatique et n’a disputé qu’une seule finale, en 1995. Ce serait un sacré défi que relèverait le natif de Madère s’il offrait l’AFC Champions League à Al-Nassr au cours de son séjour qui doit s’achever en 2025. Mais ce ne sera pas pour cette année puisque le club n’avait pas su se qualifier pour le tour final de la compétition.

La saison prochaine du coup ? Al-Nassr l’espère, lui qui occupe pour l’heure la tête de la Saudi League. Mais l’écart entre le premier et le cinquième, Al-Hilal, n’est que de cinq unités et le duo Al-Shabab et Al-Ittihad compte une rencontre de moins. Il restera encore entre 19 et 20 rencontres pour connaître le nom du nouveau roi d’Arabie Saoudite.

Duneus, l’équipementier saoudien

On est bien loin du faste des maillots Nike ou Adidas, équipementiers de ses années à Manchester United ou au Real Madrid. Le fournisseur des tricots d’Al-Nassr a même intrigué beaucoup de monde puisque personne ne le connaissait. Il s’agit de la marque Duneus, récemment apparue sur le marché et qui se présente comme une équipe composée « damoureux du sport et de la performance ».

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Après quatre ans, Victory, la marque créée par Al-Nassr, a cédé le relais à Duneus qui va donc s’offrir une visibilité inestimée grâce à l’arrivée de CR7. L’équipe marketing de l’entreprise saoudienne aura du pain sur la planche afin d’exploiter ce coup de pouce du destin qui lui permettra de développper sa marque à l’international. Pour l’heure, Al-Nassr est la seule équipe sportive habillée par Duneus.

Garcia, Abubakar, Talisca et Ospina, les quelques noms ronflants de l’effectif

A Al-Nassr, Cristiano Ronaldo retrouvera dans le rectangle vert et sur le banc quelques têtes connus du football international. C’est sous la direction de Rudi Garcia qu’Eden Hazard s’était affirmé à Lille en devenant la star qui allait aider les Nordistes à s’offrir, en 2011, un doublé inédit Ligue 1 et Coupe de France. Après cela, il avait relancé l’AS Roma de Francesco Totti en lui permettant de s’offrir deux titres de vice-champion d’Italie en 2014 et 2015. Il avait d’ailleurs eu Radja Nainggolan sous sa direction à l’époque. Après cela, il était retourné dans l’Hexagone où il avait pris en charge les deux Olympiques. A Marseille, il avait atteint la finale de l’Europa League en 2018 et seulement celle de la Coupe de la Ligue avec Lyon. Deux passages contrastrés, surtout dans le Rhône, avant un exode lucratif dans la péninsule arabique. Il est en charge d’Al-Nassr depuis le mois de juillet dernier.

Entre les perches, on retrouve l’international colombien David Ospina qui a rejoint l’Arabie Saoudite cet été. Il a quitté Naples, où il évoluait depuis quatre ans, après des passages à Arsenal et à l’OGC Nice. Il compte aussi 127 sélections avec les Cafeteros. En défense, l’Espagnol Alvaro Gonzalez est arrivé à Marseille alors que Garcia quittait la Canebière. Il a aussi défendu les couleurs de Villarreal et de l’Espanyol en Espagne. Il est l’un des tauliers de l’arrière garde des jaune et bleu.

Le contraire du Brésilien Luiz Gustavo. Agé de 35 ans, il avait déjà évolué sous les ordres de son coach actuel entre 2017 et 2019, à l’OM. International auriverde à 41 reprises, il a remporté la Coupe des Confédérations en 2013 et faisait partie du onze de la Seleçao qui a vécu un véritable calvaire sur ses terres, contre l’Allemagne, en demi-finale du Mondial 2014. En club, il a aussi remporté la Ligue des Champions, en 2013, sous les couleurs du Bayern Munich. Révélé à Hoffenheim avant que le petit club ne s’installe en Bundesliga, Gustavo poursuivra sa carrière en Allemagne après son épisode à Munich puisqu’il défendra aussi les couleurs de Wolfsburg. Il y remportera une Coupe d’Allemagne. Avant de rejoindre l’Arabie Saoudite, il avait évolué pendant trois ans à Fenerbahçe, en Turquie.

