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Allardyce part sur un scandale, après seulement un match

A peine arrivé, déjà parti: Sam Allardyce, après 67 jours en poste et un seul match entraîné, a quitté son poste de sélectionneur de l’Angleterre, après avoir été piégé par le Daily Telegraph en train de révéler comment contourner les règles sur certains transferts, contre rétribution.

« Big Sam » (« Grand Sam »), rebaptisé « Big Shame » (« Grosse Honte ») sur Twitter et repart donc un peu plus de deux mois après sa nomination et un seul match, remporté, contre la Slovaquie (1-0) début septembre. L’ancien défenseur international anglais Gareth Southgate, 46 ans, coach des Espoirs, a été nommé en remplacement pour les quatre prochains matches de l’Angleterre. Le temps pour la fédération anglaise (FA) de chercher un autre sélectionneur.

Les « Trois Lions » affronteront Malte en éliminatoires du Mondial-2018 dans onze jours (le 8 octobre).

Allardyce, 61 ans, avait mis la FA dans un embarras monumental et sa situation n’était plus tenable. Dimanche soir, puis lundi, le Daily Telegraph a révélé, vidéo à l’appui, des propos très dérangeants de « Big Sam ». Allardyce y explique à ceux qu’il croit être un groupe représentant les intérêts d’investisseurs asiatiques comment il est possible de « contourner » les règles de la FA notamment en matière de tierce propriété (TPO).

Or la pratique, qui consiste pour un club à céder les droits économiques d’un joueur à un fonds privé en échange d’un futur partage du montant du transfert, est interdite en Angleterre depuis 2008. Sauf que, les faux investisseurs sont en réalité des journalistes enquêtant sur la corruption dans le football anglais.

Conseils pour 400.000 livres

Pire pour Allardyce, il accepte de se rendre à Singapour et à Hong Kong afin de monnayer ses conseils pour une somme de 400.000 livres sterling (environ 461.000 euros).

Au cours de cette discussion, l’ancien entraîneur de Bolton et Newcastle s’est également moqué de son prédécesseur Roy Hodgson, qui a quitté son poste après la piteuse élimination contre l’Islande à l’Euro, le jugeant « trop indécis » dans sa gestion de la compétition.

Il a aussi égratigné sa fédération, avec qui il a signé un contrat de deux ans, qui a « dépensé 870 millions de livres (environ un milliard d’euros) de manière stupide » pour reconstruire le stade de Wembley, ainsi que son président, le Prince William, qui n’a pas assisté la semaine dernière à un événement à Londres concernant l’Euro-2020.

Allardyce « reconnaît qu’il a commis des erreurs significatives de jugements et s’est excusé », a exposé la FA dans un communiqué mardi soir, ajoutant qu’il a mis à fin à son contrat « par consentement mutuel » avec sa fédération…

Son départ était indispensable pour préserver l’intégrité de la Fédération, a ajouté un peu plus tard Martin Glenn, le directeur général de l’instance sur le site de la FA. « La Fédération ne doit pas simplement s’occuper de l’équipe nationale. Nous devons aussi être là pour défendre les comportements justes pour tout ce qui concerne le jeu. Nous sommes les gardiens de ce jeu, nous fixons les règles ».

Risée sur Twitter

Le scandale avait immédiatement suscité de vives réactions en Angleterre. A commencer par la branche britannique de l’association anti-corruption Transparency International. Celle-ci réclamait en « une enquête indépendante » pour maintenir un football « propre » en Angleterre.

« Pendant ces enquêtes, les organisations suspendent leurs employés contre lesquels les preuves sont crédibles », avait insisté l’ONG, qui demande que cette affaire soit suivie par le Serious Fraud Office, le bureau du Procureur général chargé des cas de fraudes complexes et de corruption.

Allardyce était rapidement devenu la risée sur les réseaux sociaux. « Allardyce est en ce moment à Saint George Park (centre d’entraînement de l’équipe d’Angleterre, NDLR) en train de remplir des sacs de saucisses et de bacon avant de partir », avait écrit un Tweetos.

« Si Allardyce est viré, ce qu’il laissera comme héritage, c’est d’être le seul sélectionneur de l’Angleterre avec 100% de victoire », remarquait un autre, perfide.

Enfin, le dessinateur du Telegraph, Matt, croquait deux joueurs des « Three Lions » en train de parler après avoir encaissé un but: « Le sélectionneur fait honte au football anglais. C’est normalement le boulot des joueurs. »

En juin, les Anglais avaient été éliminés par la modeste Islande en huitièmes de finale de l’Euro. La crise n’est pas encore terminée…

Huit managers actuels et passés ont imité Allardyce

Sam Allardyce, contraint de quitter son poste de sélectionneur de l’Angleterre mardi après avoir été piégé par le Daily Telegraph, n’est pas le seul manager de Premier League à connaître la pratique du contournement des règles en matière de transferts contre rétribution.

Sam Allardyce
Sam Allardyce© AFP

Selon le quotidien britannique, huit managers, actuels ou passés, ont eu recours à cette pratique de céder les droits économiques d’un joueur à un fonds privé en échange d’un futur partage du montant du transfert. Mais cette pratique est interdite en Angleterre depuis 2008.

Outre les huit managers de Premier League, le quotidien, qui n’a dévoilé aucun nom, a indiqué que deux entraîneurs de deuxième division font également partie des dirigeants ayant enfreint les règles de la FA.

Parmi les trois agents de foot filmé par le Telegraph, un Italien, Giuseppe Pagliara, a ainsi expliqué qu’il avait ouvert des comptes dans une banque suisse pour des managers et travaillé avec des intermédiaires pour couvrir des paiements illégaux.

Les journalistes ont rencontré Pagliara lors d’un déjeuner dans un restaurant de Manchester, selon le journal. Selon l’Italien, un manager ayant travaillé en Premier League utilisait un code pour savoir s’il allait recevoir de l’argent: « Y-a-t-il un petit café pour moi, Pino? »

Un autre agent, Scott McGarvey, ancien joueur de Manchester United, a affirmé avoir donné 30.000 livres à un associé pour s’assurer le transfert d’un joueur en expliquant qu’il allait arranger les paiements par l’intermédiaire d’un compte à Monaco.

Pagliara a nié avoir fait des paiements aux managers, tout comme un porte-parole qui a rejeté toute action illégale de l’agent.

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