Gonzalo Martinez avait offert la Copa Libertadores à River Plate en 2018. (Photo by Simon Holmes/Getty Images)

Talisca n’a que 28 ans mais une carrière qui n’aura pas atteint les sommets annoncés. Formé à Bahia, il se révèle à Benfica mais fait rapidement des choix financiers. D’abord Besiktas, en prêt, puis Guangzhou Evergrande, en Chine, qui signe un chèque de 20 millions à Benfica avant d’être contraint de le revendre pour deux fois moins cher, à cause de la crise financière du promoteur immobilier sponsorisant son club. Talisca dispute sa deuxième saison à Al-Nassr et est actuellement le meilleur artificier de la Saudi League avec 9 réalisations.

A peine plus âgé, il y a Gonzalo Pity Martinez. Ce petit meneur de jeu argentin, formé à Huracan, a connu son heure de gloire à River Plate sous la conduite de Marcelo Gallardo. Il marque notamment le but décisif à Madrid qui permet au Millonario de remporter la Copa Libertadores, la C1 d’Amérique du Sud. Courtisé par l’Europe, il rentabilisera son titre de meilleur joueur sud-américain de l’année 2018 en rejoignant une colonie argentine à Atlanta United, en Major Soccer League. Celle-ci était dirigée par Gerardo Tata Martino, le sélectionneur mexicain lors du dernier Mondial et qui avait dirigé brièvement le FC Barcelone (entre 2013 et 2014). C’est en 2020, qu’il est revendu pour 18 millions de dollars au club de Riyad.

Enfin, Vincent Aboubakar est le dernier nom ronflant de l’équipe. Le Camerounais s’est illustré lors du dernier Mondial en signant deux buts: une superbe louche contre la Serbie et une réalisation historique contre le Brésil. Révélé à Valenciennes puis à Lorient, le fantasque et parfois prétentieux buteur va ensuite s’affirmer à Porto en marquant 58 buts en 125 apparitions. Après cela, c’est en Turquie, à Besiktas qu’il va se mettre le public en poche en plantant de nombreuses roses. Il a rejoint le club de Riyad l’été passé et devra désormais composer avec un joueur qui est encore plus une star que lui.

Vincent Aboubakar, buteur lors de la victoire du Cameroun contre le Brésil au Mondial. (Photo by Michael Regan – FIFA/FIFA via Getty Images)

Pas le premier Ballon d’or du club

On le sait, les stars du football qui s’offrent une pré-retraite dorée dans une contrée exotique ne sont pas rares. S’il a remporté le Ballon d’or à cinq reprises, Cristiano Ronaldo n’est pas le premier joueur récompensé de cette distinction individuelle à poser ses valises dans l’un des clubs de Riyad. Ballon d’or 1994, le Bulgare Hristo Stoichkov avait enfilé le maillot jaune et bleu d’Al-Nassr en 1998. Le meilleur buteur de l’édition 1994 de la Coupe du monde n’y sera pas resté bien longtemps puisqu’il n’aura disputé que deux duels et marqué une seule réalisation. Mais ce but vaut son pesant d’or puisqu’il est synonyme de victoire finale en Coupe d’Asie des Vainqueurs de Coupe. Cela reste le seul titre continental d’Al-Nassr en plus de la Supercoupe d’Asie la même année. Si Ronaldo veut au moins faire aussi bien, il sait ce qui lui reste à faire…

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Car pour battre le record du nombre de buts inscrits pour le compte des Jaune et Bleu, ce sera une autre paire de manches. Majed Abdullah à défendu les couleurs d’Al-Nassr pendant plus de 20 ans (de 1977 à 1998). Il secoué les filets adverses à 189 reprises en 194 sorties pour le club de Riyad. Abdullah faisait d’ailleurs partie de la sélection saoudienne qui avait défié la Belgique lors de la Coupe du monde aux Etats-Unis. Buteur à 72 reprises en 140 sélections, il était même capitaine des siens contre les Diables rouges en 1994. Il ne s’offrira cependant pas les joies d’une réalisation sur la plus grande scène du monde et restera même sur le banc lors du 1/8e de finale historique perdu contre la Suède.

Un autre talent fantasque de dimension internationale avait aussi enfilé la vareuse d’Al-Nassr. Denilson a disputé 15 joutes officielles et marqué sept fois lors de l’exercice 2006-07. Le milieu offensif gaucher aux 61 apparitions pour le compte de la Seleçao n’y a rien remporté, mais aura sans doute brisé quelques reins avec ses dribbles dévastateurs.

D’autres stars en attente ?

L’attention dont a bénéficié le Qatar avec l’organisation de la Coupe du monde a forcément suscité des jalousies chez le grand pays voisin. L’Arabie Saoudite veut frapper un grand coup et s’offrir l’organisation du Mondial 2030. Ronaldo pourrait donc devenir l’un des porte-paroles du pays pour mener à bien cette ambition, même s’il n’est pas sûr que la compétition revienne aussi vite dans la région.

L’arrivée du Portugais sert pour l’instant surtout les desseins d’Al-Nassr qui entend bien devenir la nouvelle référence d’Arabie Saoudite. Le club, co-détenu par la royauté saoudienne, serait assez proche de Newcastle, racheté en 2021 par un fonds d’investissement dirigé par le prince héritier saoudien Bin Salman. Sans être « frères », comme certains clubs regroupés dans des galaxies (exemple: le Standard avec les équipes détenuse par 777 partners), les formations anglaise et saoudienne pourraient éventuellement accorder leurs violons pour un prêt de Ronaldo en Premier League, si d’aventure les Geordies décrochaient un billet pour la Ligue des Champions la saison prochaine. C’est du moins ce qu’avance Marca en faisant référence à une clause « secrète » qui figurerait dans le contrat de la star portugaise.

Il se dit aussi que d’autres grands noms du football mondial, eux aussi au crépuscule de leur carrière, pourraient poser leurs valises à Riyad dans les prochaines semaines ou les prochains mois. Sergio Ramos, de retour à un bon niveau au PSG, pourrait retrouver son ancien partenaire du Real Madrid, si l’on en croit Marca. Le défenseur espagnol soufflera ses 37 bougies cette années.

Sergio Ramos et Cristiano Ronaldo, bientôt réunis en Arabie Saoudite ? (Photo by Lukas Schulze – UEFA/UEFA via Getty Images)

L’autre grand quotidien sportif de la péninsule ibérique, Mundo Deportivo, pense que Sergio Busquets pourrait aussi rejoindre l’équipe entraînée par Rudi Garcia. On le sait, le jeune retraité de la Roja, devrait quitter le FC Barcelone l’été prochain, puisqu’il arrive à la fin de son contrat (même s’il est aussi question d’une prolongation). La MLS, et l’Inter Miami de David Beckham en particulier, semblaient être les mieux placés pour l’accueillir. A moins que les Saoudiens ne parviennent finalement à rafler la mise.

Un transfert réussi sur le plan marketing

Le Mrsool Park devrait être complètement rempli pour la présentation de Ronaldo ce mardi. On annonce déjà 30 000 supporters alors que l’enceinte, tout récemment rénovée, ne compte que 25000 sièges. Sur les réseaux sociaux, l’on peut déjà constater un engouement autour de ce nouveau défi. L’annonce de la venue du Portugais a été retweetée plus de 200 000 fois et a été likée à plus de 364 500 reprises. Sur Instagram, plus de 30 millions de personnes ont aimé le post officialisant l’arrivée de CR7. Les comptes officiels du club saoudien ont vu leur nombre d’abonnés grimper en flèche. Ils sont ainsi passés de 90 000 abonnés à plus de 585 000 depuis vendredi. Le compte officiel du club en arabe, lui, totalise à présent 3,6 millions de followers. Sur Instagram, Al-Nassr est passé de 800 000 à 6,4 millions d’abonnés.

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Sur Facebook, ils sont plus de 2 millions d’abonnés à la page officielle d’Al-Nassr. Dans les boutiques du club, l’effet Ronaldo se fait déjà sentir. Le média local Al Watan assure qu’en une heure, tous les maillots ont été vendus, au prix de 459 riyals saoudiens, soit environ 115 euros. Les divers points de vente tentent de répondre comme ils peuvent aux demandes de leur clientèle. Les dirigeants d’Al-Nassr cherchent aussi à vendre le maillot du numéro 7 portugais par le biais de points de vente électroniques agrées. On ne sait pas encore évaluer les retombées de ce transfert, mais elles s’annoncent déjà énormes.

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